« Les femmes de France vous regardent » : le droit à l’IVG bientôt inscrit dans la Constitution ?

lundi 28 novembre 2022.
 

IVG. Vers une avancée historique pour le droit des femmes aujourd’hui dans notre pays ? La France insoumise (LFI) défend en ce moment même à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à inscrire le droit à l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) dans le marbre de la Constitution.

Mathilde Panot, la présidente insoumise, a cité Simone de Beauvoir pour ouvrir le débat. Éric Dupont Moretti, garde des Sceaux, s’est montré complice de l’obstruction parlementaire tout en la dénonçant, puis Pascale Martin (LFI) a cité un témoignage glaçant d’avortement. Le débat est lancé. Vers une avancée historique aujourd’hui en France ? Notre article.

Mathilde Panot défend l’urgence d’inscrire le droit à l’IVG et la contraception dans la Constitution.

La présidente du groupe LFI-Nupes à l’Assemblée nationale rappelle la situation dramatique dans plusieurs pays occidentaux : « L’Histoire des droits des femmes a quelque chose d’implacablement répétitif. S’il est un invariant de notre civilisation humaine c’est la domination des hommes sur les femmes et les velléités de contrôle sur leur corps. Les États-Unis, la Pologne, la Hongrie, l’Italie se sont déjà engouffrés dans cette guerre impitoyable réduisant les femmes à un sort misérable. »

« La seule conséquence de la privation des droits à avorter c’est l’avortement clandestin et souvent la mort »

Ces régressions ont, comme toujours, des conséquences dramatiques : « A chaque sursaut réactionnaires, les droits de femmes sont en première ligne. J’ai une pensée émue pour Isabelle et Agnieszka, deux femmes polonaises mortes de ne pas avoir pu avorter dans de bonnes conditions. »

Face à ce péril, Mathilde Panot exhorte les élus à donner la meilleure protection à ce droit humain fondamental. « Cette proposition de loi vise à nous prémunir d’une terrible régression. Nous ne voulons laisser aucune chance aux personnes hostiles à l’IVG et à la contraception. »

La députée du Val-de-Marne appelle ses collègues à se montrer honnête. L’enjeu ne peut supporter des postures et la langue de bois. « Souhaitez vous laisser une chance ? Si la réponse est non, alors il faut voter cette proposition de loi. Si oui, cessez d’avancer masqués. Vos amendements nous servent les poncifs les plus éculés. Le sort des femmes n’a pas à dépendre de vos conservatismes personnels. »

Eric Dupond-Moretti s’est montré complice de l’obstruction parlementaire lancée par le Rassemblement National tout en la dénonçant à travers une très longue intervention soutenant d’abord la constitutionnalisation de l’IVG, puis précisément le texte de la majorité. La PPLC de la majorité sera examinée la semaine prochaine dans l’hémicycle, celle-ci a évidemment la faveur du gouvernement. Il met en garde « attention il faut tenir compte du Sénat et de son vote le 19 octobre dernier » et nous rappelle ce soi-disant « principe de réalité » : pour une proposition de loi constitutionnelle, il faut que cela soit adopté en termes identiques dans les deux chambres. C’est pourquoi il faut prendre en compte toutes les contraintes politiques en présence dans les deux chambres.

Après la politicaille de Dupont-Moretti, Pascale Martin remet le peuple et sa parole sur le devant de la scène.

« Les femmes de France vous regardent » s’exclament la députée de Dordogne, rappelant ainsi l’enjeu de ce scrutin. « En France, 1 femme sur 3 avorte au cours de sa vie. Il y a 215 femmes dans cet hémicycle. 71 femmes, parmi nous, ont avorté ou avorteront. Au sein du groupe RN, 11 femmes ont avorté ou avorteront. Oui, même les femmes de droite avortent ! »

L’élue LFI-Nupes donne ensuite tout son sens à son mandat de représentante du peuple. Par sa voix, résonne dans l’hémicycle la voix de Josette, une femme de sa circonscription qui lui a raconté son histoire. « c’était en 1960, j’avais 14 ans, un soir ma maman dans la baignoire toute pale, elle avait 36 ans, je me rappellerais toujours son regard apeuré, mon père a appelé une ambulance et c’est la dernière fois que j’ai vu ma mère. Elle est décédée trois semaines plus tard.

A l’époque, je ne comprenais pas j’avais 14 ans, on m’a juste dit qu’elle était morte d’une septicémie, j’ai été obligé de quitter l’école et de m’occuper de mes 5 frères et sœurs jusqu’à mes 20 ans, ce n’est qu’à 20 en discutant avec ma tante que j’ai compris que ma mère était décédée d’une avortement. A l’époque évidemment c’était interdit d’avorter elle l’avait fait toute seule avec les moyens du bord, ma mère a eu 6 enfants et j’ai appris plus tard que ce n’était pas la première fois qu’elle avait tenté d’avorter. Elle devait avoir peur à chaque rapport. Peur de tomber enceinte. D’autant que mon père se mettait en colère chaque fois que cela arrivait.

Ces souvenirs restent extrêmement douloureux pour moi. Ce sont des traumatismes qui restent. Ce sont des vies qui sont détruites ou bouleversées à cause des avortements clandestins. Celles de ma mère mais aussi la mienne, celle de mes frères et sœurs, celle de mon père. je raconte cette histoire parce que ma colère doit servir à quelque chose. Aujourd’hui encore, je suis enragée quand j’entends des gens dire qu’ils sont contre l’avortement ou qu’ils veulent limiter ce droit ! La maternité, ça doit rester un choix ! »

Le 24 novembre 2022 sera-t-il un jour historique dans le combat pour le droit des humains à disposer de leur corps avec le début du processus de constitutionnalisation du droit à l’interruption de grossesse et à la contraception ?

Droit à l’IVG : l’Assemblée nationale vote à une écrasante majorité l’inscription dans la Constitution

La députée LFI Mathilde Panot a réussi son pari. "Je veux dédier cette victoire historique aux femmes des Etats-Unis, aux femmes de Pologne, aux femmes de Honfrie dont le droit à l’avortement est aujourd’hui entravé. Mais aussi aux militantes qui dans notre pays luttent au quotidien pour le droit des femmes à disposer de leur corps" a déclaré l’élue après le vote, à une écrasante majorité et avec une quasi-unanimité du Modem à la France insoumise, par 337 voix pour, 32 contre sur ’387 votants), de l’inscription de l’accès à l’IVG dans la Constitution.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message