Le jeu reste ouvert pour le second tour de la présidentielle chilienne : Sebastián Piñera, parfois surnommé le « Berlusconi chilien », affrontera Alejandro Guillier du PSC avec un score moins large que celui prédit par les sondages.
Interview, par Xavier Martinet, de Franck Gaudichaud, maître de conférences en Civilisation hispano-américaine à l’Université Grenoble 3. Le candidat conservateur a déjà été président du Chili de 2010 à 2014, juste après le premier mandat de Michelle Bachelet
Non seulement le candidat libéral fait moins que prévu avec 37 %, mais les gauches – quoique divisées – ont montré une bonne résistance avec deux partis qui totalisent ensemble près de 50 % des voix.
Plus encore, à gauche, cette élection marque la percée d’un nouveau mouvement « disruptif » issu des mobilisations étudiantes de 2011, le Frente Amplio représenté par la journaliste Beatriz Sánchez, à 23 % juste derrière le candidat socialiste : c’est elle qui fera la différence.
Ce résultat est donc une surprise pour qui prédisait la fin d’un cycle des gauches sud-américaine et le retour du libéralisme au Chili. Le second mandat de Michelle Bachelet a été marqué par la dégradation économique, les scandales politiques et une abstention électorale croissante ; or une partie des voix du PS semble s’être reportée sur une gauche plus radicale. Une chose est certaine : quel que soit le prochain président, les contraintes chiliennes resteront les mêmes, parmi lesquelles une croissance à 1,3 %, un chômage à 6,7 %, et une société assez conservatrice quant aux mœurs.
Entre les « jours meilleurs » promis par S. Piñera, la « continuité » assurée par A. Guillier, et une campagne jugée « apathique » par certains, la surprise ne vient-elle pas de ces électeurs chiliens moins désintéressés qu’on le croyait ?
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