Que nos grèves soient puissantes !

mercredi 18 janvier 2023.
 

Que nos grèves soient puissantes.

Ce n’est pas une prière, c’est une déclaration d’intention. Un défi lancé au pouvoir du Capital, celui qu’exercent physiquement patronat et gouvernement. Une promesse à tenir pour notre classe, pour notre camp social.

Car patronat et gouvernement veulent, à nouveau, nous voler des années de retraite. Des années de vies libérées – pour partie – du règne du Capital. Le 19 janvier, par la grève, nous refuserons ce vol, nous redirons que nous voulons travailler moins et moins longtemps : pas un jour de plus, pas un euro de moins. Partir à la retraite à 60 ans (et à taux plein) doit redevenir un maximum.

L’appel intersyndical à la grève en défense de nos retraites ce jour-là, de par son unité historique, est un solide point d’appui pour ça. Il invite à s’élancer dans la durée et vise la victoire, parce que nous luttons pour gagner.

Oui nous étions nombreuses et nombreux à attendre cette appel à la grève. Nous connaissions les discussions entre organisations syndicales et les avis différents à ce sujet : certaines voulaient une date en amont des annonces du gouvernement, annoncée suffisamment à l’avance pour la préparer sur les lieux de travail, avec pour modèle la journée de grève du 5 décembre 2019. D’autres souhaitaient attendre les annonces gouvernementales.

Est-il utile à ce stade de « refaire le match » ? Nous avons maintenant une date de grève, elle était attendue, elle était préparée, les organisations et les équipes syndicales sont bel et bien en ordre de bataille. Le 19 janvier nous serons en grève et la priorité absolue est de convaincre nos collègues de travail, nos proches, nos ami·es, de l’être le plus possible.

Y a-t-il par ailleurs un « modèle » de mobilisation à reproduire en toute situation ? Les luttes se construisent-elles « sur plan » (dont on se demande bien qui en serait l’architecte) ?

Les structures existent, elles ont leurs défauts, elles ont leurs qualités. Elles permettent aujourd’hui d’ouvrir le temps de la grève par une mobilisation qui s’annonce exceptionnelle. Les fédérations représentatives du secteur du Rail – CGT, Unsa, SUD et CFDT – se déclarent déterminées à agir et annoncent qu’elles ne s’arrêteront pas au 19 janvier. Même chose du coté des syndicats de l’éducation – CGT, FO, FSU, CFDT, Snalc, SUD et Unsa. La CGT Pétrole appelle successivement à la grève le 19 janvier, à 48 heures de grève le 26 janvier et à 72 heures le 6 février. La pétition initiée par l’intersyndicale nationale a déjà rassemblée plus de 250 000 signatures en moins de 48 heures. La marche du samedi 21 janvier (et bien que sa préparation n’ait pas permis aux organisations syndicales de s’y associer) contribuera au climat de mobilisation générale. Alors saisissons le moment tel qu’il est et tirons en le meilleur. Et le meilleur passe par la grève.

Pour les militantes et militants de la grève justement, la question n’est pas d’appliquer un « plan » à l’identique dans tous les secteurs et dans tous les territoires. Celles et ceux qui vont se lancer dans la grève ne sont pas le doigt sur la couture du pantalon à attendre les ordres d’un quelconque état-major syndical ou de « directions » alternatives auto-proclamées. Pas de gros bouton rouge pour la grève générale.

C’est par contre, sur chaque lieu de travail et de vie, s’adapter aux formes que va prendre l’action gréviste telle qu’elle est expérimentée et vécue collectivement, ne pas craindre une éventuelle spontanéité.

C’est avoir une démarche qui vise, à partir de ces réalités – qui auront leurs similitudes comme leurs caractères propres d’un lieu à l’autre, à construire et à ancrer la grève.

Une démarche qui déjoue les pièges de la grève par procuration : la grève peut et doit être partout chez elle. Il ne s’agit en ce sens pas tant d’alimenter des caisses de grèves nationales que de prendre sa part à l’action gréviste en tant que telle.

Qui promeuve l’auto-organisation réelle : avec des assemblées générales, des temps d’échanges et de partages qui soient les plus représentatifs possibles de collectifs de salarié·es mobilisé·es. En garantissant des allers-retours au plus proches des lieux de travail, pour que la grève soit appropriée le plus largement et pas seulement décidée et menée par les militant·es confirmé·es et les syndicats.

C’est enfin poser l’objectif de sa reconduction, pour que la durée permette, en libérant du temps (et en le transgressant), plus et mieux d’auto-organisation, donc plus d’ancrage, donc plus de force au combat. Tout s’alimente.

Alors pour nos retraites, pour la victoire, rendons la grève, rendons nos grèves vivantes et imaginatives !

Théo ROUMIER


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