![]() |
Le recul du PS sur ses engagements et sa collaboration avec le gouvernement macronien étaient prévisibles en comparant l’évolution des rapports de force au Parlement entre la gauche radicale et la gauche réformiste.
**
Nous donnons ici les résultats en sièges des élections législatives de 2022 puis de 2024.
Cela permet d’apprécier le rapport de force politique entre les différentes composantes de la gauche notamment entre la gauche plutôt radicale comme LFI et la gauche plutôt réformiste comme les trois autres composantes à des degrés divers. En utilisant le signe < pour « moins réformiste que », on aurait :
PCF LFI : 75 puis 72 ; perte : 3 ; -4 % PS 113 % S : 31 puis 66 ; gain : 35 ; +113 % EELV : 23 puis 38 ; gain : 15 ; +65 % PCF : 22 puis 17 : perte : 5 ; -23 % PS +EELV + PCF : 76 puis 121 ; gain : 45 ; +59 % Total : 151 puis 193 ; gain : 42 ; +28 % ** Constat : Entre les deux élections, la gauche radicale s’est affaiblie alors que la gauche non radicale s’est renforcée d’autant plus qu’elle est la plus réformiste. Le rapport de force était équilibré entre ces deux gauches en 2022 mais s’est brisé en 2024 au profit de la gauche réformiste. Le score global de la gauche s’est certes amélioré mais seulement de 28 % alors que le score du PS a augmenté de 112 %.
*
Pourquoi le score de LFI s’est affaibli entre les deux tours ? Par perte de sa crédibilité ? Non, car le nombre de voix qu’il obtient par rapport au nombre de circonscriptions qu’il a investies a augmenté relativement. Son affaiblissement provient des 100 circonscriptions qu’il a généreusement cédées à ses partenaires. Cette « largeur d’esprit » s’ajoute aux concessions considérables qu’il a consenties pour le programme du N FP par rapport à son programme de 694 mesures de l’Avenir en commun. À cela s’ajoute des désistements « contre nature » permettant ainsi à François Hollande d’être élu par exemple. Un tel résultat n’est donc finalement pas étonnant et était relativement prévisible. Voilà pour le constat. * Maintenant je donne mon opinion personnelle mais qui ne doit pas être isolée au sein de LFI. Au-delà des soi-disant divergences idéologiques, les deux gauches ne jouent pas sur le même terrain. La gauche radicale se place sur le terrain de la lutte de classes ne regardant pas ainsi à sacrifier des sièges pour son organisation alors que la gauche réformiste se place sur le terrain de la lutte des places du moins pour une bonne moitié de ses représentants, mettant en avant, sans le dire évidemment, leurs intérêts personnels ou au mieux leur intérêt de clan.
Avec une telle modification du rapport de force,, l’explosion du NFP est donc tout à fait prévisible. Cette fragmentation va se traduire par un détachement du PS. Ce me semble donc être une erreur politique d’avoir fait autant de concessions notamment en termes de circonscriptions. Mais cette vision à courte vue et de boutique du PS et dans une certaine mesure des écologistes va se retourner contre eux car l’électorat de gauche a bien compris pour une grande majorité, que la gauche réformiste menait la France dans le mur et favorise en réalité l’extrême droite. À ce propos, remarquons que le RN voit son nombre de sièges passer de 88 à 124 gagnant ainsi 36 sièges soient une augmentation de 41 %. En outre, la conception plus ou moins fédéraliste des socialistes et des verts pour l’Europe interdit toute référence à la notion de nation, de souveraineté nationale raison pour laquelle les responsables de France Insoumise mettent en sourdine la notion de souverainisme pour préserver l’union. Là encore, LFI affaibli son influence sur les couches populaires qui sera en partie récupérée par la droite souverainiste voir même l’extrême droite.
Faire des concessions, oui mais ne pas en faire de trop haut risque de s’affaiblir et de devenir très minoritaire et donc inefficace. D’autre part, Jean-Luc Mélenchon malgré sa bienveillance, son ouverture envers ses partenaires depuis 2022 a été l’objet d’une multitude d’attaques inadmissibles de la part de ses partenaires l’accusant notamment, un comble, de volonté hégémonique malgré toutes les concessions faites ! Jean-Luc
fait preuve d’une grande patience et ne ménage pas ses efforts pour maintenir le cap d’un programme de rupture. J’espère que ces efforts seront couronnés de succès. Dans son dernier discours du « moment politique », après le vote de confiance à l’assemblée où le PS a voté la confiance à Bayrou, Jean-Luc a dit que LFI demanderaient des comptes au PS et ne ferait aucune concession pour les circonscriptions aux prochaines élections législatives. On ne peut être que d’accord avec un tel point de vue ou une telle décision. Le discours est disponible avec le lien suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=NN7... * Hervé Debonrivage * Hervé Debonrivage
Date | Nom | Message |