Dans la bataille des retraites, Sarkozy s’inspire de Thatcher. En réprimant violemment une grève des mineurs de plusieurs mois, depuis des interventions policières contre les piquets de grève jusqu’à la saisie des biens du syndicat, le premier ministre britannique avait mérité son surnom de « Dame de Fer » et pu gouverner durablement face à une gauche démoralisée puis déboussolée par l’avènement du blairisme.
Sarkozy aussi joue le pourrissement et la répression : refus de discuter, trucage des chiffres, provocations policières... Plus le mouvement ira haut, plus dure sera la chute, se rassure-t-il sans doute. Surtout que les mécontents chauffés à blanc n’auront personne vers qui se tourner. Aubry vient de redire que le PS ne défendait la retraite à 60 ans que pour ceux ayant commencé à travailler tôt et fait des métiers pénibles. Au moment où l’argument central des lycéens mobilisés est qu’ils commenceront à travailler tard, cette ligne s’oppose plus que jamais aux revendications du mouvement.
Mais le parallèle avec Thatcher ne marche guère. D’abord la grève de 1984-85 était sans doute minoritaire chez les mineurs au point qu’elle n’avait pas été soumise au vote prévu par la loi. Elle était restée politiquement minoritaire face à la vague néo-libérale. Elle était socialement isolée. C’est tout l’inverse de ce que nous connaissons actuellement. Le mouvement contre la réforme des retraites se généralise. Dans les têtes, c’est le néo-libéralisme de Sarkozy qui bat de l’aile. Gorgée d’argent, sûre de son impunité, l’oligarchie qui dirige le pays a fini par vendre la mèche. Sa domination dévoilée est devenue insupportable et les baratins démographiques ne parviennent plus à masquer l’essentiel : le partage des richesses.
Autre différence, ici les sociaux-libéraux n’ont pas gagné la partie. Certes Strauss-Kahn est mis en avant par les sondages, et le gouvernement se plait à polémiquer avec le PS plutôt qu’avec ceux qui portent une vraie alternative. Mais l’autre gauche est là à un niveau considérable. La gauche britannique n’avait pas l’intention de rouvrir les mines fermées ni d’enrayer la désindustrialisation. Si la loi devait passer nous rétablirons nous la retraite à 60 ans. Ce n’est pas difficile dès lors quand on sait qui doit payer. En s’entêtant le gouvernement prend le risque d’en convaincre le grand nombre.
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