![]() |
Prenant le relais des contestations de la constitutionnalisation de l’état d’urgence par la quasi-totalité des syndicats et des associations des droits de l’Homme dont nous avons rendu compte, la Rue a exprimé sa voix publique.
Des milliers de gens qui pensent et qui n’ont pas peur étaient dans la rue le 30 janvier
Les citoyens de bonne constitution en état de mobilisation
Source L’Humanité du 01/02/2016 http://www.humanite.fr/les-citoyens...
Des manifestations se sont tenues dans tout l’Hexagone ce samedi, pour appeler les parlementaires à sortir de l’état d’urgence au plus vite. Par-dessus tout, la question de la déchéance de nationalité reste en travers de la gorge des personnes mobilisées. Après trois mois en état d’urgence, la France a besoin d’en sortir. C’est ce mot d’ordre qui a fait défiler samedi, dans plus de 70 villes du pays, plusieurs milliers de citoyens à l’appel des collectifs Nous ne céderons pas et Stop l’état d’urgence, regroupant des dizaines d’associations et de syndicats (Ligue des droits de l’homme, CGT, RESF, FSU, Syndicat de la magistrature, etc.). Le gouvernement a d’ores et déjà annoncé sa volonté de prolonger la durée des mesures d’exception pour trois mois au-delà du 26 février (date jusqu’à laquelle court la première prolongation de l’état d’urgence).
Le Conseil d’État a d’ailleurs rejeté mercredi le référé de la LDH demandant sa suspension. Mais les citoyens et organisations qui ont pris la rue réclament sa levée sans délai et refusent par-dessus tout son inscription dans la Constitution, tout comme les mesures de déchéance de nationalité, avec lesquelles le premier ministre a phagocyté le débat public depuis plusieurs semaines.
« Nous refusons une société du contrôle généralisé » Plusieurs centaines de citoyens se sont donc retrouvés à Toulouse (1 800 personnes), Bordeaux (3 000 personnes), Lyon (un millier de manifestants), Strasbourg… « Il est nécessaire et possible que l’État protège les habitants face au terrorisme, sans remettre en cause les droits et les libertés.
Nous refusons une société du contrôle généralisé, une société qui glisse de la présomption d’innocence au présumé potentiellement coupable », expliquent dans un tract les organisateurs de la journée d’action, demandant l’arrêt immédiat « de la répression et de la stigmatisation des manifestants, militants des mouvements sociaux, des migrants, des musulmans ou supposés l’être, des quartiers populaires ».
À Paris, 20 000 citoyens, selon les organisateurs, auront bravé la mauvaise météo. En début d’après-midi, rendez-vous était fixé place de la République au pied de la statue transformée en mémorial en hommage aux victimes des attentats. Là où tout a commencé. Là aussi où, au moment de la tenue de la COP21, une manifestation avait dégénéré sous la pression policière. Ce samedi, les forces de l’ordre sont présentes mais discrètes. Un état d’urgence à géométrie variable qui pourrait en soi démontrer son inutilité.
« On a le sentiment que le gouvernement nous fait changer de régime », estime Jean-Baptiste Eyraud, président de l’association Droit au logement. Il craint que la constitutionnalisation soit « utilisée pour bâillonner les mouvements sociaux » et, plus largement, qu’elle « remette en cause des libertés fondamentales ». Dans le carré de tête, le militant associatif côtoie le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, le sénateur communiste Pierre Laurent ou encore le député écologiste Noël Mamère, l’un des rares à avoir voté dès le 19 novembre contre la première prolongation de trois mois de l’état d’urgence.
« Non seulement le terrorisme ne justifie pas l’état d’urgence, mais c’est l’inverse. C’est précisément parce qu’il y a des terroristes que la réplique doit être une démocratie plus vivante que jamais », estime pour sa part l’ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012, Jean-Luc Mélenchon.
« L’urgence est sociale et climatique ! À bas Hollande et toute sa clique ! » reprennent en chœur les manifestants. À d’autres endroits du cortège, d’autres slogans rappellent que, pour beaucoup de Français, l’urgence c’est le logement. Les mots d’ordre varient mais se retrouvent autour d’une idée : l’état d’urgence décrété par l’exécutif relève surtout de l’enfumage sécuritaire, détournant l’attention des « vrais problèmes ». Damien, manifestant sans carte qui suit le cortège de la CGT, évoque même un « coup d’État en douceur. C’est l’administration qui prend le dessus sur la démocratie ». Mais c’est bien la déchéance de nationalité qui concentre le plus de mécontentements. « Je suis française en sursis », estime Leïla, pas terroriste pour un sou mais binationale franco-marocaine, qui n’arrive pas à s’expliquer comment « un gouvernement qui se dit de gauche a pu mettre ainsi en avant pendant des semaines une mesure qui n’a pas d’autre qualification possible que raciste ».
Jusqu’au vote au Parlement, la mobilisation va continuer, ont d’ores et déjà averti les collectifs, qui annoncent un week-end d’action pour les 6 et 7 février.
Fin de l’article de l’Humanité
Voir quelques photographies de la manifestation sur le site du PG en cliquant ici
Annexe : Liens Debonrivage
– État d’urgence : bilans et perspectives suscitent des débats contradictoires dans les assemblées et dans la société civile. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...
– Les enjeux de la justice d’exception dans les contextes de crise. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...
– Vers un "tout connecté" au service du contrôle social total ? http://www.gauchemip.org/spip.php?a...
– Notre droit de raisonner, cette lumière qui est en nous http://www.gauchemip.org/spip.php?a...
– La conscience politique : clé de l’émancipation des peuples http://www.gauchemip.org/spip.php?a...
Refusons la déchéance de nationalité et la constitutionnalisation de l’état d’urgence
En réaction à l’horreur des attentats qui ont frappé notre société tout entière, l’état d’urgence a été décrété par le gouvernement, puis prolongé pour une durée de trois mois. Un projet de loi constitutionnelle prévoit l’inscription, dans la Constitution, non seulement de l’état d’urgence mais aussi de la déchéance de la nationalité pour les binationaux auteurs de « crimes constituant une atteinte grave à la vie de la nation ».
Sortons de l’état d’urgence
L’état d’urgence conduit à des décisions arbitraires, des dérives autoritaires. Depuis novembre 2015, plus de trois mille perquisitions sont intervenues. Tout comme les assignations à résidence, elles ont donné lieu à de nombreux dérapages, à un accroissement des discriminations à l’égard de populations déjà stigmatisées en raison de leur origine et/ou leur religion supposée ou réelle. Toutes ces mesures, dont l’efficacité n’est pas démontrée, mettent à mal la séparation des pouvoirs : l’exécutif s’accapare le pouvoir législatif et relègue le pouvoir judiciaire hors de son rôle de gardien des libertés.
Inscrire l’état d’urgence dans la Constitution, c’est graver dans le marbre ce régime d’exception qui permet l’action des forces de sécurité sans contrôle du juge. C’est habituer les citoyen-ne-s à un état d’exception. Avec les moyens ainsi mis en place, il faut s’inquiéter des pouvoirs sans contrôle donnés à ceux qui peuvent arriver aux manettes de l’Etat…
Inscrire le retrait de la nationalité française aux binationaux condamnés pour crimes terroristes, c’est porter atteinte au principe même d’égalité des citoyens, inscrit à l’article 2 de la Constitution, fondement de la République. C’est instituer, dans la loi fondamentale de notre pays, deux catégories de Français, ceux qui le seraient et ceux qui le seraient moins, au motif que leurs parents ou grands-parents ne l’étaient pas. C’est, de fait, remettre en cause le principe d’une nationalité française ancrée dans le droit du sol.
C’est aussi mettre dans la Constitution une mesure dont personne ne croit à l’efficacité en termes de lutte contre le terrorisme, mais réclamée depuis longtemps par le Front national.
C’est banaliser la logique du rejet de l’autre. C’est s’exposer à ce que d’autres majorités politiques élargissent le champ des actes conduisant à la déchéance de nationalité.
N’acceptons pas la gouvernance de la peur : exigeons la sortie de l’état d’urgence !
Nous affirmons qu’il est nécessaire et possible que l’Etat protège les habitants face au terrorisme, sans remettre en cause les droits et les libertés. Nous refusons une société du contrôle généralisé, une société qui glisse de la présomption d’innocence au présumé potentiellement coupable. Ne donnons pas satisfaction aux terroristes qui cherchent justement à nous faire renoncer à notre vie démocratique.
L’état d’urgence contribue au renforcement des préjugés racistes, aux amalgames et aux pratiques discriminatoires.
Notre pays a été blessé, mais loin d’en soigner les plaies, l’état d’urgence risque de les exacerber en appauvrissant notre démocratie, en délégitimant notre liberté. C’est pourquoi, nous demandons la levée de l’état d’urgence et l’abandon de cette réforme constitutionnelle.
Nous appelons tous les habitants de notre pays à développer la citoyenneté et à agir pour construire une société solidaire.
Manifestation le samedi 30 janvier
partout en France et à Paris, à 14h30, place de la République
A l’appel de AC ! Agir ensemble contre le chômage !, AC ! Trégor, Act Up-Paris, AFD International, Agir pour le changement démocratique en Algérie (Acda), Alofa Tuvalu, Alternatiba, Altertour, ANV Cop21, Apel-Egalité, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association Avocats pour la défense des droits des détenus, Association démocratique des Tunisiens en France (ADTF), Association femmes solidaires comité Saint-Denis, Association France Palestine solidarité (AFPS), Association générale des étudiants de Paris Sorbonne, Association des Marocains en France (AMF), Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine (Aurdip), Attac, Cadac, CADTM France, Cedetim, Centre islamique Philippe Grenier (CIPG), Cercle Condorcet de Paris, CGT Police Paris, CISPM/Maroc, Clamart-Citoyenne, Collectif des 39, Collectif des associations citoyennes, Collectif D’ailleurs nous sommes d’ici Tours 37, Collectif BDS Saint-Etienne, Collectif CGT Insertion-Probation (UGFF-CGT), Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), Collectif de défense des libertés fondamentales de l’agglomération rouennaise (CDLF), Collectif féministes pour l’égalité, Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP), Collectif Mémorial 98, Collectif national des Faucheurs volontaires, Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Collectif Ouiouioui, Collectif de soutien aux sans-papiers du Trégor-Goëlo, Collectif Stop le contrôle au faciès, Comité pour le développement et le patrimoine (CDP), Comité pour le Respect des Libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Commission islam et laïcité, Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), Confédération générale du travail (CGT), Confédération nationale du logement (CNL), Confédération paysanne, Conseil des migrants subsahariens au Maroc, Coordination de l’action non-violente de l’Arche (Canva), Coordination nationale Pas sans nous, Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), Droit au logement (Dal), Droit solidarité, Emancipation Tendance intersyndicale, Emmaüs France, Emmaüs international, Espace franco-algérien, Espace Marx, Euromed Feminist Initiative IFE-EFI, Farapej, Fédération des associations des travailleurs et des jeunes (DIDF-France), Fédération des CIRCs, Fédération française des motards (FFMC), Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), Fédération nationale de la Libre pensée, Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR), Femmes égalité, Filles et fils de la République (FFR), Fondation Copernic, Fondation sciences citoyennes, Halte OPGM07, Ipam, Jinov International, Justice et libertés Strasbourg , La Cimade, Le Genepi, Le Gisti, Le Mouvement de la paix, Les Amis de la terre France, Les Amoureux au ban public, Liberpensula Frakcio de Sat, Ligue des droits de l’Homme (LDH), Ligue de l’Enseignement, Maison des potes, Mamans toutes égales (MTE), Marche des femmes pour la dignité (Mafed), Minga-agir ensemble pour une économie équitable, Mouvement pour une alternative non-violente (Man), Mouvement pour l’économie solidaire (Mes), Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Mouvement pour l’économie solidaire, Négajoule !, Observatoire international des prisons (OIP) – section française, Osez le féminisme !, Participation et spiritualité musulmanes, Peuple et culture Ile-de-France, Planning familial, Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), Powerfoule, Réseau d’alerte et d’intervention pour les droits de l’Homme (RaidH), Réseaux citoyens Saint-Etienne, Réseau éducation sans frontières (RESF), Réseau Immigra