États-Unis : le spectre du coup d’état

vendredi 18 septembre 2020.
 

Durant l’été, peu de temps après que des dizaines d’agents fédéraux portant un camouflage et lourdement armés se soient rendus à Portland pour attaquer les manifestants, Charles Fried, le solliciteur général de Ronald Reagan, a réfléchi aux implications de ce qu’il voyait dans les rues. Ce qu’il a vu lui a fait peur. Il se souvenait de l’utilisation des paramilitaires par les dirigeants fascistes dans l’Europe des années 1930, où il était né, et il craignait d’assister à présent à un glissement vers le paramilitarisme aux États-Unis. Fried a estimé que le président Trump utilisait le ministère de la Sécurité intérieure et d’autres agences gouvernementales d’une manière « très menaçante ».

Comme les autoritaires ds années 1930, Trump pourrait, selon Fried, utiliser « des agents provocateurs, amenant les gens de droite à s’infiltrer dans des manifestations pacifiques orientées vers la gauche et en général pour les rendre violents et justifier ainsi une intervention ».

Michael Steele, ancien président du Comité national républicain, en est venu à partager la conviction de Fried que Trump est une menace pour la République. Il conclut que Trump était prêt à « ouvrir la boîte de Pandore ». « Il pose le prédicat et il est donc probable qu’il n’acceptera pas les résultats de l’élection. Pour Steele, Trump est « le PT Barnum du 21e siècle, sous stéroïdes », un homme maîtrisant l’art de la manipulation. « Il s’en fout des habitants de Portland. Il n’en a rien à foutre de Chicago ».

Selon le Transition Integrity Project, si les votes par correspondance sont comptabilisés plusieurs semaines après les élections (ce qui semble de plus en plus probable), les conditions pourraient être réunies pour que Trump crée un chaos maximal.

L’administration pourrait déployer des troupes fédéralisées de la Garde nationale pour arrêter le décompte des voix. En effet, le jour où Joe Biden a accepté la nomination présidentielle démocrate, Trump a suggéré à Fox News qu’il pourrait ordonner à des agents fédéraux de se rendre dans les bureaux de vote pour surveiller la fraude. Trump et ses alliés pourraient également contester les résultats dans de nombreux États, envoyer des forces fédérales dans des villes contrôlées par les démocrates. Un autre scénario est que Trump remporte le Collège électoral, mais perd le vote populaire et exploite les troubles qui en résultent, poussant les États occidentaux à tenter de se séparer de l’Union.

Deux organisations ont commencé à planifier une mobilisation de masse sont le Projet Indivisible et Stand Up America. Leur objectif est de construire une infrastructure juridique et politique capable de repousser les efforts visant à saper le processus électoral à travers une mobilisation de longue durée

Sasha Abramsky

Sasha Abramsky, extraits d’un texte paru dans The Nation, 7 septembre 2020


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message