Pour le seul mois d’août 2016, la température moyenne sur les terres et les océans a été de 15,6°C, soit 0,9°C de plus que la moyenne du XXème siècle.
Les records tombent mois après mois
Des changements climatiques surtout préjudiciables aux paysans français
L’irresponsabilité de Nicolas Sarkozy
Alors que l’Union Européenne ne semble pas savoir où elle en est pour mettre en place des mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre prévues par l’accord de Paris sur le climat, l’Agence océanique et atmosphérique américaine nous indique que les huit premiers mois de 2016 ont été les plus chauds dans le monde depuis le début des relevés en 2010. Les émissions par habitant et par pays nous montrent aussi que la démographie n’explique pas tout, contrairement à ce qu’affirmait Nicolas Sarkozy le 14 septembre dernier.
Les records tombent mois après mois et l’année 2016 va probablement battre un nouveau record de la température moyenne du globe depuis que l’on effectue des relevés. Pour les huit premiers mois de cette année, la température moyenne à la surface des océans et de la terre a été de 14,1°C. Elle s’est située 1,01°C au dessus de la moyenne du XXème siècle. La température moyenne des huit premier mois de 2016 est supérieure de 0,16°C à celle de la même période en 2015, année record elle aussi selon l’Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA).
Pour le seul mois d’août 2016, la température moyenne sur les terres et les océans a été de 15,6°C, soit 0,9°C de plus que la moyenne du XXème siècle. Là encore le record de 2015 est battu de 0,05° en moyenne mensuelle pour tout le globe. En Afrique et en Asie, jamais le mois d’août n’avait jamais été aussi caniculaire qu’en 2016 depuis le début des relevés réguliers de températures commencés en 1910.
La NOAA indique que « le mercure a aussi atteint des niveaux record pendant les huit premier mois de 2016 sur l’ensemble de l’Alaska, dans l’Ouest du Canada, le nord de l’Amérique du Sud, en Afrique, dans le sud de l’Europe, en Indonésie, dans plusieurs régions d’Amérique Centrale, dans les Caraïbes, l’Australie et la majeure partie de l’Asie », précise l’Agence.
Des changements climatiques surtout préjudiciables aux paysans français
En France, nous avons connu un hiver doux qui a permis à la végétation de prendre de l’avance. Mais des gelées tardives sont ensuite venues perturber la floraison des arbres fruitiers et des vignobles dans certaines régions. Les orages de grêle, autre conséquence du réchauffement climatique, ont ensuite provoqué de nombreux dégâts sur certaines cultures. Dans les principales zones céréalières du pays, il a suffit de trois semaines de temps pluvieux à la fin du printemps pour réduire de 30% les rendements céréaliers qui, à la mi-mai, promettaient d’être aussi bons qu’en 2015, année record pour le blé en France. Depuis deux mois, c’est au contraire la sécheresse qui grille les prairies, dessèche le maïs sur pied et compromet les réserves d’aliments du bétail pour l’hiver. Nous avons ainsi devant les yeux une multitude de conséquences négatives induites par ce changement climatique qui, pour le moment, sont surtout préjudiciables au travail et au revenu des paysans en France.
Nous voyons bien que le réchauffement climatique va perturber de plus en plus la production agricole dans le monde et provoquer de plus en plus de catastrophe induites par les cyclones, les ouragans, les orages, les tempêtes, les inondations comme celles qui ont touché l’Île-de-France à la fin du printemps dernier. Nous savons aussi que la division par quatre des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 est impérative pour tenter de contenir le réchauffement à +2°C par rapport à la fin du XIXème siècle. Or les émissions moyennes annuelles de CO2 par habitant sont de 16,6 tonnes aux Etats Unis, de 16,9 tonnes en Australie, de 15,7 tonnes au Canada, de 12,7 tonnes en Corée du sud, de10,7 tonnes au Japon de 7,4 tonnes en Chine qui alimente l’Europe en produits manufacturés. L’émission annuelle par habitant est de 1,7 tonne en Inde, mais elle va forcément augmenter, tout comme celles des Africains qui est de moins d’une tonne par an et par habitant en moyenne.
Dans l’Union européenne, les émissions annuelles moyennes sont de 7,3 tonnes par habitant, dont 6,3 tonnes pour chaque Français. Nous sommes sous la moyenne européenne grâce à la part importante du nucléaire dans notre production électrique. Mais nous émettons beaucoup de GES via la circulation automobile pour se rendre au travail dans les grandes agglomérations et via le trafic des camions européens sur notre territoire. Notre habitat est trop mal isolé au plan thermique et trop étalé autour des grandes villes. Notre agriculture aussi est trop émettrice de gaz à effet de serre car trop dépendante des engrais chimiques et des énergies fossiles alors qu’il existe des techniques de travail du sol économes en carburant.
L’irresponsabilité de Nicolas Sarkozy
C’est au regard de ces enjeux, qu’il faut à nouveau pointer l’irresponsabilité de Nicolas Sarkozy, qui, en quête de suffrages d’électeurs climato-sceptiques pour la « primaire » de la droite en novembre prochain déclarait la semaine dernière : « on a fait une conférence sur le climat. On parle beaucoup de dérèglement climatique, c’est très intéressant mais ça fait 4,5 milliards d’années que le climat change. L’homme n’est pas le seul responsable de ce changement. Je préférerai que l’on parle d’un sujet plus important : le choc démographique. La France doit porter une conférence sur la démographie. Jamais la terre n’a connu un tel choc tel qu’elle va connaître, puisque nous seront 11 milliards dans quelques années. Là, l’homme est directement responsable. Et personne n’en parle ».
En réalité les deux questions sont liées et contenir la poussée démographique qui dure depuis plus d’un siècle fait aussi partie de la solution. Mais Nicolas Sarkozy met cette question en exergue dans le seul but de faire diversion concernant la multiplication des pollutions induites par le système de production capitaliste mondialisé. Ce faisant, il veut aussi rendre plus difficile un accord ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre que doit conclure l’Union européenne afin de signer l’accord de Paris sur le climat en répartissant équitablement le taux d’effort demandé à chacun des pays membres de l’Union.
Décidément, qu’il s’agisse du climat la semaine dernière, des migrants ce mercredi ou de « nos ancêtres les Gaulois » pas plus tard qu’hier, Nicolas Sarkozy se conduit comme un irresponsable qui ne poursuit qu’un objectif : diviser pour tenter de régner à nouveau au profit de la classe dominante !
Gérard Le Puil Journaliste et auteur
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