Connerie en Macronnie : une étude psychosociale

samedi 10 décembre 2022.
 

Voter contre ses intérêts, gouverner en persévérant dans ses erreurs et sans tenir compte de la réalité relèvent de la connerie. Mais comment définir la bêtise et la connerie ? C’est l’un des enjeux du nouvel ouvrage de Jacques Généreux qui nous aide à devenir plus intelligent.

voici un entretien très intéressant avec Jacques Généreux concernant son ouvrage La connerie économique a pris le pouvoir.

La bêtise consiste à ne pas faire fonctionner correctement son intelligence, la connerie consiste à persévérer dans la bêtise, à ne pas reconnaître ses erreurs et la réalité des faits.

Le titre du livre est donc à comprendre de deux manières symétriques :

D’un côté, une partie du peuple a pris le pouvoir avec sa connerie (pas de prise en compte des effets néfastes de la politique de Macron de 2017 à 2022, absence d’analyse des programmes et prédominance de l’émotion et du biais de confirmation) ; d’un autre côté, Macron qui a pris le pouvoir exerce toujours celui-ci sans tenir compte de ses erreurs et de la réalité des faits notamment dans le domaine social et géopolitique.

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Présentation sur le site « Les crises »

https://www.les-crises.fr/la-conner...

VIDÉO26.novembre.2022 // par Olivier Berruyer

LA CONNERIE A PRIS LE POUVOIR ! COMPRENDRE LE CERVEAU DE NOS « ÉLITES » – Jacques Généreux

Jacques Généreux est professeur d’économie, une matière qu’il enseigne depuis près de trente-cinq ans. Pourfendeur de longue date du néolibéralisme et de l’absurdité des politiques économiques menée depuis 30 ans, Jacques Généreux a écrit de nombreux ouvrages fondamentaux pour proposer une économie plus égalitaire et rationnelle. Face au refus de nos élites de mettre fin au sabotage de la France, il explore dans son dernier livre « Quand la connerie économique prend le pouvoir » une nouvelle thèse à la croisée entre l’économie et les sciences cognitives : celle de la bêtise.

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Autre intervention autour de son ouvrage, une conférence-débat : quand la connerie économique prend le pouvoir

https://www.youtube.com/watch?v=4-D...

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il peut être opportun de faire un rappel de ce que disait Pierre Bourdieu sur le « racisme de l’intelligence ».

Les dirigeants au service de la classe dominante sont le plus souvent labellisé par un titre universitaire plus ou moins prestigieux qui leur confère le droit de penser qu’ils incarnent la raison et la vérité comme nous l’avions mentionné dans un article précédent en nous appuyant sur des remarques de Jean-Pierre Worms.

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Racisme de l’intelligence.

par Pierre Bourdieu

Source : Le Monde diplomatiqu. Avril 2004 https://www.monde-diplomatique.fr/2...

Il faut avoir à l’esprit qu’il n’y a pas un racisme, mais des racismes : il y a autant de racismes qu’il y a de groupes qui ont besoin de se justifier d’exister comme ils existent, ce qui constitue la fonction invariante des racismes. Il me semble très important de porter l’analyse sur les formes du racisme qui sont sans doute les plus subtiles, les plus méconnaissables, donc les plus rarement dénoncées, peut-être parce que les dénonciateurs ordinaires du racisme possèdent certaines des propriétés qui inclinent à cette forme de racisme. Je pense au racisme de l’intelligence.

Le racisme de l’intelligence est un racisme de classe dominante qui se distingue par une foule de propriétés de ce que l’on désigne habituellement comme racisme, c’est-à-dire le racisme petit- bourgeois qui est l’objectif central de la plupart des critiques classiques du racisme, à commencer par les plus vigoureuses, comme celle de Sartre.

Ce racisme est propre à une classe dominante dont la reproduction dépend, pour une part, de la transmission du capital culturel, capital hérité qui a pour propriété d’être un capital incorporé, donc apparemment naturel, inné. Le racisme de l’intelligence est ce par quoi les dominants visent à produire une « théodicée de leur propre privilège », comme dit Weber, c’est-à-dire une justification de l’ordre social qu’ils dominent. Il est ce qui fait que les dominants se sentent d’une essence supérieure.

Tout racisme est un essentialisme et le racisme de l’intelligence est la forme de sociodicée caractéristique d’une classe dominante dont le pouvoir repose en partie sur la possession de titres qui, comme les titres scolaires, sont censés être des garanties d’intelligence et qui ont pris la place, dans beaucoup de sociétés, et pour l’accès même aux positions de pouvoir économique, des titres anciens comme les titres de propriété et les titres de noblesse.

Pierre Bourdieu

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cela rejoint l’idée de « bêtise égocentrée » définie par Jacques Généreux.

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Hervé Debonrivage


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