Les patrons, gagnants de l’épargne salariale

jeudi 7 juillet 2011.
 

Véritable aubaine pour les entreprises, l’épargne salariale encourage une rémunération 
variable plus risquée pour les salariés qui ne voient plus leurs salaires augmenter.

L’épargne salariale confirme sa croissance et renoue avec son plus haut niveau de 2007 avec près de 90 milliards d’euros d’actifs en 2010, a révélé, courant juin, l’Association française de la gestion financière (AFG). Derrière l’assurance-vie (1 365 milliards d’encours) ou le livret A (200 milliards), ce système d’épargne, qui associe un cadre collectif défini au niveau de l’entreprise et l’initiative individuelle du salarié, a des atouts pour plaire. Les sommes versées sur les plans d’épargne d’entreprise sont exonérées d’impôts sur le revenu, de même que les plus-values réalisées. Mais les versements des salariés représentent moins d’un tiers des 13,3 milliards d’euros déposés sur ces comptes en 2010. Ce sont les entreprises qui, au titre de la participation (redistribution d’une partie des bénéfices), de l’intéressement (facultatif en fonction des résultats de l’entreprise) et de l’abondement (versement complémentaire de l’entreprise au salarié), qui alimentent les plans épargne. Exonérée de cotisations sociales patronales, l’épargne salariale constitue une forme de rémunération avantageuse. Ainsi, lorsque l’entreprise verse 1 000 euros sous forme d’abondement au salarié, elle lui coûte seulement 1 060 euros contre 1 480 pour une prime classique. Et cette rémunération complémentaire peut s’élever à plus de 8 000 euros par an, selon l’AFG. Pas étonnant que 243 000 entreprises, notamment des petites et moyennes entreprises (PME), aient adopté ce système en 2010. Surtout que l’épargne salariale représente aussi une source d’autofinancement avec la moitié des encours investis en actions d’entreprises.

Ce mode de rémunération qui concerne 12,2 millions de porteurs en 2010, soit 75 % des salariés, se généralise, mais ne touche pas tous les salariés de la même manière. La prime qui s’élevait en moyenne à 2 227 euros en 2008, selon la Dares, se concentre principalement sur les grandes entreprises et sur quelques secteurs, notamment celui de la finance. Les disparités sont aussi très marquées au sein de l’entreprise avec des cadres qui perçoivent plus souvent des primes et pour des montants plus élevés.

Le comité intersyndicale de l’épargne salariale, créé en 2002, qui veille à une répartition plus égalitaire entre les salariés, alerte sur le risque de substitution de l’épargne salariale à des hausses de salaires. La part variable de la rémunération n’a effectivement cessé d’augmenter depuis vingt ans pour représenter 17 % de la masse salariale en 2010. Une rémunération précaire qui a la particularité de se contracter en temps de crise.

Ronan Kerneur


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