Israël : Les rafles d’enfants palestiniens continuent...

samedi 9 juin 2018.
 

- 4) Ahed Tamimi, un visage pour les 350 mineurs palestiniens détenus

- 3) 2018 : Les rafles d’enfants palestiniens continuent...

- 2) 64% des enfants palestiniens maltraités au cours de leur détention (UNICEF)

- 1) Terroriser les enfants palestiniens, une politique israélienne délibérée

4) Ahed Tamimi, un visage pour les 350 mineurs palestiniens détenus

Proche-orient. Elle a 17 ans aujourd’hui. L’adolescente palestinienne arrêtée le 15 décembre encourt sept ans de prison pour avoir défié les soldats israéliens. À travers elle, est posé le sort des enfants arrêtés par l’occupant au mépris des lois internationales.

Ahed Tamimi a 17 ans aujourd’hui. Elle les «  fête  » dans un uniforme marron de prisonnière, au fond d’une cellule israélienne. Cette jeune Palestinienne, dont le visage est maintenant connu dans le monde entier, a osé défier la soldatesque israélienne qui venait de défigurer, par le tir d’une balle métallique enrobée de caoutchouc, son cousin Mohammed. Elle a donné une claque à un militaire, des coups de pied à un autre. La scène a été filmée. Le gouvernement d’extrême droite israélien a décidé d’en faire un exemple. Il l’a fait arrêter en pleine nuit, le 15 décembre. Le ministre israélien de l’Éducation (sic), un colon, souhaite qu’elle finisse sa vie en prison. Son procès a été reporté au 6 février. Ahed n’est pas seule dans ce cas  : 350 mineurs palestiniens sont aujourd’hui emprisonnés. Ils sont traités comme des adultes. La plupart du temps, ils subissent des interrogatoires sans la présence de leurs parents ou d’un avocat, au mépris des conventions internationales. Les chiffres montrent que les enfants sont maintenant particulièrement ciblés par la répression israélienne, qui veut sans doute écraser dans l’œuf la révolte de la nouvelle génération de Palestiniens. Tel-Aviv bénéficie du silence complice des capitales internationales, comme dans le cas du Franco-Palestinien Salah Hamouri, au cinquième mois de sa détention administrative.

Ses geôliers israéliens vont-ils apporter un gâteau d’anniversaire à Ahed Tamimi  ? La jeune fille «  fête  » aujourd’hui ses 17 ans. À l’âge où, comme l’écrivait Rimbaud, «  on n’est pas sérieux  », la voici au fond d’une cellule, éloignée de sa famille, de ses amis, parce qu’en Palestine occupée une enfant est vite confrontée à l’horreur militaire, à la violence des colons, au manque de liberté, à l’impossible avenir. Alors, forcément, quand on est palestinien, on est sérieux, même à 17 ans.

Ahed est de Nabi Saleh, à une vingtaine de kilomètres de Ramallah, en Cisjordanie. Un village qui a toujours été en révolte contre l’occupant et qui l’a toujours payé chèrement. Depuis 2010 – elle n’avait que 9 ans – des manifestations pacifiques et non violentes s’y déroulaient chaque semaine. Réponse simple de l’armée israélienne : gaz lacrymogène, balles de métal enveloppées de caoutchouc et balles réelles. Jusqu’en 2016. À 15 ans, Ahed, dont le père, Bassem, est l’un des leaders de la contestation (et arrêté à plusieurs reprises), voit 350 villageois blessés par les Israéliens. L’année précédente elle s’était elle-même affrontée à la soldatesque en empêchant, avec d’autres, qu’un militaire arrête un petit garçon, plus jeune qu’elle. Sur une photo on la voit, avec ses tresses blondes, en jean, vêtue d’un tee-shirt rose, se débattre pour faire lâcher prise au soldat israélien dont la main, comme un étau, lui enserre le visage. La résistance comme morale de vie.

En ce mois de décembre 2017, Ahed, comme tous les Palestiniens, est révoltée par la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Une colère qui s’exprime sur l’ensemble des territoires palestiniens. À Gaza, Ibrahim Abou Thouraya, 29 ans, est tué par les tirs israéliens. Il se trouvait sur une chaise roulante parce qu’il avait perdu ses deux jambes lors d’une attaque sur la bande de Gaza en 2008. En Cisjordanie les manifestations se multiplient.

Un cousin d’Ahed, mineur, est touché en plein visage par une balle

Le 15 décembre, les jeunes lanceurs de pierres palestiniens – qui encourent plus de dix ans pour ce geste de gavroche depuis que le Parlement israélien a voté une nouvelle loi qui concerne tous les Palestiniens quel que soit leur âge – affrontent l’une des armées les plus puissantes et les plus équipées au monde. Mohammed, 14 ans, un cousin d’Ahed, mineur, est touché en plein visage par une balle en caoutchouc dont la force est telle qu’elle peut briser une mâchoire, voire tuer si elle tape le cœur. On imagine la douleur et la colère de la jeune fille quand elle aperçoit, devant la maison familiale, deux soldats israéliens. La voilà qui sort de chez elle avec sa cousine pour leur dire de partir. Ils ne bougent pas. Ahed en gifle un, donne des coups de pied à l’autre. Aucun ne bronche. La scène est filmée avec un téléphone portable. La vidéo va vite faire le tour des réseaux sociaux et devenir virale. L’utilisation de l’image ne saurait être seulement dans les mains du dominant.

Tout va ensuite très vite. Une grande partie de l’opinion publique israélienne y voit un outrage contre «  l’armée la plus morale du monde  » et parle de provocation orchestrée. David n’est pas toujours celui qu’on pense et ça fait mal ! Le gouvernement droite-extrême droite israélien, dirigé par Benyamin Netanyahou et dont le ministre de la Défense n’est autre qu’Avigdor Lieberman (il avait déclaré, en 2015, que tous les Arabes israéliens qui ne sont pas fidèles à Israël devraient «  être décapités à la hache  »), ne se fait pas prier. Dans la nuit du 18 au 19 décembre, un peu avant l’aube, les soldats investissent la maison. Ils menottent Ahed et l’emmènent. Le 20, elle est présentée devant un tribunal militaire israélien. «  Elles doivent finir leurs vies en prison  », éructe Naftali Bennett, ministre israélien de l’Éducation (sic) à l’encontre d’Ahed, de sa mère, Nariman, et de sa cousine Nour, elles aussi arrêtées. Le 1er janvier, le procureur d’un tribunal militaire israélien a requis douze chefs d’inculpation contre Ahed et cinq contre sa mère. Nour a été inculpée pour agression aggravée et atteinte à des soldats en fonction.

Ahed Tamimi est devenue un symbole de l’acharnement israélien contre ces jeunes Palestiniens. Leurs arrière-grands-parents ont subi la Nakba (la catastrophe) en 1948, leurs grands-parents ont rejoint les fedayins, leurs parents ont participé à la première Intifada, puis ont placé leurs espoirs dans les accords d’Oslo. Leurs grands frères ont fait la seconde Intifada. Eux sont les enfants d’Oslo. Chômeurs, lycéens, ouvriers ou étudiants, ils ne croient plus en rien, sauf en leur liberté. Une liberté étouffée par l’occupation israélienne, piétinée par des colons haineux et racistes dont l’impunité est patente.

Le cas d’Ahed Tamimi et de sa famille inquiète et dérange les autorités israéliennes, qui ne reculent devant rien pour éteindre l’incendie et l’émotion perceptible dans le monde entier. Elles veulent maintenant faire croire qu’il ne s’agit pas d’une vraie famille. Une commission secrète de la Knesset, qui s’est réunie en 2015, a examiné si « les membres de la famille ont été choisis pour leur apparence – blonds, aux yeux bleus et à la peau claire  », a malencontreusement révélé un ministre israélien, qui parle de «  Pallywood  » et remet en cause le port à l’envers d’une casquette de base-ball. «  Même les Européens ne portent pas de casquettes de base-ball arrière  », croit-il savoir.

Le procès d’Ahed a été reporté au 6 février

Les chiffres de la répression sont pourtant là, terribles, fournis par plusieurs organisations palestiniennes, dont Addameer et le Club des prisonniers. Ils montrent surtout que l’occupant israélien a décidé de cibler les enfants comme s’il voulait tuer dans l’œuf toute résistance. Ainsi, en décembre 2014, ils étaient 156 mineurs emprisonnés. Ils sont 350 aujourd’hui, soit plus du double. Or, dans le même temps, le nombre total de prisonniers palestiniens a augmenté de moins de 1 %. Il faut également prendre en compte les arrestations, les rafles, opérées particulièrement à Jérusalem-Est. Ainsi, durant l’année 2017, 6 742 Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza ont été détenus. Parmi eux, 1 467 enfants. En décembre 2016, 29 % des enfants détenus étaient résidents de Jérusalem-Est.

Des chiffres qui ne sauraient masquer la violence infligée à ces mineurs. Ils sont traités comme des adultes, arrêtés sans ménagement, souvent extirpés de leur lit en pleine nuit. 97 % d’entre eux sont interrogés sans la présence d’un avocat ou d’un parent, au mépris de toutes les lois et de la 4e convention de Genève et de la convention des droits de l’enfant. Celle-ci stipule, dans son article 37, que l’emprisonnement d’un enfant ne doit advenir qu’en cas d’extrême nécessité. La plupart du temps, les interrogatoires durent vingt jours, et ce n’est qu’à l’issue qu’une inculpation est prononcée. Durant ces interrogatoires toutes les mesures de coercition sont utilisées, comme par exemple la menace de faire venir une sœur ou une cousine, ce qui, dans une société conservatrice, est profondément déstabilisant pour un jeune garçon à qui l’on fait croire que sa culpabilité a été confirmée par un tiers. Quand ils ne sont pas emprisonnés, ces enfants sont souvent placés en résidence surveillée pendant plusieurs mois.

Le procès d’Ahed devait avoir lieu aujourd’hui. Il a été reporté au 6 février, à la demande de son avocate, afin d’obtenir « plus de temps pour bien étudier le dossier », ainsi que l’a précisé le père, Bassem Tamimi. Elle est passible de sept ans de prison. Elle porte maintenant l’uniforme marron des prisonniers. Malgré cela, ses yeux pétillent, ses boucles blondes tombent en cascade sur ses épaules, défiant l’enfermement et l’occupation. Ahed a 17 ans aujourd’hui.

Pierre Barbancey Grand reporter, L’Humanité

3) 2018 : Les rafles d’enfants palestiniens continuent...

Mardi 16 janvier, dès l’aube, les forces d’occupation ont effectué une rafle dans le quartier de Jabal Zaytoun de Jérusalem au cours de laquelle ils ont procédé à l’arrestation des enfants :

Naïm Brahim Achayer (11 ans),

Mhammad Ahmad Achayer (14 ans),

Ali Mhammad Abou Alhaoui (14 ans),

Soufyane Fras Abou Alhaoui (14 ans),

Mhammad Samir Alhaoui (15 ans),

Amir Sami Alhaoui (16 ans),

Adnane Moussa Alhadra (17 ans).

Tous plus jeunes qu’Ahed Tamimi (16 ans) sauf Adnane, d’un an son aîné. Elle est en prison depuis plus d’un mois parce qu’elle aurait essayé de donner une gifle à un soldat qui venait de terroriser sa famille à l’intérieur de leur habitation et en territoire palestinien.

Ahed Tamimi, héroïne palestinienne de 16 ans, a d’une gifle rendu dingues les Israéliens

Les autres enfants sont accusés de la même façon d’avoir agressé les soldats de la force d’occupation et donc vont être jugés pour terrorisme. En attendant, ils sont détenus à la prison militaire d’Ofer avec leurs camardes de la Résistance.

Certains vont y retrouver leurs pères, frères oncles ou cousins.

2) 64% des enfants palestiniens maltraités au cours de leur détention (UNICEF)

Près des deux-tiers des Palestiniens mineurs arrêtés en 2017 ont subi des mauvais traitements de la part des forces israéliennes, une augmentation de 4% sur le chiffre donné dans un rapport de l’UNICEF d’il y a quatre ans, selon une nouvelle étude de Military Court Watch (« Veille sur les cours de justice militaires », MCW).

Sur les 70 enfants interviewés, un échantillon des centaines arrêtés cette année, 64% ont déclaré avoir subi des gifles, des coups de pied, des pincements, avoir été bousculés et forcés de s’asseoir dans des positions douloureuses.

Le superviseur des droits des prisonniers a aussi souligné que ces mauvais traitements ont eu lieu dans un contexte qui est déjà effrayant en lui-même ; les enfants sont souvent arrêtés pendant des descentes de nuit, ont les yeux bandés, subissent des insultes et des menaces et sont privés de leurs droits légaux à garder le silence ou à bénéficier d’une aide légale.

Le rapport met en lumière plusieurs cas d’enfants détenus en Israël et leurs expériences de détention. Un garçon de 14 ans a expliqué avoir reçu dans le pied une balle d’acier recouverte de caoutchouc, avant d’être arrêté, d’avoir les yeux bandés et d’être laissé sept heures sur le sol d’un véhicule militaire, sans nourriture, sans eau et sans accès à des toilettes.

Un autre enfant a témoigné qu’il avait été arrêté à 2h 30 du matin pendant une descente de nuit sur sa maison, sans avoir été informé des charges contre lui. Après avoir été agressé à un poste de police, il a signé un document en hébreu sans savoir ce qu’il signifiait. À la suite de cela il a été condamné à deux mois de prison pour avoir avoué des jets de pierres.

En 2013, un rapport de l’UNICEF avait établi que 60 % des enfants détenus par Israël avaient été maltraités pendant leur détention. En réponse, le Conseiller juridique de l’armée israélienne a adressé une lettre aux chefs de toutes les divisions opérant en Cisjordanie occupée, afin de rappeler à toutes les unités que les procédures d’opération standard interdisent la violence contre les enfants. Quatre ans plus tard, la proportion d’enfants maltraités n’a fait qu’augmenter.

MCW a demandé que plusieurs mesures soient adoptées pour réduire les violations des droits humains qui ont lieu, à savoir : utiliser des convocations au lieu des descentes et des arrestations de nuit, mettre en place des entretiens obligatoires avec des avocats avant toute interrogation d’un mineur et l’enregistrement audio-visuel obligatoire de tous les interrogatoires.

L’action d’Israël par rapport à ces politiques reste douteux ; une enquête récente conduite par MCW montre qu’une seule des 38 recommandations précédentes de l’UNICEF a été substantiellement implémentée depuis 2013 – un taux d’implémentation de tout juste 2,6 %.

Entre le début de cette année et le 31 octobre, quelques 483 enfants de 13 à 17 ans ont été arrêtés par Israël. Des douzaines d’autres ont été arrêtés ces dernières semaines à la suite des manifestations contre l’annonce du président des États-Unis Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Les chiffres définitifs pour cette année n’ont pas encore été calculés.

Traduit de l’anglais original par l’AURDIP

1) Terroriser les enfants palestiniens, une politique israélienne délibérée

Au début de la deuxième Intifada, en 2000, l’image de Mohammed al-Durah, un Palestinien de 12 ans que son père essayait de protéger des tirs israéliens en suppliant les soldats de cesser le feu, est devenue emblématique. Les balles ont continué de siffler et Mohammed est mort de ses blessures.

1) Mort de Mohammed Al-Durah : Karsenty et autres portent tort au judaïsme

Presque un mois plus tard, une autre image d’un enfant palestinien pris au milieu du conflit est devenue virale.

Fares Odeh (14 ans) a été filmé en train de jeter courageusement des pierres sur un char israélien dans la bande de Gaza. Il a été tué par les forces israéliennes le 8 novembre de la même année.

De la pure haine

Mercredi dernier, l’armée israélienne a tué Musab Firas al-Tamimi (17 ans), originaire du village de Deir Nitham en Cisjordanie, faisant de lui le premier Palestinien abattu par les forces israéliennes en 2018.

En 2004, la mort d’Iman Darweesh al-Hams (13 ans) a parfaitement illustré la cruauté israélienne, et ce que les Palestiniens considèrent comme de la pure haine envers leurs enfants. Elle a été abattue par les soldats de l’armée israélienne depuis un poste d’observation dans ce qu’Israël a déclaré être une zone « tampon » près de la route Philadelphi à Rafah.

Comme si cela ne suffisait pas, le commandant des soldats de l’armée israélienne a vidé tout le chargeur de son fusil automatique sur le corps de l’enfant. Un an plus tard, ce commandant n’a exprimé aucun regret concernant ses actions au cours du procès et a déclaré qu’il aurait « fait la même chose même si la fillette avait eu 3 ans ».

Il a été acquitté de toutes les accusations majeures.

Selon Défense des Enfants International-Palestine (DCIP), 595 enfants ont été tués durant la seconde Intifada, au cours de laquelle les meurtres mentionnés ci-dessus se sont produits.

Ces dernières années, les enfants de Gaza ont souffert à maintes reprises aux mains de l’armée israélienne, en particulier au cours des trois dernières guerres majeures. La guerre de 2008-2009 a entraîné la mort de 280 enfants. Trente-trois enfants sont morts au cours de la guerre de 2012 et 490 lors de la guerre la plus récente, en 2014.

Entre 2000 et 2017, DCIP rapporte que 2 022 enfants palestiniens ont été tués par les forces israéliennes, soit une moyenne de 25 par mois. Au cours de la même période, 137 enfants israéliens ont été tués par des Palestiniens.

Il ne s’agit bien sûr pas de comparer les bilans, mais cela donne une indication de l’impact terrible de l’occupation israélienne et des guerres répétées sur les Palestiniens, en particulier sur les enfants.

Il est important de noter que, contrairement aux enfants israéliens tués dans le conflit, la plupart des enfants palestiniens tués par Israël sont anonymes, englobés dans les décomptes de victimes. Les médias israéliens s’assurent en revanche que les noms et les photos des enfants israéliens morts sont diffusés le plus largement possible.

Enfants dans les tribunaux militaires

Il n’y a actuellement aucun enfant israélien détenu par des Palestiniens. En comparaison, environ 450 enfants palestiniens ont été placés en détention par Israël. Ils sont jugés par des tribunaux militaires, amenés devant les juges militaires enchaînés – comme le monde l’a vu après qu’Ahed al-Tamimi (16 ans) a été enlevée aux premières heures du 20 décembre dernier.

Selon DCIP, 500 à 700 enfants palestiniens sont détenus chaque année par Israël. L’accusation la plus courante est le jet de pierres. Cependant, DCIP estime que depuis 2000, au moins 8 000 enfants palestiniens ont été arrêtés et poursuivis dans le cadre du système de détention militaire israélien.

DCIP rapporte que dans 590 des cas documentés entre 2012 et 2016, 72 % des enfants palestiniens détenus ont dit avoir subi des violences physiques et 66 % ont fait l’objet de violences verbales et d’humiliations.

Selon Khaled Quzmar, directeur général de DCIP, « malgré les contacts permanents avec les institutions de l’ONU et les appels répétés au respect du droit international, l’armée et la police israéliennes continuent les arrestations nocturnes, la violence physique, la coercition et les menaces contre les enfants palestiniens ».

Une fois emmenés dans un véhicule de l’armée israélienne, ils sont malmenés et, dans certains cas, emmenés en Israël, ce qui est contraire au droit international humanitaire. Ils sont souvent interrogés sans la présence d’un parent ou d’un avocat et sont souvent invités à signer des aveux en hébreu qu’ils ne savent pas lire.

Visés de manière disproportionnée

Les enfants de Jérusalem et d’Hébron semblent être visés de manière disproportionnée. Une vidéo de l’armée israélienne détenant un garçon de 5 ans à Hébron a fait la une des journaux du monde entier. Un autre enfant de 6 ans a été détenu pendant cinq heures dans le camp de réfugiés de Jalazun, en Cisjordanie.

Tareq Abukhdeir, un adolescent américano-palestinien qui a été passé à tabac par la police israélienne, n’a reçu aucune assistance du consulat américain à Jérusalem-Est. Son cousin Mohammed a été brûlé vif par des terroristes juifs plus tôt la même année.

Il semble qu’Israël applique une politique délibérée visant à terroriser les enfants palestiniens afin de les dissuader de s’engager dans la résistance palestinienne à l’âge adulte.

Dans de nombreuses affaires, le processus d’arrestation commence avec l’enlèvement des enfants chez eux à l’aube, les arrachant à leurs lits.

Le lit d’un enfant, sa maison sont des endroits où les enfants devraient se sentir en sécurité, mais ce n’est pas le cas des enfants palestiniens. Un coup à la porte, un nom crié, l’entrée forcée d’une chambre à coucher peut arriver à n’importe quel enfant palestinien et sans crier gare. On ne tient aucun compte de l’âge ou des circonstances.

Beaucoup d’enfants palestiniens sont maintenant sur « les registres d’Israël ». Cela rend plus facile pour Israël de faire appel à eux à tout moment, soit pour des soupçons d’implication dans des jets de pierres, soit pour arracher des preuves contre d’autres.

Une longue liste

L’adolescente palestinienne Ahed Tamimi rejoint maintenant une longue liste de détenus. Au lieu d’essayer de comprendre pourquoi Ahed s’en est prise au soldat qui est venu sans y être invité dans son village occupé illégalement, le ministre israélien de l’Éducation a suggéré qu’elle et d’autres jeunes filles palestiniennes devaient « passer le reste de leurs jours en prison ».

Le célèbre journaliste israélien Ben Caspit écrivait pour sa part que « dans le cas des filles, nous devrions les faire payer à une autre occasion, dans l’obscurité, sans témoin ni caméra ».

Israël accuse souvent les Palestiniens d’inciter les enfants et les jeunes adultes à résister à l’occupation, y compris par la violence. Mettre fin à l’incitation à la haine a été ajouté à une liste de plus en plus longue d’exigences israéliennes imposées aux Palestiniens.

La photo de l’arrestation de l’adolescent palestinien Fawzi al-Junaidi, prise par le photographe palestinien Wisam Hashlamoun, est devenue virale sur les réseaux sociaux le 7 décembre 2017 (Twitter/@marro_lb)

Cependant, les enfants n’ont besoin d’aucune incitation de la part de qui que ce soit lorsqu’ils vivent l’occupation et les humiliations au quotidien.

Alors que de nombreux enfants palestiniens inspirent les autres par leur fermeté et leur résistance, d’autres enfants palestiniens représentent aussi un symbole d’espoir alors qu’ils luttent sur différents fronts, en remportant des compétitions internationales. Afaf Sharif (17 ans) a battu 7,4 millions de participants pour remporter le titre de champion de l’Arab Reading Challenge cette année.

En 2015, Dania Husni al-Jaabari (14 ans) et Ahmad Ayman Nashwieh (8 ans) ont remporté respectivement les première et deuxième places du concours Intelligent Mental-Arithmetic à Singapour, battant 3 000 autres enfants. Deux ans plus tôt, Areej el-Madhoon (14 ans) avait remporté le même concours.

Les enfants palestiniens nés dans la diaspora ont également inspiré les autres. Leanne Mohamad, une jeune Palestinienne de 15 ans, a remporté un défi régional d’expression à Londres en 2015-2016 en évoquant les effets de la Nakba sur les Palestiniens. Nous ne saurons jamais si elle aurait gagné la compétition principale puisque son prix a été retiré par les organisateurs sous la pression de groupes pro-israéliens.

Le père fondateur d’Israël, David Ben Gourion, a dit un jour à propos des Palestiniens : « Les vieux mourront et les jeunes oublieront. » Il avait tort.

kamel Hawwash

Kamel Hawwash est un professeur britannico-palestinien d’ingénierie à l’Université de Birmingham et un militant de longue date pour la justice, en particulier pour le peuple palestinien. Il est vice-président du British Palestinian Policy Council (BPPC) et membre du Comité exécutif de la Campagne de solidarité avec la Palestine (PSC). Hawwash apparaît régulièrement dans les médias comme commentateur sur les questions du Moyen-Orient.

Il dirige le blog www.kamelhawwash.com.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation


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