François Hollande sera-t-il le Papandréou français ?

jeudi 3 novembre 2011.
 

Je ne reviens pas ici sur la primaire socialiste et j’avais déjà eu l’occasion de m’exprimer ici sur le premier tour. Hollande a donc été désigné par la majorité des 2,7 millions de personnes qui ont participé ; depuis, comme à mon habitude, je cherche à discuter avec le plus grand nombre de citoyens, notamment dans ma commune, de toute conditions.

D’abord, je peux vous assurer que je ne sens aucune « hollandomania », aucun élan particulier. Chez beaucoup il y a comme un enregistrement que ce sera le candidat socialiste et que pour chasser Sarkozy il faudra peut-être voter pour lui.

Ensuite, l’argument du vote utile au premier tour est quasiment absent de toutes les conversations, alors qu’il y a un an ce n’était pas le cas. Cela s’explique certainement par le fait que le candidat socialiste étant haut dans les sondages c’est sarko qui semble menacé d’être doublé et que le problème ne se pose donc pas de permettre la qualification de la gauche au second tour.

Enfin – et cela me paraît beaucoup plus important- le sentiment que la situation économique est grave et qu’elle ne va qu’empirer est très largement partagé. Cela entraîne une interrogation sur la capacité de Hollande et des socialistes de répondre au défi de la situation. Cette question va prendre de l’ampleur devant une crise dont chacun sent bien qu’elle ne peut qu’empirer. Que faut-il faire contre la crise ? Comment va faire la gauche ? Peut-on empêcher que notre situation se dégrade encore plus avec le chômage en hausse et le pouvoir d’achat en berne ? Ces interrogations traversent le pays.

A un des nombreux débats auquel je participe un étudiant a demandé : « Hollande sera-t-il le Papandréou français ? ». Cela résume très bien le problème. Ceci dit il y a déjà une différence entre les deux : Papandréou a fait sa campagne électorale sur un programme très à gauche qu’il a bafoué immédiatement élu ; alors que François Hollande commence peu à peu à nous annoncer la couleur, notamment à travers son représentant es qualité à la direction du PS, Michel Sapin.

On commence à nous expliquer que le programme du PS est déjà obsolète parce que trop coûteux et que la priorité doit être donnée à la réduction des déficits et que c’est seulement après qu’on pourra commencer à faire quelque chose. Déjà que le programme du PS est d’une telle modestie que les 110 propositions de Mitterrand apparaissent à côté pour un manifeste révolutionnaire, qu’on se demande ce qui va rester après le coup de rabot de Hollande. S’il croit pouvoir endormir le peuple de gauche avec son « rêve français », il risque bien de devoir se réveiller avec le cauchemar de la crise européenne généralisée.

L’agence Moody’s en plaçant sous surveillance la France a envoyé au nom des marchés financiers un double message : d’une part un message au gouvernement et aux parlementaires au moment où s’entame la politique budgétaire pour que la France approfondisse encore sa politique d’austérité ; manifestement, Sarkozy a bien reçu le message et s’apprête à nous annoncer la potion amère jeudi prochain. Il va placer sa campagne sous le thème du « courage », des « efforts nécessaires » et de la confiance dans le capitaine en pleine tempête. Bon comme cela ne risque pas de suffire à le sauver car tous les observateurs mesurent l’ampleur du rejet qu’il provoque, les puissances financières se doivent aussi s’assurer de l’approbation du camp adverse. L’agence Moody’s veut donc placer la campagne électorale sous surveillance et menacer les français d’une dégradation de la note de la France ….pour qu’ils votent bien !

Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche ont eu raison de faire leur opération « andouillettes » dans les locaux de Moody’s pour affirmer le refus de ce diktat. Bref, je suis convaincu qu’il y a place pour une formidable campagne d’opinion pour éclairer les électeurs français sur la crise en cours et les moyens d’y remédier. La politisation de la société commence 7 mois avant l’élection, ce qui est exceptionnel, et l’attention des citoyens grandit sur le fond.

Samedi dernier après midi, le Front de gauche du Gard (qui, lui, a commencé sa campagne unitaire depuis un mois) m’avait invité à participer à un débat sur la crise et la dette en liaison avec le programme du FdG « L’humain d’abord ! », et ce dans la commune de Cendras au nord d’Alès ; j’ai été frappé par l’ampleur de l’assistance avec plus de 150 personnes (plus que lors de la réunion publique que j’avais tenu dans le même lieu pour les régionales et tous voyaient des têtes nouvelles par rapport à leurs réunions publiques habituelles). J’invite mes amis à organiser partout ce type de réunions débat car il y a une vraie attente sur le fond. Le débat a été passionnant à Cendras à la fois pour décrypter la crise et la dette et aussi pour voir les solutions qu’on pourrait mettre en œuvre et qu’il faut défendre à chaque étape de l’approfondissement de la crise tout au long de ces mois qui nous séparent du scrutin.

Cette note de René Revol aborde d’autres questions sous le titre :

Un mot sur la Tunisie, deux sur Hollande et trois pour savoir si on doit avoir peur de la dette !

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