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1) Résultats
2) Réaction de Louis Boyard
3) Villeneuve-Saint-Georges comme début (Jean-Luc Mélenchon)
4) Autres réactions
C’est finalement la liste de l’ex première adjointe, Kristell Niasme (LR), qui s’est imposée face à l’Insoumis Louis Boyard. Elle a ainsi battu avec 49% des voix les listes du maire sortant divers droite Philippe Gaudin et celle du candidat LFI, a précisé la mairie, ce dimanche 2 février.
Kristell Niasme l’emporte avec 442 voix d’avance sur le candidat LFI (38,75%), malgré le maintien de Philippe Gaudin, qui n’obtient lui que 12,25%.
La participation était en hausse au second tour, avec près de 40% d’électeurs (39,69%) s’étant déplacés, contre 33,45% au premier tour dimanche dernier.
Du côté de LR, des poids lourds du parti à l’instar de Valérie Pécresse, Bruno Wauquiez et même Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, s’étaient mobilisés et avaient soutenu publiquement Kristell Niasme, arrivée deuxième au premier tour. Reconquête et le RN, avaient également appelé à faire barrage au député insoumis.
Ne comptez pas sur moi pour porter un discours de défaite ce soir. Je veux porter un message d’espoir.
Tout d’abord : merci à tous les villeneuvois. Merci à tous ceux qui ont voté pour nous. À toutes celles et ceux qui ont porté notre projet.
En 2020, la gauche rassemblée sans LFI avait fait 27% au second tour des élections. Avec ce score ils ont perdu la ville.
Deux ans après, nous gagnons par deux fois de suite les élections législatives. Avec de très larges scores, en particulier à Villeneuve-Saint-Georges.
En 2025 LFI, avec sa liste de citoyens, d’engagés des quartiers populaires, de travailleurs essentiels, de jeunes… seuls contre tous, LFI a rassemblé 38% des voix.
Voilà pourquoi je suis ici pour vous porter un message d’espoir : tout le monde était contre nous.
Le Ministre de l’Intérieur et ses ingérences dans les élections, le Front National, Zemmour, la presse Bolloré… Et bien sûr, les Macronistes, qui face à la révolution citoyenne ont choisi l’extrême droite. Tout un système qui devant la révolution citoyenne préfère la fascisation de la France.
Le résultat de l’élection municipale de Villeneuve-Saint-Georges est connu à présent. La victoire de la droite contre la liste de Louis Boyard va soulever, je l’espère, des analyses approfondies. Le décompte des bulletins blancs ou nuls dans les bureaux de la gauche traditionnelle est davantage qu’une alarme pour nous. Nous ne devons pas manquer nous-mêmes au devoir de rigueur. Les premiers mots de Louis Boyard après l’annonce des résultats ont commencé à le faire. Dans tous les cas, Louis Boyard a fait 11 points de plus que la liste de « gauche » au deuxième tour de 2020. Il augmente le nombre de voix de 36% (de 1398 voix en 2020 à 1897 voix en 2025). De son côté, la droite passe de 3666 voix en 2020 à 2999 voix soit un recul de 18%. Battu certes, mais ramené au niveau d’une conquête possible du pouvoir. La division n’est pas insurmontable par les électeurs. Au-delà de la déception de voir la droite retrouver le poste de pilotage de la mairie avec le soutien de l’extrême droite et du PS, on doit cependant se risquer à quelques mots pour placer le cadre dans lequel évolue désormais la situation de la gauche, une partie d’entre elle refusant l’union de deuxième tour.
Dans cette sorte de bilan, le premier fait à noter est social. Pour la première fois depuis longtemps se sont mobilisées pour leurs propres affaires des masses de gens d’habitude mis « hors jeu » par l’espace politique et ses habituels bénéficiaires. Les scores dans les bureaux de vote populaires en attestent. Et pour la première fois il y a eu plus de votants qu’en 2020 dans une partielle. Il reste certes beaucoup à faire, mais la stratégie appliquée sur place en réplique au sectarisme borné de la « gôche traditionnelle » est validée.
L’équipage insoumis, seul contre tous, non de son plein gré mais par obligation du fait du contexte, a résisté au choc auquel il a été confronté. Face à lui, de Zemmour et Bardella jusqu’au PS menant la cohorte confuse de toute la « goche » traditionnelle, jusqu’aux plus grotesques groupuscules comme Génération Écologie et le PRG, tous se sont ligués contre Louis Boyard et sa liste. Sans honte. Sans aucune limite dans l’injure, le racisme, les insinuations, les pressions sur les candidats et leurs familles. Partout. Dans tous les journaux, toutes les émissions. Le tout sur fond de dénonciations quotidiennes de LFI. La satisfaction obscène sur place des appareillons locaux soulevait de dégout les honnêtes militants épuisés par la campagne et la résistance au pilonnage. Cette atmosphère de violences, c’est celle que l’étrange nouvelle équipe de « Libération » a qualifié d’« ambiance romantique » dans laquelle les militants LFI se « complairaient ». Sans doute dans l’attente du jour où l’un d’entre nous prendra ce mauvais coup, dont ils diront que nous « l’avons bien cherché ».
Cette élection partielle d’un genre banal en démocratie a pris une signification particulière dans le moment où elle est intervenue. Le moment politique global depuis le coup de force macroniste de juillet dernier bien sûr. Mais surtout dans la conclusion que l’officialité de tous les courants politiques en a tiré en règle générale. L’histoire se répète, mais la deuxième fois est une farce de mauvais goût. Le glissement vers l’acceptation de la grande coalition reproduit la stratégie de front républicain contre l’extrême droite, en reportant la méthode du Front républicain d’hier au service d’un front réactionnaire front républicain. Une seule consigne : tout sauf LFI. La déclinaison locale : « plutôt n’importe qui que Louis Boyard ». La plus zélée dans cette posture est bien sur la « goche » qui mendie sa respectabilité aux cercles dirigeants avec lesquels elle rêve d’une « grande coalition ». Le PS a introduit l’argument Israël-Palestine qu’il nous reprochait aux européennes. En effet, il a bouclé son refus de l’union électorale au deuxième tour en clouant au pilori un candidat de la liste Boyard qu’il a accusé d’être un « agent du Hamas ». Un prétexte volontairement assez grossier pour se rendre visible et donc dominant dans la coalition du refus de l’union, enfoncer le clou de la division et gagner de la reconnaissance dans les milieux que flatte ce genre d’inepties. Et cela avec la volonté aussi de donner une traduction locale aux magouilles de la « négociation » avec Matignon. Rien de plus, rien de moins. Cette gauche-là se prépare toujours à se revendiquer de l’échec qu’elle provoque pour nous l’imputer. Son but est de prolonger en 2026 la ligne « tout sauf LFI » / « Jamais LFI ». Comme au bon vieux temps pour elle où elle expulsait LFI de la liste régionale puis municipale en PACA et à Marseille, même face au RN.
Il faut dépasser le sentiment d’injustice et de dégoût que ce comportement nous inspire. L’essentiel, le voici : toutes les portes nous sont fermées, aucun compromis n’est accepté ou proposé, que l’on soit unis ou pas dans une NUPES, ou Nouveau Front Populaire, ou ce que l’on voudra. Tous les prétextes, sans exception, sont bons pour cela. Ce qui est en jeu doit être compris pour ce que c’est. Il s’agit d’un comportement de classe à l’égard de ce que nous sommes et de ce que nous voulons représenter. Et quand cela prend les visages des quartiers populaires et de la jeunesse hostile au génocide des Palestiniens, la « goche », qui refusait déjà Huguette Bello comme première ministre, prend un gite significatif. Tel fut le cas à Villeneuve-Saint-Georges.
Ce message doit être entendu et traité comme il se doit, sans jamais se rassurer à bon compte. Cela vaut face au PS comme pour EELV, qui se positionne systématiquement dans une fausse neutralité.
Parfois passe à l’esprit une aigreur, dans le flot des déclarations hostiles. Entendre « les Grandes Gueules » se demander s’il faut « faire un front républicain » contre Louis Boyard… En dépit de leur point de vue bien connu, je ne les imaginais pas dans ce rôle politicien de chiens de garde. Ailleurs, entendre Lionel Jospin plaider contre la censure de Bayrou par « esprit de responsabilité »… ou bien faire des compliments à Bruno Retailleau, est très amer à entendre. Je ne le reconnais plus.
Mais je constate bien cette grande trouille générale de l’officialité. Je la vois dans tout ce que je lis et regarde quand j’ai… un peu de « temps à perdre », comme on dit. L’excès même de violence verbale contre nous, les insoumis, témoigne d’un phénomène spécifique. L’omniprésence de l’extrême droite dans les circuits des messageries et les lectures de la bonne société crée certes une atmosphère mentale très contagieuse. Mais rien de tout cela ne témoigne d’autre chose que d’un désarroi de débandade politique. Le maintien de l’ordre établi devient un problème compliqué pour des gens aussi déboussolés que le sont les dominants de notre temps en Europe.
Leur déroute se constate sur tous les plans. D’abord sur le plan moral. Ce n’est pas secondaire pour beaucoup d’entre eux. Ils ont dû tous afficher une solidarité sans faille avec l’organisation d’un génocide, en contradiction absolue avec le cadre de leur bonne conscience permanente et des leçons de morale qu’ils ont déversé sur le monde depuis tant de décennies ! On imagine l’humiliation intellectuelle que cela a représenté pour ceux qui ont été conscients de le faire par peur. Un sentiment moral pris à revers a des conséquences très dangereuses. Ces gens s’adapteront au discours qui justifiera leur pratique. Comme il n’existe pas de macronistes de gauche, il existe encore moins de génocidaires de gauche.
Sur le même plan général, l’arrivée de Trump et la cuisante défaite des démocrates américains les plongent dans une sidération profonde. L’atlantisme génétique est-il compatible avec un leader qui menace d’envahir ses voisins et même un pays européen ? À l’heure des coupes budgétaires, comment comprendre un impôt militaire de 5 % du PIB à payer en achats d’armes aux USA ? Bref, je pourrais allonger la liste des contre-pieds. J’en reste là. Les « élites » européennes vivent très mal leur déclassement mondial. Elles n’ont aucune corde de rappel. L’avenir du système est déjà écrit. Demain, il leur faudra faire allégeance à l’extrême droite, c’est-à-dire à Jordan Bardella après qu’ils aient tué judiciairement madame Le Pen. En France, cet effondrement qui a eu lieu dans presque toute l’Europe par paliers a été franchi d’un coup avec l’élection de Macron. La décrépitude des partis de l’alternance traditionnelle a été instantanée.
La recette de la peur de l’extrême droite et du Front républicain a atteint sa limite. L’impréparation est donc totale. Le ralliement, assuré. L’accélération se passe sous nos yeux souvent dans une forme ébahissante. D’autant que, par rapport à ce scénario commun à tant de pays, la France présente un phénomène distinct et unique : l’apparition d’une gauche radicale majoritaire à gauche. De la sorte, le paysage politique français est coupé en trois blocs équivalents et un agrégat abstentionniste. Dans ce paysage, la bascule de la scène internationale est un immense facteur de désordre supplémentaire. Le retour des droits de douane, la nouvelle vague de licenciements, le passage à l’économie de guerre, la récession en Allemagne et ainsi de suite : tous les clignotants sont au rouge. Surtout, aussi, parce que la limite du système lui-même apparaît à un nombre croissant de personnes, à mesure que se propagent ses stigmates. Dans chaque pays et dans le monde, une poignée de gens ont beaucoup, et toujours plus à perdre.
On peut penser que cet état des lieux en survol est tout à fait hors norme dans l’environnement d’une municipale partielle. Je laisse ceux qui le veulent continuer à croire aux routines du passé et au hors-sol des partielles ! Mais l’épisode Villeneuve-Saint-Georges est pleinement inscrit dans le contexte, et chaque état-major politique s’est directement impliqué dans l’événement. Tous sans exception, et jusqu’au plus haut niveau. À trois jours d’une motion de censure, comment pourrait-il en être autrement ?
Mathilde Panot : La liste Fierté, Dignité et Solidarité a « fait augmenter de 11 points le total gauche par rapport à 2020. Cela n’aura malheureusement pas suffi pour arracher la ville à la droite face à l’alliance de tous, de l’extrême droite à la Macronie, contre LFI ainsi qu’au refus d’union de la gauche traditionnelle ».
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