Un éclairage sur la politique économique de Nouvelle Gauche Socialiste (NGS)

vendredi 15 avril 2016.
 

Pour mieux appréhender les conceptions économiques de Nouvelle Gauche Socialiste, il nous a semblé intéressant d’examiner deux questions centrales en économie : la politique dite de l’offre et la politique dite de la demande. Ces deux questions s’articulent avec celle de l’écologie et avec celle du partage des richesses.

"Nouvelle Gauche socialiste (NGS) est un mouvement politique lancé en juin 2015 par l’économiste et ancien eurodéputé Liêm Hoang-Ngoc, qui démissionne du Parti socialiste pour former ce nouveau mouvement en espérant former une coalition avec « les déçus du PS et d’ouvrir immédiatement le dialogue avec le Front de gauche, le mouvement écologiste et la gauche radicale, tous ceux qui se battent aujourd’hui contre la politique libérale appliquée par le gouvernement »"

Plus de détails en lisant la suitesur Wikipédia

Adresse du site : http://ngs.ouvaton.org

Premier article

Pour un changement de cap économique et social (NGS)

Source : site de la Nouvelle Gauche Socialiste (NGS) http://sd-6.archive-host.com/membre...

Les politiques de demande ne se réduisent pas à des mesures de redistribution vers les ménages à revenus moyens et modestes. Elles sont aussi soucieuses, de mettre la finance au service de l Europe’investissement, et en particulier des investissements socialement et écologiquement utiles.

La situation économique actuelle où sévit le chômage et menace la déflation requiert plus que jamais le déploiement des politiques de demande. Or celles -­ci sont abondamment caricaturées par les tenants de la pensée unique, qui les réduisent à une relance par la consommation dans un seul pays, réputée impossible dans un monde moderne mondialisé.

Leurs objections, martelées sur toutesles ondes, peuvent une nouvelle fois être récitées les yeux fermés : « l’augmentation des dépenses publiques et sociales est contrainte par une dette insoutenable. Elle n’est pas crédible aux yeux des marchés qui ne manqueraient pas de spéculer contre la dette française, provoquant une envolée des taux d’intérêt. Cette politique est incompatible avec les textes européens. L’augmentation des salaires pèse sur le coût du travail et menace la compétitivité française. Au total, la relance ne profiterait pas à nos entreprises, mais à leurs concurrents, plus compétitifs. »

Ces objections sont réfutables une par une, comme le montrent les propos qui suivent.

Ces derniers ont pour vocation de définir les objectifs et les moyens d’un programme socialiste, favorable à la reprise économique et traitant en profondeur la question sociale et environnementale.

Le keynésianisme vert représente une alternative à l’approche dominante de l’écologie défendue par les libéraux,lorsqu’ils sont soucieux de l’environnement, ce qui nécessite notamment d’éviter de fermer des gares et des lignes de chemin de fer pour les remplacer par des transports en autocar, comme le prévoit la loi Macron.

L’approche libérale de l’écologie est une approche punitive.

Elle considère en effet que les marchés sont efficients et qu’il suffit de s’attaquer à leurs externalités négatives, telles que la pollution, en taxant les responsables. Elle passe notamment par la mise en œuvre d’un marché de droits à polluer, dont le défaut est que les droits à polluer sont manipulables par les grands groupes qui, de surcroît, ne se privent pas d’en répercuter les coûts sur le consommateur. Elle passe aussi par des « incitations fiscales » et autres écotaxes « propre », du projet social-­écologique qui ont pour inconvénient d’écarter les plus démunis (dans l’impossibilitéde consommer et d’investir « propre »), du projet social-­‐écologique.

Deuxième article

Modifier le partage des richesses (NGS)

Source : site de la NGS http://sd-6.archive-host.com/membre...

On pourra consulter les graphiques sur le site– source lui-même.

Le théorème de Schmidt est faux

Pour justifier le virage que la social-­démocratie allemande s’apprêtait dès 1979 à amorcer, le chancelier Helmut Schmidt énonçait un théorème resté célèbre : « Les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après– demain. »

Trente-­cinq ans plus tard, Valls récitait, lors du Conseil National du 14 juin 2014 la même formule à quelques mots près : « Sans compétitivité, pas d’investissements et pas de créations d’emplois. (...) Réduire les charges , ce n’est pas faire des cadeaux aux chefs d’entreprises qui luttent pour leur survie. »

Le succès du CICE et du pacte de responsabilité dépend assurément de la validité de cet énoncé. Malheureusement, le théorème Schmidt est faux.

L’un des phénomènes marquants du capitalisme financier qui s’est installé en France est que la hausse tendancielle du taux de marge qui le caractérise s’accompagne d’une baisse du taux d’accumulation du capital. Autrement dit, la part des profits dans la valeur ajoutée (VA) s’est accrue, mais la part consacrée à l’investissement a diminué au profit des dividendes. L’économie devient dès lors tributaire de l’épargne et de la consommation des classes riches (graphique 2).

Les théories de l’offre entretiennent une confusion ravageuse en assimilant l’offre à l’investissement.

Il faut évidemment réorienter l’investissement. Mais certains commettent un grave contresens en assimilant l’investissement à de l’offre. L’investissement est une composante de la demande globale, qui inclut les dépenses de consommation des ménages et d’investissement des entreprises.

En toute rigueur, ce que l’on appelle l’offre, c’est l’épargne, celle desactionnaires, qui va gonfler inutilement avec le pacte de responsabilité.

L’offre, c’est également l’offre de travail, surabondante, faite de chômeurs involontaires qui souhaiteraient travailler aux conditions du marché, n’en déplaise au ministre du Travail.

Par ailleurs, la compétitivité ne se joue pas seulement sur les coûts. Le coût du travail français est inférieur au coût allemand. C’est le coût du capital qui est devenu excessif, la part des bénéfices qui reviennent aux dividendes ne cessant de croître au détriment de l’investissement.

Les politiques de l’offre prétendent agir sur l’investissement. Leur effet est avant tout de redresser la part des profits dans le partage du gâteau, sans que cela ne garantisse en quoi que ce soit que les entreprises accroissent leur stock de capital, c’est-­à-­dire qu’elles demandent des machines. À ce titre, l’investissement est, en tant que tel, une composante de la demande globale.

Lorsque les taux d’utilisation des capacités de production sont bas, les entreprises n’ont aucun intérêt à investir, même en présence de mesures fiscales favorables. Pire, elles préféreront réduire leur stock de capital, devenu trop coûteux à amortir. C’est ce phénomène de déclassement du capital qui explique la baisse du potentiel de production français, comme l’illustre la baisse du taux d’accumulation du capital (graphique 2). La principale cause de cette baisse est liée à un effet décélérateur, dû à une demande atone, et non à un coût du travail excessif.

S’agissant de la France, rappelons que le taux de marge brut s’est tendanciellement accru de 10 points entre 1983 et 1998. Il s’est stabilisé ensuite à un niveau élevé (32% de la VA). Le taux de marge a baissé de 3 points depuis la crise de 2008-­2009. Mais cela n’a rien à voir avec une tension sur les salaires (dont l’évolution reste, c’est le moins qu’on puisse dire, modérée) ou sur les cotisations sociales.Les politiques de « baisse de charges » sont devenues le cœur de ce qu’il reste de « politique industrielle » en France.

Les taux de marge ont légèrement baissé en raison de... la contraction de la demande, qui a engendré une baisse du chiffre d’affaires des entreprises. Le chiffre d’affaires est d’autant plus affecté que les entreprises qui subissent la concurrence sur un marché qui se contracte doivent baisser leurs prix, ce phénomène nourrissant la menace déflationniste.

Si le chiffre d’affaires baisse, à masse salariale constante ‒ ou si la masse salariale décroît (en cas de licenciements) moins vite que le chiffre d’affaires ‒, le taux de marge baisse alors mécaniquement sans que les salaires directs ou indirects n’aient en quoi que ce soit augmenté : l’économie tend vers le bas du « cycle de productivité », dû aux aléas conjoncturels. Le taux de marge se serait, en sens inverse, mécaniquement redressé avec la reprise.

Annexe : Le keynésianisme vert.

Le keynésianisme vert. Au-delà des paradigmes standards de la croissance Jonathan M. Harris Global Development And Environment Institute, Tufts University, Medford. Cliquez icipour accéder au texte.

Hervé Debonrivage


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