Le saviez-vous ? C’est à l’Europe que nous devons la ceinture de sécurité ! Voici l’une des dernières trouvailles de cette presse qui se donne beaucoup de mal pour faire la « pédagogie » de l’Union européenne et convaincre les foules incrédules de se rendre le 25 mai aux urnes en processions transies. A tous ces journalistes en recherche de sujets éclairants sur l’Union européenne, on conseillera plutôt de se pencher sur le grand marché transatlantique. Voilà un raccourci saisissant et ô combien « pédagogique » de la prise de pouvoir des transnationales qui s’opère dans l’opacité des institutions européennes ! En plus ce traité est une puissante raison d’aller voter dont il serait dommage de se priver à l’heure où l’on annonce l’abstention majoritaire. C’est en effet le Parlement européen, aussi dépourvu soit-il de pouvoir, qui aura à le ratifier. Remarquez que normalement les Etats membres devraient aussi en débattre. Mais rien n’est assuré depuis que le commissaire au commerce Karel de Gucht, un homme d’une grande distinction puisqu’il déclara que la légalisation du poulet à la javel ne l’empêcherait pas de préférer consommer des volailles de Bresse, a saisi la cour de justice européenne pour priver les Etats du droit de le ratifier. Sûrement dans un souci démocratique !
Il serait d’autant plus utile de braquer les projecteurs sur le GMT que celui-ci aura plus d’influence sur nos vies que de savoir qui de Juncker ou Schulz présidera la Commission européenne. Car dans ces deux hypothèses, l’heureux coopté présiderait une commission accueillant en son sein des membres coalisés de la droite et des sociaux-démocrates européens. Ceux-ci auraient pour mission d’appliquer les traités, ce corset serré comme jamais contre la volonté populaire. Inclus le grand marché transatlantique avec ses accords commerciaux au rabais et ses tribunaux d’arbitrage où s’applique un droit qui n’est issu d’aucune délibération collective ! Bref vouloir faire les européennes sur Schulz plutôt que sur le poulet à la javel n’est en rien un service rendu au débat public et à la motivation des électeurs. C’est juste un moyen de fuir sa responsabilité, Schulz n’étant nulle part candidat dans notre pays, à la différence des hiérarques socialistes qui cette fois ne se bousculent pas sur les plateaux télévisés pour exposer leurs mérites.
Nous ne boudons donc pas notre plaisir de voir que nous avons réussi à percer le mur du silence médiatique qui entourait le grand marché transatlantique. Il aura fallu plus de cinq ans pour y parvenir ! Le GMT était en effet un de nos thèmes des européennes de 2008. Nous en avons fait une brochure, un livre, des tracts, des vidéos et des centaines de réunions publiques… Mais l’omerta avait des relais puissants : les transnationales qui participent aux négociations du GMT tandis que les représentants du peuple n’ont même pas accès au texte du mandat de la Commission. Le couvercle était donc fermement tenu. L’avoir soulevé n’en est que plus méritoire. Le fumet qui se dégage maintenant soulève maintenant bien des estomacs. Il se trouve même des responsables de droite qui s’étranglent publiquement. Les partisans du traité constituent une base sociale très étroite. Au passage, le grand marché nous en apprend plus sur l’Europe que bien des baratins électoraux. Le GMT et l’UE c’est la même chose : une construction vouée aux affaires, insensible à tout ce qui fait le sel de l’existence. Le 25 mai sera donc aussi un choix de civilisation.
François Delapierre Secrétaire national du Parti de Gauche
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