Jean Jaurès et la souveraineté nationale.

samedi 13 janvier 2024.
 

Il ne faut pas laisser à la droite ou à l’extrême droite le soin de s’approprier la notion de souveraineté nationale : dans le contexte actuel, ce serait suicidaire politiquement pour la gauche.

Il me semble nécessaire de rappeler que Jaurès était un souverainiste républicain.

Introduction.

Il me semble ici nécessaire de rappeler quelle était la position de Jean Jaurès concernant la souveraineté nationale et la souveraineté populaire. Nous avons donc choisi trois extraits de ses discours où il aborde cette question. Il est assez étonnant que la gauche (digne de ce nom) française actuelle semble peu disposée à aborder cette thématique fondamentale dans un contexte économique et géopolitique qui le nécessite. L’ordre économique est entre les mains des multinationales qui battent des records de profits pendant que la population, avec ses services publics, s’appauvrit ; l’ordre politique est entre les mains des élus devenus des vassaux des institutions européennes, et l’ordre géostratégique est complètement sous la coupe de la géopolitique nord-américaine. Le PS et les Verts, rêvant d’une Europe fédérale, semblent se désintéresser complètement de la question de souveraineté nationale.

Il est peut-être bon de rappeler à ceux de ces partis qui dénoncent les méfaits de l’ultralibéralisme que l’économiste et philosophe politique Friedrich Hayek était un partisan d’une conception fédérale des États européens. Il a défendu cette idée dans plusieurs de ses écrits, notamment dans son ouvrage "La Constitution de la liberté" (1960) et dans son discours "L’Europe après le nationalisme" (1967). Est-il nécessaire de rappeler ici que Hayek est considéré comme le pape de l’ultralibéralisme ? Cette position est parfaitement logique car l’ultralibéralisme ne se soucie pas des frontières ni des identités nationales : l’argent n’a pas de patrie et la plupart des gros actionnaires non plus. Laisser à la droite et à l’extrême droite le monopole de la défense de la souveraineté nationale dans le contexte actuel est politiquement suicidaire pour la gauche.

On arrive à un tel point de capitulation idéologique que s’affirmer « souverainiste » c’est être considéré comme de droite ou d’extrême droite, voire comme nationaliste. Même Mélenchon, qui a probablement peur de créer des confusions, préfère utiliser le mot « indépendantiste ». Non, lorsque l’on se prétend être des « héritiers de Jaurès », on peut se prétendre, sans honte, être souverainiste dans sa conception républicaine (et non pas dans sa conception ethno-culturelle).

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Texte 1 – Extrait du discours de Jean Jaurès à l’Assemblée nationale, le 30 juin 1893

"La souveraineté nationale est la prérogative du peuple de fixer lui-même sa loi, de choisir lui-même ses gouvernants, de décider lui-même de sa destinée. La souveraineté nationale est le fondement de la République.

Mais la souveraineté nationale ne s’exerce pas seulement dans l’ordre politique. Elle s’exerce aussi dans l’ordre économique. Le peuple est souverain dans l’ordre économique, c’est-à-dire qu’il a le droit de régler lui-même les conditions de sa production, de sa distribution et de sa consommation.

Or, aujourd’hui, le peuple est privé de sa souveraineté économique. Il est soumis à la loi du marché, qui est la loi de l’exploitation. Les ouvriers sont réduits à la misère, les paysans sont ruinés, les petits patrons sont écrasés par la concurrence des grands trusts.

Il faut donc que le peuple reprenne sa souveraineté économique. Il faut qu’il s’organise pour prendre en main sa production, sa distribution et sa consommation. Il faut qu’il crée des coopératives, des mutuelles, des associations de production et de consommation.

C’est la seule manière de réaliser la souveraineté nationale populaire."

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Texte 2 – Extrait du discours de Jean Jaurès au Congrès de la SFIO, le 26 septembre 1902

"La souveraineté nationale populaire est la base de notre doctrine. Nous croyons que le peuple, par le suffrage universel, est souverain dans tous les domaines de la vie sociale.

Dans l’ordre politique, la souveraineté nationale populaire signifie que le peuple a le droit de choisir ses gouvernants, de fixer ses lois et de contrôler son gouvernement.

Dans l’ordre économique, la souveraineté nationale populaire signifie que le peuple a le droit de décider de la production, de la distribution et de la consommation des biens.

Nous croyons que la souveraineté nationale populaire est la seule garantie de la liberté, de l’égalité et de la justice sociale.

C’est pourquoi nous nous battons pour que le peuple exerce pleinement sa souveraineté dans tous les domaines de la vie sociale."

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Texte 3 – Extrait du discours de Jean Jaurès à la Chambre des députés, le 2 août 1914

"La souveraineté nationale est le fondement de la République. Elle est le droit du peuple de fixer lui-même sa loi, de choisir lui-même ses gouvernants, de décider lui-même de sa destinée.

Aujourd’hui, la souveraineté nationale est menacée. L’Allemagne, par sa politique agressive, menace l’indépendance de la France.

Il est donc de notre devoir de défendre la souveraineté nationale. Nous devons nous battre pour que la France reste libre et indépendante.

Nous devons nous battre pour que le peuple français puisse continuer à exercer sa souveraineté dans tous les domaines de la vie sociale."

** Ces extraits de textes montrent que Jean Jaurès considérait la souveraineté nationale populaire comme un principe fondamental de la République. Pour lui, la souveraineté nationale est la prérogative du peuple de fixer lui-même sa loi, de choisir lui-même ses gouvernants, de décider lui-même de sa destinée. Elle s’exerce aussi dans l’ordre économique, où le peuple a le droit de régler lui-même les conditions de sa production, de sa distribution et de sa consommation.

Jaurès était convaincu que la souveraineté nationale populaire était la seule garantie de la liberté, de l’égalité et de la justice sociale. Il a donc lutté toute sa vie pour la défendre, tant dans l’ordre politique que dans l’ordre économique. Il n’a pas confondu les intérêts du peuple et des intérêts de la classe dominante capitaliste en refusant de cautionner l’entrée en guerre de la France en 1914.

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Debonrivage


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