La France est l’un des pays qui dépensent le plus pour la santé (secteur public et secteur privé).
Pourtant le nombre de médecins généralistes et de spécialistes est très insuffisant le nombre de lits d’hôpitaux et de postes d’infirmières est aussi très largement insuffisant.
Le salaire des aides-soignantes, des infirmières sont classées parmi les plus bas des pays de l’OCDE.
Certains observateurs expliquent cette contradiction par la lourdeur et la multiplicité des appareils administratifs de santé.
Mais dans ce cas, pourquoi depuis 20 ans les néolibéraux au pouvoir ne « dégraisse-t-ils pas le mammouth » ? Apparaît donc ici un paradoxe.
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Dépenses de santé : où se situe la France par rapport à ses voisins européens ?
Source : Les Échos. Novembre 2019.
https://www.lesechos.fr/economie-fr...
Selon une étude publiée jeudi par la Commission Européenne et l’OCDE, la France consacre 11,3 % de son PIB à la santé, la part la plus élevée de l’Union européenne. Mais le pays devrait renforcer son système de prévention, et compte relativement moins de médecins que la moyenne.
En 2017 un tiers de l’ensemble des dépenses de santé correspondait aux soins hospitaliers dans les secteurs privé et public.
Publié le 28 nov. 2019 à 18:39
En matière de santé, la France n’est pas avare. Selon les données publiées jeudi par la Commission européenne et l’OCDE le pays est même un des plus dépensiers comparé à ses voisins européens. En 2017, 11,3 % du PIB était consacré aux dépenses de santé, soit la part la plus élevée de l’Union européenne avec l’Allemagne.
Au total, 3.626 euros ont été dépensés par habitant en termes de santé. Un chiffre 25 % plus élevé que la moyenne européenne fixée à 2.884 euros par habitant. Toutefois plusieurs pays comme l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, les Pays-Bas et le Danemark dépensent plus.
L’hôpital, principal poste de dépenses
Le plus grand poste de dépenses de santé en France correspond aux soins hospitaliers dans les secteurs privés et publics souligne l’étude. Un tiers de l’ensemble des dépenses de santé de 2017 leur a ainsi été consacré, soit une part plus élevée que la moyenne de l’Union européenne de 29 %. Viennent ensuite les soins de ville, qui représentent également un quart du budget.
Geste surprise du gouvernement pour réduire le déficit des hôpitaux
Ce que prévoit le « plan d’urgence » pour l’hôpital
Reste que cette distribution des dépenses n’a pas permis au pays d’éviter la crise que traverse actuellement l’hôpital. Alors que le gouvernement a annoncé que l’enveloppe budgétaire des hôpitaux augmenterait d’1, 5 milliards sur trois ans et que l’Etat reprendrait 10 milliards de leur dette , le collectif Inter-Urgences, à l’origine de la mobilisation, appelle à une nouvelle journée d’action samedi.
Moins de médecins par habitant
Pour la Commission européenne et l’OCDE la solution est notamment à chercher du côté de la prévention. « Les dépenses consacrées à la prévention représentaient moins de 2 % de l’ensemble des dépenses de santé, soit une part inférieure aux 3,1 % de moyenne de l’UE », détaille l’étude. Dans le même temps, le vieillissement de la population entraînera nécessairement une hausse de la demande en soins de santé et de longue durée en France.
Les Français, gros buveurs, gros fumeurs… mais en bonne santé
Par ailleurs, l’étude souligne la nécessité de mieux coordonner les soins dispensés en ville, notamment via la promotion des maisons de santé. Elles permettent aux médecins d’exercer leur activité dans un lieu commun, plutôt que seul. En 2017, on comptait 910 maisons de santé en France. Un nombre qui devrait doubler d’ici 2022.
Autre enjeu : augmenter le nombre de médecins afin de réduire la pression sur les hôpitaux. « En 2017, la France comptait 3,2 médecins pour 1.000 habitants, contre 3,6 en moyenne dans l’UE », détaille l’étude. Au total selon les estimations 5,4 millions de personnes, soit 8 % de la population, vivent dans des zones où l’accès à un médecin généraliste est limité. Sans alternative, ils se tournent alors régulièrement vers les urgences engorgées .
L’administration sanitaire (35 % des dépenses de santé) serait excessive et le reste à charge des malades serait trop faible (6,9 %)
Fin de l’article
Les données précédentes ont été reprises par un entretien du professeur Michaël Peyromaure sur Sud radio reproduit sur ce site : utiliser le lien :
http://www.gauchemip.org/spip.php?a...
Michaël Peyromaure a le mérite de rappeler les destructions de lits d’hôpitaux et l’insuffisance notoire de moyens matériels et humains pour faire fonctionner correctement l’hôpital public. Comment pourrait-t-on dorénavant cacher cette réalité ?
Mais Michaël Peyromaure s’arrête en cours de raisonnement.
Si l’administration sanitaire, notamment les ARS absorbent une telle masse budgétaire (35 %), comment expliquer que les gouvernements libéraux n’ait pas « dégraissé le mammouth » pour reprendre une formule célèbre ?
Incompétence des gouvernements successifs ? Toute-puissance de la « technostructure » ?
L’Administration serait-elle responsable de tous les maux ? Nous allons reprendre ces questions plus loin.
Michaël Peyromaure et le journalistes André Bercoff déplorent que le reste à charge de 6,9 % est trop faible et que les malades devraient consentir à payer plus. Mieux, leur contribution devrait être indexée sur leur salaire !
Ne serait-il pas normal dans une société capable d’envoyer des sondes spatiales sur une comète ou sur un astéroïde de pouvoir disposer de soins gratuits, la santé étant un bien vital ? L’ambition des fondateurs de la sécurité sociale ne semble pas effleurer les esprits de ces personnes dont les revenus sont probablement relativement élevés.
D’autre part, ils semblent oublier que le budget de la sécurité sociale qui finance notamment les hôpitaux, résulte pour bonne partie des cotisations sociales des salariés et des travailleurs indépendants, cotisations qui sont d’autant plus élevées que les revenus sont élevés ?
On reste pantois devant une telle indigence de raisonnement et même de l’absurdité d’une telle affirmation. Devrait-on faire payer les tickets de train, le kilowatt-heure électrique, le mètre cube d’eau, le prix des communications téléphoniques proportionnellement au salaire ? Certes il existe quelques domaines comme les frais de cantine scolaire, les frais de crèche qui sont calculés en fonction des revenus, mais cela reste marginal..
La France avec l’Allemagne sont les pays de l’union européenne qui consacrent le plus de dépenses pour la santé (dépenses publiques et privées), soit 11,3 % de leur PIB.
Bravo ! La gestion libérale semble donc généreuse !
Mais la multitude de grèves dans le secteur hospitalier depuis ces dernières années et la suppression de 69 000 lits en 15 ans ou 100 000 lits en 20 ans avec la suppression de 87 000 postes d’infirmiers et d’infirmières semblent contradictoires avec cette belle annonce.
Nous ne reviendrons pas plus en détail sur les destructions occasionnées par les politiques néolibérales dans le secteur de la santé : nous avons traité cette question dans l’article :
« La guerre des ultralibéraux contre l’hôpital public et la médecine depuis au moins 20 ans » http://www.gauchemip.org/spip.php?a...
3.1 Le nombre de lits pour 1000 habitants en France : classement international
Ce que cachent soigneusement les médias dominants, c’est le classement international des pays concernant le nombre de lits pour 1000 habitants.
Dans les 2 sources consultées qui varient quelque peu en raison des dates d’évaluation, la France se situe au 20e rang.
Voici un extrait de ce classement passé sous silence :
Source 1 : https://www.indexmundi.com/map/?v=2...
La définition des lits figure dans chacune des sources. Source 2 pour avoir les décimales https://atlasocio.com/classements/s...
1. Groenland 14 2016
2. Monaco 14 2012
3. Corée du Nord 13 2012
4. Japon 13 2017
5. Corée du Sud 12 2017
6. Biélorussie 11 2014
7. Russie 8 2017
8. Mongolie 8 2017
9. Allemagne 8 2017
10. Bulgarie 8 2017
11. Ukraine 8 2014
12. Autriche 7 2017
13. Hongrie 7 2017
14. Roumanie 7 2017 en mère
15. Pologne 7 2017
16. Lituanie 7 2017
17. République tchèque 7 2017
18. Gabon 6 2010
19. Kazakhstan 6 2014
20. France 6 2017
21. Barbade 6 2017
22. Moldavie 6 2013
23. Slovaquie 6 2017
24. Belgique 6 2017
25. Lettonie 6 2017
26. Serbie 6 2017
27. Croatie 6 2017
28. Hong Kong 5 2018
29. Cuba 5 2017 etc.
3.2 Classement international du nombre de médecins pour 1000 habitants
1. Monaco 8 2014
2. Saint-Marin 6 2014
3. Grèce 5 2017
4. Biélorussie 5 2015
5. Autriche 5 2017
6. Portugal 5 2017
7. Lituanie 5 2017
8. Suisse 4 2017
9. Allemagne 4 2017
10. République tchèque 4 2017
11. Bulgarie 4 2015
12. Danemark 4 2016
13. Islande 4 2017
14 Italie 4 2017
15. Suède 4 2016
16. Espagne 4 2017
17. Finlande 4 2016
18. Pays-Bas 4 2017
19. Estonie 3 2017
20. Slovaquie 3 2017
21. Hongrie 3 2017
22. Andorre 3 2015
23. Irlande 3 2017
24. France 3 2017
25. Moldavie 3 2017
. Lettonie 3 2017
27. Serbie 3 2016
28. Slovénie 3 2017
29. Belgique 3 2017
30. Luxembourg Etc.
Ainsi la France se trouve placée au 24e rang
Source de ce tableau : https://www.indexmundi.com/map/?v=2...
3. 3 Évolution du nombre de médecins pour 1000 habitants en France
a) Après 2007 une projection de 2006 prévoit une baisse de 10 % des médecins en disant, alors que le rapport cité ci-dessus propose d’en augmenter le nombre ! Voir article https://orsbretagne.typepad.fr/file...
b) On obtient avec le lien suivant la variation du nombre de médecins pour 1000 habitants en France entre 1970 et 2018 :
https://perspective.usherbrooke.ca/...
On constate que le nombre de mes dessins pour 1000 habitants à augmenter de 1970 pour arriver un maximum en 2006, passant de 1,20 à 3,44 pour 1000 habitants. Depuis l’élection de Sarkozy en 2007, le nombre de mes dessins pour 1000 habitants décroît pour arriver à 3,27 pour 1000 habitants en 2018.
C’était le nombre de médecins pour 1000 habitants en 1994, c’est-à-dire 24 ans plus tôt.
(En multipliant chaque chiffre par 100, on obtient un chiffre 100, qui donne le nombre de médecins pour 100 000 habitants)
Dans le même temps, la population française a augmenté de 8millions d’habitants passant de 59 à 67 millions d’habitants et a vieilli entre ces 2 années. On aurait pu espérer une amélioration du taux d’encadrement médical sur cette période.
On mesure ainsi l’ampleur de la dégradation de la médecine de ville et de campagne.
3.4 Le salaire des infirmiers et infirmières en France.
D’après l’OCDE, la France se situe au 23e rang sur 33 pour le niveau de salaire des infirmiers et infirmières. En Europe, la France est aussi, en queue de peloton : voir : https://www.topito.com/top-pays-pay...
4– Résolution d’un paradoxe apparent.
On peut se demander pourquoi des gouvernements libéraux, utilisant souvent comme fonds de commerce électoral la lourdeur administrative et son coût, persiste à maintenir en place des agences régionales de santé, pouvant employer plusieurs centaines de personnes chacune et maintenir l’existence d’une multitude d’administrations centrales du domaine de la santé.
La liste de ces organismes dressée par le professeur Perronne dans son ouvrage « Décidément, ils n’ont toujours rien compris ! » (Albin Michel) est impressionnante.
Le grand public qui ne connaît guère le fonctionnement et les fonctions de ces administrations a toutefois constaté une large inefficacité dans la gestion de la crise sanitaire jusqu’à se poser la question : mais à quoi servent donc pour le bien public ces administrations ?
Pourquoi faire appel à des organismes privés comme l’a fait Macron alors qu’il existe pléthore d’organismes publics pour s’occuper d’une crise sanitaire ?
Portons notre attention ici essentiellement sur les ARS. Il serait trop long ici d’énumérer les différentes fonctions d’une ARS.
En voici un exemple. « La régulation comporte une dimension territoriale - pour une meilleure répartition des médecins et de l’offre de soins sur le territoire - et une dimension économique - pour une meilleure utilisation des ressources et la maîtrise des dépenses de santé.
La régulation est mise en place dans les différents domaines de responsabilité de l’agence, la loi mettant à la disposition du Directeur Général de l’ARS divers leviers, notamment :
L’autorisation de la création des établissements et services de soins et médico-sociaux, le contrôle de leur fonctionnement et l’allocation de leurs ressources.… »
Source : qu’est-ce qu’une agence régionale de santé ?
https://www.ars.sante.fr/quest-ce-q...
On comprend immédiatement que l’une des fonctions importantes d’une telle agence est de réguler et d’optimiser les moyens de l’État, via le ministère de la santé, les moyens matériels et humains pour faire fonctionner les différentes structures de soins dont les hôpitaux. Il est amusant dans le descriptif que l’on parle de création mais non de suppression de structures !
Il s’agit donc d’un appareil d’État, connectée d’ailleurs un autre appareil d’État : une préfecture, pour mettre en œuvre la politique gouvernementale de santé.
Le budget de la santé comme celui de l’État est voté par les assemblées parlementaires dont la couleur politique dominante est bien connue depuis des années : le libéralisme économique.
Les restructurations et suppression de diverses structures pour faire des économies sont donc mises en œuvre par les ARS. La tarification à l’acte, la rationalisation tous azimuts du fonctionnement des hôpitaux sont donc de la responsabilité de ses agences.
Les libéraux ont donc besoin de ces structures pour mettre en œuvre leur politique destructive des diverses ruptures de soins : suppression de poste, suppression de lits, transfert de services d’un hôpital à l’autre, fermeture en masse de maternité et de petits hôpitaux, gestion de la pénurie.
On comprend donc maintenant pourquoi cette structure sont indispensables pour la mise en œuvre des politiques ultralibérales.
Les diverses suppressions de moyens matériels et humains notamment dans les hôpitaux ces 20 dernières années ont mis ces derniers en permanence sous tension.
Pour camoufler et justifier cette politique destructive, on avance de belle formule : « virage ambulatoire », modernisation du management, gestion de la « mise en réseau » des structures sanitaires notamment les hôpitaux, éviter les gaspillages de moyens car ce sont les « contribuables paient », etc.
La description faite ici tente d’expliquer le paradoxe apparent de la conservation de ses lourdes structures par les libéraux.
Il ne faut donc pas se tromper de cible : la responsabilité première du manque de moyens pour les hôpitaux et du nombre insuffisant de médecins sont le résultat de décisions politiques prises par les différentes majorités gouvernementales. La technostructure ne fait qu’appliquer c’est politiques.
On comprend aisément que les élagueurs aient besoin de garder leur H ou leur tronçonneuse pour faire les coupes qu’ils jug ent nécessaires. On a constaté avec la crise sanitaire que le néolibéralisme mondial n’avait pas développée les moyens techniques et humains nécessaires pour faire face valablement aux besoins pour la protection sanitaire. Le même système provoque les mêmes effets avec évidemment des variantes selon l’histoire de chaque pays.
Ainsi, brandir un chiffre comme 11,3 % du PIB pour les dépenses de santé n’a guère de sens en soi. Il n’est qu’un simple indicateur pour effectuer des comparaisons imparfaites entre pays.
Combien faudrait-il dépenser pour délivrer des soins gratuits pour toute la po population ? Pour avoir un nombre de médecins et d’infirmiers suffisants ? Pour avoir un nombre de maternités, depuis tout est de lits pour faire face aux besoins ? Pour que le salaire des infirmières et des professions paramédicales soient dans le top 10 du classement de l’OCDE ?
Nous disposons d’une multitude d’organes administratifs pour faire de telles évaluations et aussi de plusieurs syndicats du secteur de la santé.
Faudrait-il alors dépenser 15 % du PIB ?
Il n’existe évidemment aucune volonté politique des néolibéraux pour effectuer de telles évaluations car ils savent qu’ils ne disposeront jamais du budget nécessaire, car leur choix et de maximiser la distribution des dividendes des actionnaires qui parrainent leur campagne politique.
On retombe toujours sur le fameux problème du partage de la valeur ajoutée produite par la population active..
Alors évidemment, pour éviter de remonter cette chaîne causale qui demande un petit effort de réflexion, il est beaucoup plus simple d’accuser la lourdeur de l’administration, les problèmes d’organisation, la mauvaise répartition géographique des médecins, les abus de certains « consommateurs de santé », etc. mais on oublie que tous ces dysfonctionnements qui en peuvent évidemment exister on une solution qui résulte d’une décision politique qui devrait être au service de l’intérêt général.
Pour conclure, les quelques comparaisons internationales précédentes montrent combien les 3 derniers gouvernements Sarkozy, Hollande,, Macron ont été particulièrement calamiteux dans le domaine de la santé publique. Évidemment on pourrait élargir le constat du désastre dans le domaine de l’éducation et de la recherche. **
Hervé Debonrivage
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