Charles Fourier et les menaces contre la planète

lundi 23 août 2021.
 

En 1821 Charles Fourier écrit un texte intitulé « La détérioration matérielle de la planète ».

Comme Rauch, dont il est le contemporain et le lecteur attentif, ce dernier déplore « la perte de santé du globe », dont les plus graves symptômes seraient le changement climatique (un refroidissement plutôt qu’un réchauffement), la déforestation et le déclin de la fertilité des sols18. Il est significatif que Fourier attribue à la terre un état qui habituellement caractérise un être vivant : la santé. Il ne fait pas un usage métaphorique de ce terme. Selon lui, la terre fonctionne comme un être animé, « en analogie parfaite avec le corps humain19 ». Loin d’opposer des sujets humains à une nature-objet, il affirme l’existence d’une relation d’interdépendance entre la santé des premiers et celle de la seconde ; la détérioration de la terre entraînerait la ruine de l’humanité, à la fois sur un plan matériel et spirituel, et réciproquement.

Fourier partage avec Rauch la croyance selon laquelle la nature résulte d’une création divine. Mais il se montre plus radical encore que l’auteur de l’Harmonie hydro-végétale, en donnant littéralement vie à la terre et à l’univers, dans une sorte d’« animisme universel20 ». Les coups mortels portés à la nature contreviendraient donc à la loi morale la plus fondamentale : ne pas tuer. Fourier est ainsi convaincu que « la détérioration matérielle de la planète » est un péché réprouvé par Dieu lui-même :

« Les tonnerres, grêles, verglas, givres et brouillards, aquilons et ouragans, averses et pluies infectes, sont-ils un don de la Providence ou une légion vomie par l’Enfer ? […] Et les imbéciles civilisés, dépouillés par ces fureurs des éléments, vont rendre de sottes actions de grâce à la Providence, qui elle-même a horreur de cet enfer atmosphérique21. »

Le texte de Fourier est resté relativement confidentiel. Il a néanmoins été lu par un auteur qui a pu s’en inspirer et surtout qui a su attirer l’attention de l’opinion : Eugène Huzar.


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