CHÔMAGE : CONNAÎTRE LES VRAIES CAUSES POUR POUVOIR Y REMÉDIER

mercredi 18 janvier 2023.
 

Les explications à l’épreuve des faits.

 [1].

Le but de cet article n’est pas de faire une analyse théorique du chômage et de démonter point par point l’analyse néoclassique libérale du chômage mais simplement de montrer en quoi les explications avancées par les médias relèvent essentiellement de la croyance ou de la mystification.

On pourrait justifier nos réponses par une multitude de graphiques et de tableaux mais cela aurait considérablement alourdi le texte . Ces compléments d’informations se trouvent dans les documents signalés en annexe. Il suffit de cliquer sur les numéros indiqués pour y accéder.

Les explications données par les médias libéraux ne sont pas forcément inexactes à 100 % mais ne sont significatives que sur des petits segments de l’économie à un moment donné, dans le meilleur des cas.

Le "marché du travail" est une entité changeante tant au niveau quantitatif que qualitatif et doit être considéré d’une manière dynamique.

Le chômage est le résultat de la conjonction de plusieurs flux : le nombre d’entrées sur le marché du travail, le nombre de départs à la retraite et de mises en invalidité, le nombre de décès de personnes en activité ; le nombre de créations et de disparitions d’entreprises. Ainsi, quand l’on compare le taux de chômage de différents pays, il faut tenir compte de ces différentes données.

La diminution du nombre d’emplois industriels due notamment aux délocalisations ne signifie pas qu’il ne se créent pas d’entreprises industrielles en France.(Voir rapport de l’Assemblée nationale en annexe).

Les chiffres du chômage

En utilisant les données des organismes officiels, les chiffres du chômage peuvent varier : Pour 2013, on comptait 2,8 millions de chômeurs selon les chiffres de l’INSEE, mais 5,89 millions selon les chiffres de la Dares issus des données de Pôle emploi, et selon un autre mode de calcul, le nombre de personnes en âge de travailler sans emploi s’élevait à la même date à 7 millions.

Lorsque l’on utilise les chiffres du chômage, il faut savoir si l’on considère les chômeurs de catégorie A seulement, ou A, B, C ensemble ou le total A, B, C, D, E ; si l’on considère les chiffres de la France métropolitaine ou de la France entière (avec DOM –-TOM). En octobre 2016, les chiffres de la DARES donnent : toutes catégories confondues (A, B, C, D et E), le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 6 214 900 en France métropolitaine (6 547 600 pour la France entière),

Depuis 1983, le taux de chômage en France est toujours resté au-dessus de 7%. Sur les 32 dernières années, 25 ont connu un taux supérieur à 8%, dont 7 années à plus de 9% et 4 années à plus de 10%. comment en 2015.

I – Les fausses causes du chômage diffusées massivement par les médias.

La première cause invoquée est le coût trop élevé du travail en France.

Cet argument est faux. Si l’on compare le coût du travail horaire dans différents pays avec les données statistiques européennes, on constate plutôt l’inverse : l’Espagne et le Portugal qui on le coût du travail le moins élevé ont un fort taux de chômage, alors que la Belgique l’Allemagne,, l’Autriche et les Pays-Bas qui ont les coûts le plus élevés ont le plus faible taux de chômage.

Cette idée s’appuie sur une croyance néoclassique selon laquelle la hausse des salaires provoquerait le chômage. Ce qui est statistiquement faux.

Cela est une variante de l’idée formulée par Philips en 1958 : la hausse des salaires générerait de l’inflation puis du chômage. Le prix des produits n’étant plus concurrentiel, les entreprises n’arrivant plus à vendre seraient obligées de licencier. Cet argument est utilisé par le patronat en permanence pour décourager les syndicats de demander des augmentations de salaires.

Tout d’abord, la relation entre hausses de salaires et hausses de prix n’est pas automatique car, par exemple, un prix de production est constitué de quatre agrégats : coût des matières premières (dont l’énergie) et les différents coûts d’amortissement (moyenne transport,…), coûts salariaux, profits de l’entrepreneur et taxes diverses. Il y a donc quatre causes possibles de la hausse des prix ou de leur diminution. Il faut évaluer en pourcentage la part de ces différents agrégats dans le prix. D’autre part, dans les coûts salariaux, on ne pose jamais la question : quelle est la part du coût salarial de l’équipe de directions dans le prix du produit ? On ne parle généralement que du coût salarial ouvrier ou employé unitaire .

Ensuite, si l’on examine l’évolution du salaire moyens en France depuis 50 ans, on constate qu’il n’existe aucune corrélation avec l’évolution du taux de chômage. D’autre part, la stagnation du salaire médian n’a pas fait baisser le taux de chômage.

Toujours dans la même idée : le coût des "charges" sociales serait trop élevé

Encore faux. De nombreuses exonérations de cotisations sociales et d’impôts ont été accordées aux entreprises ces 40 dernières années se chiffrant par dizaines de milliards d’euros par an. Or durant la même période, le taux de chômage est resté élevé et on ne trouve aucune corrélation significative sur le long terme entre l’allégement des cotisations sociales et la création d’emplois.

Transférer une part des cotisations sociales patronales aux salariés serait-il créateur d’emplois ? En 1945, le rapport des cotisations salariales aux cotisations « patronales » était de 1 à 4. il est aujourd’hui de 1 à 1,6. Ces 20 dernières années, le taux de cotisation « patronale » a augmenté de 1,8%, celui des salarié-e-s de 8,2%. Cela n’a eu aucun effet sur le taux d’emploi.

Enfin, "l’optimisation fiscale", la fraude et l’élévation fiscales consistant des allégements illégaux des "charges sociales et fiscales" ont-elles contribué à faire baisser le chômage ? Évidemment non. Et c’est même plutôt le contraire, puisque ces masses financières faramineuses n’ont pas été investies dans la production créatrice d’emplois.

La deuxième cause serait la rigidité du marché du travail en France.

a) Le code du travail serait trop rigide, les entreprises sont découragées d’embaucher parce que il y est lourd et compliqué de licencier.

Cet argument est faux. Les procédures légales pour licencier un salarié sont beaucoup plus contraignantes en Suède, Belgique, Allemagne, Autriche qu’en France et ces pays ont un taux de chômage moins élevé qu’en France.

b) Dans le même esprit, un autre argument consiste à affirmer que le marché du travail en France est trop rigide et que plus de flexibilité et de fluidité ferait baisser le chômage.

C’est encore faux . Aucune étude sérieuse n’a démontré une telle corrélation. On pourrait même penser le contraire. Le chômage espagnol était de 7,9 % en mai 2007 ; il est passé à 17,9 % en mai 2009 et il atteint aujourd’hui plus de 26 %. Or pendant le même temps, la flexibilité du marché du travail en Espagne avait considérablement augmenté.

c) Autre argument dans la même veine : le SMIC sera responsable du chômage

Argument encore faux. Par exemple, l’Espagne le Portugal et la Grèce ont baissé substantiellement le salaire minimum et dans ces trois pays le chômage a considérablement augmenté.

Observons que l’augmentation du SMIG en 1968 a été de 37, 8% et avait encore augmenté de 6,1% en 1969 ce qui n’a aucunement augmenté le taux de chômage de l’époque qui est resté stable entre 1967 et 1972. (Un peu plus de 200 000 chômeurs)

La troisième cause invoquée est un déséquilibre entre l’offre d’emploi et la demande.

Ainsi, le Medef annonce régulièrement que des milliers d’emplois dans la restauration, l’hôtellerie, l’aide à la personne, etc. ne sont pas pourvus. C ’est considéré alors que les salariés sont des marchandises comme du bétail. Si l’offre d’emploi est supérieure à la demande, il faut baisser le prix de la force de travail c’est-à-dire le salaire. Or pour les humains,, c’est l’inverse. Pour pourvoir ces emplois, il faudrait augmenter les salaires et améliorer les conditions de travail de ces secteurs où les salaires sont égaux ou inférieurs au SMIC. Les libéraux parlent alors de "salaire de réservation", ce qui relève plus de la fiction que de la réalité car dans de nombreux cas les salariés n’ont pas le choix d’exiger le montant de leur salaire. Dans le secteur de l’hôtellerie restauration, de nombreux jeunes diplômés préfèrent s’expatrier en Suisse, au Luxembourg, au Canada et, en Australie où les conditions de salaires sont nettement meilleures. Cette cause est encore une croyance non fondée puisqu’elle passe sous silence le problème salarial.

On peut évidemment toujours trouver des exemples particuliers de jeunes ne trouvant pas d’emploi correspondant à leur qualification en raison par exemple d’une insuffisance d’investissement de l’État et des entreprises dans la recherche-développement mais la cause de nature politique.

Observons que de nombreuses nouvelles formations professionnelles ont été créées dans dans l’enseignement secondaire (bac pro,…) et dans l’enseignement supérieur (DUT, licence et Master professionnel,…) mais que cela n’a pas suffi à résorber le chômage chez les jeunes.

La quatrième cause invoquée est la faiblesse de la croissance du PIB

Cet argument est encore faux. Entre 1980 et 2012 , le PIB de la France est passé de 500 milliards à 2000 milliards d’euros soit une augmentation de 400 %. Sur la même période, le nombre de chômeurs a au moins été multiplié par 3 et non par 4.

En réalité, il faut comparer la hausse de la productivité du travail à la croissance du PIB – Si la croissance productivité est inférieure à celle du PIB, ily a création d’emplois. – Si cette croissance de la productivité est supérieure à celle du PIB, ce qui est souvent le cas, il y a croissance du chômage Or, dans le cadre d’une économie capitaliste non planifiée la croissance de la productivité est aveugle et n’a que pour seul objectif que la hausse des profits..

Par exemple, de 1950 à 2013, en passant de 5,9 € à 46,1 € de l’heure de travail, la productivité horaire du travail a progressé en moyenne de 681 %. En 2013, 1 heure de travail produit 7,8 fois plus de valeur qu’en 1950. La croissance crée de l’emploi est donc un slogan essentiellement idéologique.

Cinquième cause invoquée : La hausse de la productivité du travail par les progrès dans la mécanisation, l’organisation, l’innovation technique et la qualification du travail.

Cet argument est à la fois vrai et faux. Les progrès dans la mécanisation et l’organisation détruise des emplois mais d’autres sont créés. (Informatique, gestion, etc.).

Mais en réalité cela dépend de la manière dont on répartit les la valeur ajoutée des entreprises résultant de ces gains de productivité et de la manière dont on reconsidère le temps de travail Si le surcroît de valeur ajoutée est distribuée en dividendes aux actionnaires plutôt qu’en salaires et que l’on ne baisse pas le temps de travail, alors le chômage augmente. Cette augmentation n’est donc pas une fatalité liée uniquement à la mécanisation et à toute forme d’innovation qui augmente la productivité du travail.

Une sixième cause invoquée est l’immigration qui serait responsable du chômage

Cet argument est encore faux. D’abord, de nombreux secteurs économiques ont besoin d’une main d’œuvre étrangère même en période de chômage important. Dans ces secteurs - nettoyage, bâtiment, métallurgie, artisanat, commerce de proximité, aide à la personne... la main-d’œuvre immigrée occupe des emplois peu qualifiés, mal rémunérés et pénibles.

Ensuite, si l’on compare le taux de chômage et le taux de population immigrée, ou le taux de la population étrangère dans l’ensemble des pays de l’OCDE, on constate qu’il n’existe aucune corrélation statistique entre ces données . De la même manière, en comparant les variations du taux de chômage et les variations du nombre d’immigrés, d’étrangers dans le pays de l’OCDE, on ne constate aucune relation.

Enfin, si l’on compare les courbes représentant l’évolution du taux de chômage et du taux d’immigration en France sur une longue période, on ne constate aucune corrélation.

Il s’agit là non seulement d’une croyance non fondée mais d’une manipulation.

Une septième cause invoquée serait la délocalisation de certaines entreprises

Cet argument est partiellement vrai. On évalue à 36 000 emplois détruits par an, en moyenne, comme conséquence des délocalisations mais selon les mêmes sources 41 000 emplois seraient créés du fait de la baisse des prix engendrés occasionnant ainsi une augmentation de la demande.

La fourchette de destruction est comprise entre 20 000 et 60 000 emplois parents selon les périodes et entre 9000 et 20 000 ou 20 000 dans l’industrie .On évalue à 12 % la part des destructions d’emplois due aux délocalisations dans l’industrie. En réalité, selon les statisticiens de l’INSEE il est très difficile d’évaluer correctement le nombre exact de délocalisations pour des raisons qu’il serait trop long d’examiner ici.

Une huitième cause serait qu’un grand nombre de chômeurs ne veulent pas travailler, notamment en raison d’un salaire trop faible.

À la fois vrai et faux. Il existe en effet des chômeurs volontaires mais aucune donnée statistique fiable permet d’en donner le nombre . Une étude menée en 1999 montre que parmi les personnes allocataires d’un RMI refusant un emploi, seulement 13 % invoquaient des raisons de salaire . La cause du refus pouvant être l’inadéquation de l’emploi proposé avec la qualification et l’expérience du demandeur, un éloignement excessif du lieu de travail. Une augmentation des salaires permettrait de creuser l’écart entre la somme des allocations que peut percevoir un allocataire et un salarié de même niveau de qualification et serait incitatif pour l’acceptation d’un emploi. (Mais un certain nombre d’élus de droite, percevant entre 10 000 et 40 000 € par mois, préconisent plutôt de diminuer les minima sociaux !)

II – Les vraies causes du chômage

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1 – Causes économiques.

Une double mauvaise répartition.

– La cause fondamentale est une mauvaise répartition des richesses produites (valeur ajoutée des entreprises) par la population active entre les salaires et les profits (EBE ou excédent brut d’exploitation des entreprises). Les fruits des gains de productivité résultant des innovations technologiques de la rationalisation de l’organisation du travail sont répartis d’une manière inégalitaire entre actionnaires et salariés.

Cela s’accompagne sur le long terme d’une croissance considérable des profits et d’une stagnation des salaires (à l’exception des très hauts salaires).

– Ces profits (EBE) croissant grâce aux gains de productivité sont à leur tour mal répartis.

a) La partie versée aux actionnaires sous forme de dividendes est prédominante et est pour l’essentiel placée sur les marchés financiers qui génèrent, à son tour, un profit financier. Faute, entre autres, d’une fiscalité adaptée dissuadant la spéculation financière, le taux capitalistique de rentabilité du capital financier est devenu plus intéressant que celui du capital productif. Thomas Piketty, dans son ouvrage "Le capital au 21 ème siècle" montre que ce phénomène est l’une des raisons essentielles des énormes inégalités de revenus et de patrimoine.

b) L’autre partie appelée aussi épargne brute servant à l’investissement productif, partie donc investie dans l’économie réelle est minoritaire. D’où une stagnation de l’investissement productif créateur d’emplois.

De 1949 à 1982, en passant de 68,1 % à 73,3 %, la part de la valeur ajoutée versée aux salariés a augmenté. À partir du milieu des années 80, les actionnaires ont commencé à exiger un taux de rentabilité minimum de 15 %. Ces exigences ont eu des répercussions sur le partage des bénéfices. De 1983 à 2013, tandis que la part de la valeur ajoutée versée aux salariés a diminué de 6,7 %, celle versée aux actionnaires a augmenté de 13,2 %. En 2007, avant la crise des SUBPRIMES de 2008, la part versée aux actionnaires était de 27 %.

Observons par exemple que l’investissement dans les TICE a diminué depuis 2000 passants de plus de 20 % des investissements à 16%actuellement.

Par ailleurs, 85 % des profits des entreprises du CAC 40 sont utilisés en distribution de dividendes et seulement 15 % sont recyclés dans l’économie réelle . La France est le premier pays distributeur de dividendes en Europe et le troisième au niveau mondial . La France comprend le plus grand nombre de millionnaires en euros d’Europe.

Selon l’INSEE, de 1980 à 2010, la part de dividendes en France est passée de 3 % de la richesse nationale à 9 %, soit une hausse de 180 milliards par an pendant trois décennies. En 30 ans, les dividendes extorqués sur le travail ont augmenté de 200 %. Sur la même période, en euros constants, les salaires n’ont progressé que de 20 % et malgré les dizaines de milliards d’« aides », d’assistanat aux chefs d’entreprise, le chômage de masse dépasse tous les records

Ainsi cette cause fondamentale du chômage se décline sous les formes suivantes.

La stagnation des salaires donc du pouvoir d’achat a engendré une demande insuffisante des ménages en biens de consommation et services.

Bridage de l’investissement des entreprises et de l’État dans l’économie réelle (nouveaux produits, recherche-développement, satisfaction d’une demande existante,…).

En outre, cette situation est aggravée par les facteurs suivants :

– Des taux d’intérêt trop élevés ou des conditions de prêt trop contraignantes, une fiscalité privilégiant le capital financier plutôt que l’investissement productif créateur d’emplois ont constitué un obstacle à l’investissement des entreprises.

– D’autre part une politique d’affaiblissement du rôle de l’État dans la création d’emplois dans les services publics et le secteur productif par diverses restrictions budgétaires a contribué aussi au développement du chômage.

– L’obligation de l’État à emprunter sur les marchés financiers depuis 1973 a contribué à augmenter la dette publique et a donc freiné les possibilités de cet investissement.

En résumé, une insuffisance de la demande globale des biens de consommation et d’équipement pour les trois acteurs de la vie économique ménages + entreprises + État est la cause fondamentale du chômage conditionnée par la financiarisation de l’économie où l’actionnaire est devenu roi et l’ingénieur un valet.

D’autre part les gains de productivité ne sont pas utilisés pour diminuer le temps de travail ce qui permettrait de répartir la même masse de travail sur un nombre plus important de salariés. On peut calculer qu’avec une meilleure utilisation de ces gains de productivité et en supprimant le chômage, la semaine de travail pourrait être ramenée à 26,3 heures. Autrement dit ce n’est pas seulement de l’argent qui est pris aux salariés par les capitalistes mais aussi du temps de vie personnelle.

En augmentant l’investissement et la création du nombre d’entreprises sur le territoire français, on diminuerait l’importation de nombreux produits que les travailleurs français sont capables de fabriquer. Cela permettrait d’éviter que l’augmentation du pouvoir d’achat provoque un déséquilibre de la balance commerciale en favorisant d’une manière excessive les importations.

La régulation des importations peut se faire par ailleurs par un protectionnisme solidaire. Nous ne développerons pas ici cette stratégie.

Il faut aussi que le taux de change de l’euro favorise les exportations pour stimuler ’investissement des entreprises françaises exportatrices.

L’investissement en recherche-développement éviterait aussi que de nombreux jeunes très diplômés se trouvent contraints de s’expatrier à l’étranger.

2 – La cause politique.

Comme c’est bien connu, le chômage constitue une "armée de réserve" qui permet au patronat de faire pression sur les salaires et plus particulièrement de neutraliser les revendications syndicales notamment pour la hausse des salaires. Ainsi, les salariés insuffisamment dociles, se trouvent menacés de perdre leur emploi et d’être remplacé par l’un de ces nombreux "concurrents" qui attendent à la porte. Selon un sondage réalisé par la CGT il y a quelques années, c’est la raison essentielle qui explique le faible taux de syndicalisation. En observant les courbes statistiques, on constate que l’augmentation du chômage coïncide avec la mise en place et le développement du néolibéralisme depuis 1975. Le chômage constitue la première chaîne d’or qui emprisonne les salariés. Cela coïncide aussi avec la mise en place de la deuxième chaîne d’or : la dette publique qui aservi l’État aux desiderata de l’oligarchie financière.

En complément de cette technique d’asservissement, la faiblesse des salaires obligent les salariés à s’endetter d’une manière importante . De ce fait, il est difficile pour eux de participer à des mouvements de grève plusieurs jours. On retrouve ici la deuxième chaîne d’or : la dette envers les oligarques de la finance.

Plus généralement encore, cela permet d’entretenir un sentiment d’insécurité généralisée et de rendre plus difficile la remise en cause du système économique dominant. Cela permet aussi d’utiliser des boucs émissaires (immigrés, fonctionnaires…) pour masquer les véritables causes du chômage, de la dette publique et de diviser les salariés entre eux.

Pourquoi les représentants politiques de droite et du PS ne font pas référence à ces causes réelles qui seront encore absent de leurs discours électoraux ?

Tout simplement parce qu’ils défendent les intérêts des actionnaires prioritairement soit par idéologie soit par stratégie de carrière. Car ce sont ces actionnaires qui financent en partie leurs campagnes électorales et leur permettent d’accéder largement aux médias.

Pourquoi les médias n’invoquent-t-ils pas non plus ces causes réelles ?

Parce que la plupart des médias sont possédés par des groupes d’actionnaires et que les services publics d’information sont contrôlés par des amis politiques de ces actionnaires ou par des individus ayant intégré l’idéologie néolibérale ou social – libérale. C’est aussi simple que cela.

III – Comment éliminer le chômage.

Il faut donc agir sur les vraies causes du chômage et non pas sur les fausses.

Pour ce faire, par exemple, il faut augmenter le SMIC et plus généralement les salaires Nous allons utiliser des mesures du programme du mouvement France insoumise "L’avenir en commun" porté par Jean-Luc Mélenchon.

Nous utiliserons par exemple la notation M30 signifiant : voir les mesures de la section 30 (paragraphe 30) du programme "L’avenir en commun".

Modifier la répartition salaires– profits dans la valeur ajoutée

Il faut pour cela :

– augmenté le SMIC et les salaires (M30) de manière à augmenter la demande en biens et services

– et instaurer un salaire maximum (M 29) tout en agissant pour une égalité de salaires entre femmes et hommes (M32)

Cette augmentation de salaires doit s’accompagner :

– pour ne pas mettre en difficulté les TPE – PME d’une politique d’aide au financement de ces catégories d’entreprises . (M 21)

– pour ne pas faire que l’augmentation de la demande rende déficitaire la balance commerciale en faisant exploser les importations, il faut développer un plan de relance de l’activité productive sur le territoire national (M18)

– et instaurer un protectionnisme solidaire (M 17) pour que des produits fabriqués au moindre coût à l’étranger fasse une concurrence déloyale aux produits français.

Cette relance de l’activité doit se faire en respectant des critères écologiques dans les processus de production (par exemple pour l’agriculture M 46) et de distribution. (M 43 et M 44). Nous allons revenir sur la relance de l’activité.

Une autre manière de limiter les profits que par la fixation d’un revenu maximum est aussi la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale (M 37) Cela permet à l’État de récupérer ce qui lui est dû et de pouvoir créer des emplois.

Modifier la répartition du profit entre dividendes/ épargne productive.

Cela suppose de définanciarser l’économie (M 20), mettre au pas la finance (M 19), empêcher les licenciements boursiers (M 23) Cela suppose aussi une révolution fiscale permettant de rendre l’investissement productif et créateur d’emplois plus rentable que l’investissement financier (M36)

La réorientation des capitaux vers l’investissement productif dans l’économie réelle demande de développer massivement différents secteurs d’activité, outre ceux existant déjà. Il faut lancer un plan de relance de l’économie au service de la transition écologique (M 18), Il faut notamment investir massivement dans la transition énergétique (M 39), dans la rénovation écologique du bâtiment (M 40) tout en permettant l’accès à tous du droit au logement (M 34), investir dans les transports écologiques (M 41 – 42), développer l’agriculture biologique (M 46), lancer un "plan mer" créant d’un grand nombre d’emplois maritimes (M 81), relancer l’industrie spatiale (M82) et développer l’économie numérique (M 83).

Cette relance économique doit s’accompagner d’une croissance sans précédent des entreprises de l’économie sociale et solidaire (M 22). Cette relance économique créatrice d’emplois conduit à éradiquer la pauvreté. (M 33).

Une utilisation des gains de productivité au service de l’humain et non d’une caste.

Les gains de productivité permettent certes d’augmenter la quantité de richesses produites en un temps donné, mais permet aussi de réduire le temps de travail (M 28) et de rétablir la retraite à 60 ans (M 31). Ces deux mesures donnent des possibilités pour dégager des emplois permettant ainsi de réduire aussi le chômage notamment chez les jeunes.

Des mesures protectrices et motivantes pour les travailleurs.

Une vision fanatique et barbare de certains libéraux est de croire que l’instabilité de l’emploi, le management par le stress, la mise en concurrence de tous contre tous sous prétexte d’émulation seraient bénéfiques pour la productivité, l’innovation et la vie de l’entreprise alors que toutes les études de sociologie du travail et tout simplement l’expérience montrent le contraire. L’instabilité et la précarité de l’emploi sont non seulement psychologiquement pathogènes mais détruise la motivation au travail.

La lutte contre la précarité et le chômage doit donc s’accompagner de mesures institutionnelles protégées par la constitution et la loi.

Il faut donc d’abord respecter les travailleurs et leur métier (M 25) il faut instituer un nouveau statut de protection pour les travailleurs : la sécurité sociale intégrale. (M 26) garantissant notamment ses possibilités de formation et de conservation d’un revenu convenable lorsqu’il change d’emploi. La loi rétrograde El Khomri doit être supprimée de toute urgence. (M 24). Lorsque les jeunes sont stagiaires et entrent sur le marché du travail, il faut leur assurer la capacité d’être autonome (M 27).

Il faut reconnaître la citoyenneté et des droits nouveaux pour les travailleurs dans l’entreprise. (M 10) permettant ainsi par une gestion plus collective d’éviter des dépôts de bilan et donc des licenciement par incompétence par exemple. Cela implique une 6èmes république défendant l’intérêt général et les biens communs (M 9).

La lutte contre le chômage devant conduire à sa disparition nécessite donc une remise en cause globale du fonctionnement du système économique et aussi institutionnel de notre société.

Les personnalités politiques ne voulant pas, pour des raisons idéologiques ou de carrière personnelle, remettre en cause ce système, notamment la répartition des richesses produites par les Français, invoquent de fausses causes du chômage et font ainsi preuve de charlatanisme en prétendant combattre le chômage par des mesures libérales. Ces mesures libérales ont fait preuve de leur inefficacité depuis 40 ans dans tout le monde capitaliste.

À l’inverse, la mise en œuvre programme "L’’avenir en commun" permettrait d’arriver à réduire progressivement le taux de chômage et lui faire atteindre un niveau voisin de zéro, c’est-à-dire humainement parlant, faire disparaître beaucoup de larmes et de souffrances.

Annexe : ressources documentaires.

Quels sont les causes et les conséquences du chômage ? Par Jean-Christophe Giuliani (1)

Le chômage dans l’analyse libérale (2)

Le chômage structurel et le chômage frictionnel (analyse libérale) (3)

La relation salaires– emploi chez les classiques (4)

Relations de salaire – taux de chômage : courbe de Philips (1958) (4 ’)

Les salaires publics et privés depuis 1968 de Marguerite Perrot. Source : économie et statistiques volume 20 – 1971. INSEE (4’’)

La fluidité du marché travail ne joue pas sur sa performance par Michel Husson (5)

Création d’emplois avec une croissance molle. Michel Husson (6)

La croissance ne crée pas d’emplois . Agora Vox (7)

Le(s) marché(s) du travail en Europe. OFCE (8)

Le SMIC est-il vraiment la cause du chômage ? (9)

L’immigration n’augmente pas le chômage : c’est prouvé (10) .

Les délocalisations détruisent 36 000 emplois par an. Le Figaro (11)

Délocalisations et réduction d’effectifs dans l’industrie française . INSEE (12)

Délocalisation, désindustrialisation, chômage, ça déménage… Libération (13)

Rapport d’information sur l’investissement productif. Assemblée nationale. 2015 (14) Tableaux sur le nombre d’entreprises créées par an depuis 2009

Décomposition du chômage structurel. Rapport d’information Sénat.(15)

Trappes à chômage ou trappes à pauvreté ? Quel est le sort des allocataires du RMI ? Université Paris I (16)

Les distributions de dividendes plombent l’investissement des entreprises Alternatives économiques (17)

Reprendre la plus grande partie des dividendes extorqués sur notre travail. Gérard Filoche.(18)

Où sont passés les 2 millions d’emplois détruits dans l’industrie depuis 1980 ? La Tribune (199)

Le droit du travail bradé sur le « marché des normes » par Alain Supiot Professeur à l’Université de Nantes Professeur au collège de France.(20)

Quand les actionnaires accaparent 60% des bénéfices des entreprises Basta mag du 05/12/2013 (21)

Le mauvais procès instruit contre le code du travail. Alain Supiot. Source : Alter éco(22)

Liens Debonrivage

Les profits (23)

Les salaires (24)

Il faut augmenter les salaires ! (25)

L’ économie capitaliste au service des 1 % les plus riches. (2 6)

Quel impact des exonérations de cotisations sociales patronales sur l’emploi ? (25)

La macron économie de F. Hollande : enrichissement des actionnaires et appauvrissement des classes populaires (26)

Partager la richesse, oui ! Mais qu’est-ce que la richesse ? (27)

L’avenir en commun : programme avancé de transformation économique politique et sociale. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Hervé Debonrivage

[1] Préambule


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