Guerre commerciale : Trump taxe la Chine, Pékin frappe l’agriculture américaine

vendredi 21 mars 2025.
 

Le 10 mars 2025 marque une nouvelle étape dans la guerre commerciale opposant les États-Unis et la Chine. Donald Trump, fidèle à sa politique protectionniste, a décrété début mars une augmentation des droits de douane sur l’ensemble des produits chinois, les portant à 20 %. En réponse, Pékin a annoncé une hausse des tarifs douaniers sur les importations agricoles américaines, une riposte stratégique qui touche directement un secteur clé de l’économie des États-Unis.

Les États-Unis relancent les hostilités commerciales avec la Chine Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, Donald Trump a rapidement renoué avec une politique économique offensive à l’égard de la Chine. En l’espace de quelques semaines, son administration a annoncé plusieurs mesures protectionnistes destinées à « protéger l’industrie américaine » et à limiter l’influence économique de Pékin. Parmi ces décisions, l’augmentation des droits de douane constitue l’élément le plus emblématique. Après une première hausse de 10 % appliquée en février 2025, Washington a porté ce taux à 20 % en mars sur un large éventail de produits chinois, notamment l’électronique, les équipements industriels et une grande partie des biens manufacturés.

Ces mesures ont immédiatement suscité une réaction de la part du gouvernement chinois, qui a dénoncé une politique « irrationnelle et électoraliste ». Selon Pékin, les justifications avancées par l’administration Trump, notamment les accusations de dumping ou de non-respect des règles commerciales internationales, ne sont qu’un prétexte pour affaiblir la position de la Chine sur les marchés mondiaux.

La réponse chinoise : l’agriculture américaine dans le collimateur de nouvelles taxes

Face à cette offensive de Donald Trump, Pékin a opté pour une stratégie de représailles mesurée mais efficace. Le gouvernement chinois a annoncé l’instauration de nouvelles taxes sur plusieurs produits américains, avec un accent particulier sur les importations agricoles. Les produits concernés incluent notamment le poulet, le blé, le maïs et le coton, qui seront désormais soumis à une taxe de 15 %. D’autres produits comme le soja, le porc, le bœuf, les produits de la mer, les fruits et les légumes seront quant à eux taxés à hauteur de 10 %.

Ce choix ne doit rien au hasard. L’agriculture constitue l’un des piliers économiques des États-Unis, et plusieurs des produits visés sont majoritairement exportés vers la Chine. En 2022, les exportations agricoles américaines vers la Chine représentaient environ 42 milliards de dollars, un chiffre qui a chuté à 29 milliards de dollars en 2024 en raison des tensions commerciales entre les deux pays. En augmentant ces taxes, Pékin cherche à accentuer la pression sur un secteur déjà fragilisé, mettant ainsi en difficulté les producteurs américains et les États ruraux qui constituent une base électorale essentielle pour Donald Trump.

Les experts économiques estiment que cette stratégie est particulièrement habile. Contrairement aux représailles généralisées qui avaient marqué les précédentes phases du conflit commercial sino-américain, Pékin a choisi une approche plus sélective. Les secteurs visés sont ceux où la Chine dispose d’alternatives d’approvisionnement crédibles, réduisant ainsi l’impact de ces mesures sur son propre marché. Par exemple, le soja américain peut être remplacé par des importations en provenance du Brésil ou de l’Argentine. De même, le maïs et le blé peuvent être achetés auprès de fournisseurs européens ou asiatiques.

Taxes douanières chinoises : les conséquences économiques pour les États-Unis

Si Washington minimise l’impact de ces nouvelles taxes, les conséquences pour l’économie américaine pourraient être significatives. Le secteur agricole, déjà confronté à une conjoncture difficile, pourrait souffrir d’une baisse de la demande chinoise et d’une chute des prix. En réduisant les débouchés pour les agriculteurs américains, Pékin espère provoquer une réaction en chaîne, forçant ces derniers à exercer une pression politique sur l’administration Trump.

Les répercussions pourraient même être plus importantes. Plusieurs économistes mettent en garde contre un risque de ralentissement de la croissance américaine en raison de l’incertitude générée par ces tensions commerciales. Depuis l’annonce des nouvelles taxes chinoises, les marchés financiers ont enregistré une volatilité en hausse, les investisseurs redoutant une escalade du conflit. Si les taxes américaines sur les produits chinois entraînent une hausse des prix pour les consommateurs, les représailles chinoises risquent de compliquer encore davantage la situation en diminuant les exportations américaines et en réduisant les perspectives de croissance.

Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a tenté de rassurer en affirmant qu’il n’y aurait « aucune récession », tout en reconnaissant que certains prix pourraient augmenter. Toutefois, plusieurs analystes restent sceptiques quant à cette déclaration. L’impact de cette guerre commerciale sur l’emploi, notamment dans les États du Midwest où l’agriculture joue un rôle clé, pourrait devenir un enjeu politique majeur.

La Chine en plein ralentissement économique

Si la Chine affiche une posture ferme dans ce conflit, elle n’est pas pour autant en position de force absolue. Son économie traverse une période de turbulences marquée par un ralentissement de la consommation, une crise du secteur immobilier et un taux de chômage élevé chez les jeunes. Le Premier ministre Li Qiang, lors des « Deux Sessions », le grand rassemblement politique annuel du pays, a reconnu que l’environnement économique externe était devenu « de plus en plus complexe ».

Les exportations chinoises ont déjà montré des signes de ralentissement, avec une baisse de 2,3 % sur un an, après une croissance de 10,7 % en décembre 2024. Cette tendance pourrait s’accentuer si la guerre commerciale avec les États-Unis venait à s’intensifier. Pékin est conscient que des représailles excessives pourraient nuire à sa propre économie en réduisant encore davantage ses débouchés à l’international. C’est pourquoi la Chine semble privilégier une riposte calibrée, évitant de taxer des produits qui pourraient directement impacter ses propres industries.

Guerre commerciale et frais de douane : vers une escalade ou une négociation ?

L’issue de cette nouvelle phase de la guerre commerciale reste incertaine. D’un côté, la Chine montre qu’elle est prête à se défendre et qu’elle ne cédera pas face aux pressions américaines. De l’autre, elle ménage ses options pour éviter un affrontement trop coûteux. Certains observateurs estiment que Pékin pourrait chercher à temporiser, misant sur une possible révision de la position américaine à mesure que les tensions économiques internes s’accumulent aux États-Unis.

Le passé a montré que Donald Trump n’hésite pas à ajuster sa stratégie commerciale en fonction de la conjoncture. Lors de son premier mandat, il avait fini par accorder des exemptions sur certains produits après des débuts très agressifs. La Chine espère-t-elle un scénario similaire ? Pour l’instant, aucun des deux camps ne semble prêt à faire machine arrière. Mais si l’impact économique devient trop lourd, une porte de sortie pourrait être envisagée sous la forme de nouvelles négociations.


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