La construction psycho–étatique de l’autosurveillance et de la délation. Un processus de fascisation de la société.

mardi 21 juin 2022.
 

la peur comme carburant du moteur de la surveillance généralisée.

Comment le néolibéralisme autoritaire peut dégénérer en fascisme à court ou moyen terme.

Au-delà de la société de contrôle et de surveillance de Deleuze.

Hervé Debonrivage

Le média.tv a consacré son émission du 25/ 01/2021 sur le thème : AUTOSURVEILLANCE GÉNÉRALISÉE, LIBERTÉS EN DANGER

Interview de Vanessa Codaccioni à propos de la parution de son dernier livre :

La société de vigilance Auto-surveillance, délation et haines sécuritaires Éditions textuelles

https://www.youtube.com/watch?v=ioz...

1) Présentation de la vidéo : 25/01/2021

La surveillance revêt trois dimensions, explique Vanessa Codaccioni : il s’agit en premier lieu de celle des gouvernés par les gouvernants, c’est-à-dire des populations par les appareils d’État et leurs services de police et de renseignement, en second lieu de celle qui s’exerce au sein des communautés par le regard que leurs propres membres portent les uns sur les autres, et enfin en troisième lieu de celle que les gouvernés exercent sur les gouvernants. Les deux premières connaissent actuellement une très forte intensification.

Le développement des possibilités techniques et les politiques sécuritaires généralisent la vidéo-surveillance, désormais menée non plus seulement par caméras fixes mais aussi par drones, avec usage de la reconnaissance faciale et archivage des données. En France, le Conseil d’État vient d’entériner le fichage des opinions politiques et religieuses ainsi que des engagements politiques et syndicaux des individus, qui pourra désormais être utilisé par les autorités dans un cadre et à des fins mal définies.

À cet arsenal de contrôle et de répression par les appareils d’État s’ajoute le fort développement de ce que V. Codaccioni appelle la « surveillance latérale » ou « participative », par laquelle les populations sont incitées, via une politique de la peur, à être sur leurs gardes et signaler aux forces de police tous les comportements, toutes les attitudes qui peuvent apparaître suspects : les réseaux de « voisins vigilants », les plate-formes de signalement en ligne prolifèrent. A l’inverse, et dans le même temps, le droit de regard des citoyens sur l’action publique et la probité individuelles des dirigeants est de moins en moins effectif.

Les conflits d’intérêts, malversations et scandales de tous ordre prêtent de moins en moins à conséquence sur la carrière des hommes et femmes politiques concernés. Les erreurs et les excès systématiques de la police, en particulier dans la répression de l’exercice du droit démocratique de manifestation contre les politiques menées ou les projets politiques, sont presque toujours couverts par les hiérarchies et impunis devant les tribunaux. La tentation est d’ailleurs très forte, du côté de l’État, d’empêcher mieux encore tout contrôle en limitant la possibilité de filmer les interventions policières.

La crise sanitaire actuelle, enfin, illustre bien la manière dont le personnel politique tend à revendiquer et organiser son irresponsabilité, en imputant aux mauvais comportements individuels l’incapacité des institutions publiques à protéger les populations.

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2) présentation du livre sur le site de l’éditeur

https://www.editionstextuel.com/liv...

La société de vigilance

Auto-surveillance, délation et haines sécuritaires

Vanessa Codaccioni

Injonctions sécuritaires et obéissance citoyenne

Partout dans le monde, les populations sont incitées à se mobiliser pour assurer leur propre sécurité et celle de leur pays. Partout, les appels à la vigilance et à la responsabilité individuelle se multiplient, tandis que les États s’appuient de plus en plus sur les citoyennes et les citoyens pour surveiller, réprimer et punir. Au travail, sur internet, dans la rue, à l’école, au sein de la famille.

Prolongeant ses travaux sur la répression, Vanessa Codaccioni retrace l’avènement de ce phénomène. Elle montre comment de nombreux dispositifs tendent à utiliser les populations à des fins sécuritaires, à impulser des comportements policiers, espions ou guerriers en leur sein et à institutionnaliser la surveillance mutuelle et la délation. Ces injonctions sécuritaires visent à obtenir l’obéissance citoyenne et à légitimer la répression.

Description technique du livre :

13 x 19,6 cm Broché 160 pages 15,90€

Coll quoi ection « Petite encyclopédie critique »

Parution le 06.01.2021. Prix : 15,90 €

3) Éléments de biographie et émissions sur France Culture

https://www.franceculture.fr/person...

Hervé Debonrivage


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