Le sang et les larmes. Qui paiera la crise ?

mardi 13 septembre 2022.
 

En annonçant que « nous vivons la fin de l’abondance, la fin de l’insouciance », le Président Emmanuel Macron n’a pas fait un dérapage incontrôlé, il a un agenda. Son entêtement à vouloir mener à bien son plan de destruction du régime de retraites par répartition l’atteste, il ne change pas de cap, malgré le rejet par l’opinion publique, le refus des syndicats, voire le peu d’intérêt manifesté par une frange croissante du patronat. On le sait, l’anagramme de « la fin de l’abondance » c’est « le bon de la finance ». Un jeu de mot ne fait jamais en soi une vérité, mais les faits sont têtus : au second trimestre 2022, les principales entreprises du CAC 40 ont versé 44,3 milliards d’euros de dividendes. Rien de neuf en soi, les crises et les guerres touchent le plus souvent les peuples que les oligarchies. La crise des subprimes a lourdement touché des centaines de milliers de familles, mais s’est soldée par le sauvetage, par la puissance, des établissements financiers qui avaient spéculé sur la pauvreté des ménages modestes ayant besoin de se loger quel qu’en soit le coût.

Le Président de la République semble vouloir préparer la population à une crise d’une ampleur inégalée. Elle le sera, hélas, d’autant plus que rien n’a été fait pour nous y préparer. La loi de la finance a fragilisé nos hôpitaux avant le Covid, tant et si bien qu’une des raisons de la rigueur des confinements et la hargne affichée par Castaner ou Lallement visaient à compenser le délabrement de nos services, de nos stocks de masques. Les applaudissements des soignants comme l’honneur rendu aux pompiers cachent mal la diminution des moyens de l’État, jusque dans la suppression massive de postes à l’Office National des Forêts ces années passées. La crise est là, climatique et sociale, mais elle a été accentuée par nos dirigeants.

La pollution générée par les jets privés a augmenté de 30% en 15 ans, les 1% des plus riches sont responsables de 50% des émissions de carbone du secteur aérien. Pour s’exonérer de toute responsabilité et continuer aveuglément à servir les intérêts du capitalisme, il s’agit alors de faire porter la responsabilité sur tout un chacun : ce sont les petits gestes quotidiens et non réduire le train de vie et les options prédatrices des plus riches. Le gouvernement tergiverse à imposer aux jets privés ne serait-ce que la règle qui s’applique à tout le monde : pas d’avion si une solution par train existe. Le discours du Président annonce des temps difficiles, mais pas pour les riches. Ce discours est concerté : quelques jours avant un député macroniste lâchait « il y a un moment où il faudra passer au discours du sang et des larmes ». La question aujourd’hui reste la même : qui paiera le coût de la crise qui est la nôtre ? La mobilisation et la résistance s’imposent. Les mobilisations des semaines à venir, pour les services publics et contre la vie chère doivent imposer un autre rapport de forces que celui voulu par le gouvernement.

Benoît Schneckenburger


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