Le PS reformate l’élection présidentielle

vendredi 6 novembre 2015.
 

Le PS a choisi de serrer la bride médiatique encore un peu plus. Les députés PS ont déposé deux propositions de lois sur les conditions matérielles de la prochaine élection présidentielle. L’une de leurs propositions vise à réduire la période d’égalité de temps de parole dans les médias audiovisuels entre les candidats à l’élection présidentielle. Oui, réduire la période d’égalité de temps de parole. Le PS propose ainsi d’appliquer le principe de « l’équité » pendant la période dite « intermédiaire ». C’est-à-dire la période des trois semaines qui séparent la publication de la liste officielle des candidats au début de la campagne officielle dans les médias. En 2012, cette période s’étalait du 20 mars au 8 avril. C’est-à-dire qu’elle couvre plus de la moitié du dernier mois de campagne ! Jusqu’à présent, dans cette période, les médias devaient assurer l’égalité du temps de parole entre candidats. Ils pouvaient déjà se contenter de « l’équité » du temps d’antenne, c’est-à-dire du temps consacré aux commentaires, éditos et reportages sur la campagne sans que les candidats ne s’expriment directement.

Le PS propose donc d’étendre « l’équité » et de réduire l’égalité entre candidats. L’extension de « l’équité », c’est l’extension de la période où les médias peuvent inviter qui ils veulent, sans aucun contrôle, en s’appuyant sur des sondages tous plus bidons les uns que les autres pour justifier l’élimination médiatique de tel ou tel candidat C’est-à-dire en fait l’extension de la période où les médias libres et pluralistes sont libres de réduire le pluralisme à madame Le Pen, monsieur Sarkozy et monsieur Hollande.

Pour changer la loi, le PS prend prétexte de la « complication » pour les médias de l’existence de deux règles différentes. Soit. Mais alors pourquoi ne pas étendre au temps d’antenne l’exigence d’égalité déjà applicable au temps de parole des candidats ? Le but de la manœuvre du PS est bien là : supprimer trois semaines d’égalité de temps de parole entre candidats un mois avant l’élection. Ne resteraient alors que les 15 derniers jours de campagne où les candidats seraient à égalité. L’idée du PS est donc que les médias puissent continuer plus longtemps à choisir eux-mêmes les candidats « importants » alors même qu’à ce moment de la campagne, tous les candidats ont obtenu le droit de se présenter en recueillant les 500 parrainages d’élus. Il s’agit pour la caste de dresser un barbelé supplémentaire autour de ses intérêts et de la bande des trois qui les défend.

Le député PS Jean-Jacques Urvoas avoue cette soif de censure d’ailleurs très clairement. Il invente des prétextes fallacieux pour justifier son texte. Selon lui, « le nombre important de candidats – 12 en 2007, 10 en 2012 – rend difficile l’application d’une stricte égalité, dissuadant certaines chaînes d’organiser des débats et conduisant in fine à une réduction du temps médiatique consacré à la campagne présidentielle ». Mais dans ce cas, poussons le raisonnement au bout. Si les médias sont incapables d’organiser des débats avec plusieurs candidats, pourquoi ne pas réduire directement le débat à deux candidats ? On économiserait ainsi le premier tour en faisant directement le deuxième. Ou même pourquoi ne pas se limiter à un seul candidat ? Ce serait tellement plus simple à organiser pour les médias, non ?

Des rédactions sans imagination, des bureaucrates impatients d’expédier les formalités démocratiques avant d’en revenir à la « seule politique possible », voilà de qui dépend notre « démocratie ». D’un côté c’est à pleurer de l’autre c’est un pas de plus vers le moment où, après celles des DRH, ce sont leurs chemises qui fourniront de la charpie. Car il va de soi qu’un tel système n’a pas d’avenir sinon une déchéance d’autant plus brutale que ses gardiens se seront eux-mêmes saoulés de sentiment d’impunité qui les rendra ivres de puissance et totalement aveuglés sur ce qui leur pend au nez…


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