La Grèce, premier cochon dégraissé (Attac France)

mardi 27 avril 2010.
 

Sous le poids de ses déficits, la Grèce vient de solliciter l’activation du mécanisme d’aide du Fonds monétaire international et de l’Union européenne. En échange, des conditions drastiques devraient lui être imposées : le gouvernement grec a déjà augmenté les taxes sur la consommation, repoussé de deux ans l’âge de la retraite, baissé les salaires des fonctionnaires, arrêté de remplacer ceux qui partent à la retraite,... mais un plan de rigueur encore bien plus important s’annonce qui empêchera ainsi, en période de récession, toute possibilité de relance publique de l’économie nationale. Ceci d’autant plus que le taux d’intérêt des prêts octroyés sera de 5%, c’est-à-dire bien plus que le taux de croissance potentiel de la Grèce. Ce qui ne peut qu’engendrer un creusement de ses déficits et de sa dette.

La crise grecque est la première grande démonstration, face à la crise économique, de l’échec de l’Union européenne et de la zone euro. Elle découle de l’incapacité pour les pays européens d’accéder à des prêts de la Banque centrale européenne, les condamnant à emprunter à des taux exorbitants sur les marchés financiers. Elle provient de l’absence de politique européenne de coopération, budgétaire, fiscale et sociale, qui permette à l’Union de se porter garante de la dette d’un État membre, d’enclencher un vrai plan de relance publique (à commencer dans les pays les plus vulnérables), d’harmoniser les conditions sociales et fiscales et de faire converger progressivement les modèles économiques nationaux. C’est pourtant la seule solution pour sortir de l’impasse de la zone euro et pour réduire les déséquilibres entre des pays comme l’Allemagne, avec une faible demande intérieure et d’énorme excédents d’exportations, et les fameux /pigs/ (ou cochons, c’est-à-dire la Grèce et les soi-disants mauvais élèves de la zone euro), qui absorbent ces excédents grâce à une forte consommation interne.

Demain, l’Espagne, puis le Portugal, la Grèce, l’Irlande voire la France, devraient se retrouver dans la même situation que la Grèce. Mais les perdants ne sont pas que les Grecs aujourd’hui ou les Irlandais demain : c’est l’ensemble des citoyens européens, qui paient au prix fort la crise économique. C’est aussi l’Union européenne, qui fait entrer dans la danse le FMI et acte ainsi la soumission de son économie à une institution largement contrôlée par les Etats-Unis et l’industrie financière. Les gagnants sont, eux, du côté de cette industrie financière : responsable de la crise économique, puis sauvée par les contribuables sans réelles conditions, c’est elle qui à présent impose ses règles aux gouvernements européens et en profite en spéculant sur leur faillite.

Nous devons changer le modèle européen aujourd’hui en échec, et construire une Europe solidaire, sociale et écologique.

Attac France,

Le 23 avril 2010


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