CE GOUVERNEMENT DOIT S’EN ALLER

samedi 8 avril 2006.
 

Le gouvernement ne gouverne plus. Pourquoi reste- t- il ? Le ministre de l’intérieur chef du parti majoritaire dirige la sortie de crise. Pourquoi lui ? François Hollande sourit. Où est l’opposition républicaine ?

Il fait beau et le jardin du Luxembourg sous ma fenêtre au Sénat ne désemplit pas. J’y vois comme un de ces calmes qui entoure les grandes tempêtes de l’histoire dans ce pays. La cinquième République agonise dans une atmosphère d’irréalité presque comique. C’est jeudi, le jour des hebdos, c’est-à-dire celui des journaux qui ont le temps de réfléchir sur l’essentiel. C’est pourquoi quatre d’entre eux sont centrés sur Ségolène Royal. Plus impliqués dans la réalité, les quotidiens commentent beaucoup une phrase à triple sens du premier ministre. Monsieur De Villepin dit qu’il ne laissera à personne d’autres le soin de tirer toutes les leçons de la situation. Bigre. Partira ? Partira pas ? On pourrait plutôt se demander ce qu’il fait encore là. Mais la question ne sera pas posée par l’opposition.

Vertueusement drapés dans un habit para syndical François Hollande et son Henri Emmanuelli jurent que la crise est sociale et non pas politique. Ils ne demandent la démission de personne. Ils proposent une loi d’abrogation du seul CPE. Au passage l’apprentissage à quatorze ans est oublié comme un détail. N’empêche ce serait cela la réponse correspondant à la situation politique et à l’incroyable crise de régime qui s’étale sous les yeux de tous ? Oui, c’est tout. Que cela soit plutôt la partition légitime des syndicats et qu’on attende d’un parti politique qu’il fasse de la politique ne troublent pas les deux stratèges socialistes. Ainsi, après avoir été sauvé des conséquences du non au référendum par l’embarras de ses colocataires du « oui socialiste », le président Chirac peut dorénavant compter durer encore grâce aux mêmes qui ne lui demandent aucun compte sur rien.Cette confusion des genres aggrave le caractère délétère de la crise politique. Qui gouverne ? Qui s’oppose ? Le ministre de l’intérieur vient de faire un hold up sur la situation et de s’emparer du pouvoir pour le compte de son parti. Y a-t-il symptôme plus évident de la vacance du gouvernement ? Si le ministre de l’intérieur est capable de négocier et de régler la crise au nom de la majorité parlementaire pourquoi n’est-il pas celui qui gouverne ? Quelle est la légitimité des présidents de groupes parlementaires de droite à négocier ? En quoi sont -ils mieux placés après l’avoir voté et défendu contre vents et marées que celui qui l’a proposé ? Si le pouvoir n’est plus au gouvernement, pourquoi les chefs politiques de la droite et pas une commission de l’Assemblée nationale ? Quelle est la nature du régime qui rend possible une telle substitution des pouvoirs ? Ce n’est pas le problème du principal parti d’opposition. Lui passe son temps à expliquer qu’il ne demande la démission de personne. Pour un peu il demanderait que les mêmes restent. C’est à peu près ce qui se dit : rien avant 2007.

L’opinion attendra en vain qu’on lui explique alors pourquoi le gouvernement était illégitime à vouloir cette loi si de toute façon personne ne peut vouloir le renverser d’ici là. Pourquoi n’est ce pas Républicain cher François de demander la chute d’un gouvernement qui a mis le pays dans une telle impasse et dont a l’évidence les principaux membres sont en compétition les uns avec les autres et avec le chef de l’état ? En quoi est ce républicain de penser que tout gouvernement dispose d’un blanc seing et d’une assurance vie aussi longtemps que le monarque le veut, quand bien même plus personne ne supporte ses décisions et que lui-même recommande de ne pas obéir a la loi qu’il a voulu ? Je ne suis pas d’accord avec cette vision de ce qu’est l’esprit républicain. Le coeur de cet esprit c’est plutôt le principe de responsabilité politique. Le gouvernement de monsieur de Villepin doit s’en aller puisqu’il a provoqué une crise qu’il est incapable de régler par ses propres moyens. C’est comme ça que se font les choses dans tous les pays démocratiques. Le Parti Socialiste ne doit pas régler sa conduite d’après son propre calendrier intérieur de désignation de ses candidats mais d’après l’intérêt général du pays. C’est cela une opposition républicaine. Cet intérêt général commande le départ du gouvernement Villepin pour qu’un gouvernement qui gouverne et qui soit en état d’assumer ses décisions soit assis à la table des négociations avec les syndicats... Il me semble que le départ du gouvernement est un préalable politique (et non syndical) a un retour vers la légitimité républicaine du pouvoir.


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