Pleins feux sur les groupuscules d’extrême droite.

vendredi 4 avril 2025.
 

Le masque tranquille de la violence ?

D’un côté des élus du RN en costume-cravate, en chaussures cirées éblouissantes, pas une voix plus haute que l’autre avancent d’un pas mesuré et tranquille pour rejoindre leur place dans l’hémicycle ;

de l’autre, des individus d’extrême droite, non identifiés, en tenue de sport, chaussée de tennis se déplace en hurlant, une barre de fer à la main vers un petit groupe de militants distribuant des tracts.

Quel rapport entre ces deux cohortes ? Les deux faces d’une même médaille ?

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Le média indépendant off Investigation vient de mettre en ligne une émission intéressante sur les groupuscules violents d’extrême droite. Voici le lien pour visionner l’émission :

https://www.youtube.com/watch?v=D82...

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L’émission ne traitant pas suffisamment les connexions entre ces groupes et le RN, je passe ici en revue les études concernant ses liens possibles.

1. Enquêtes journalistiques

Mediapart : Une enquête publiée le 26 décembre 2024 révèle que des collaborateurs de députés RN entretiennent des liens avec la Cocarde, un syndicat étudiant identitaire proche de groupuscules violents. Ces collaborateurs, issus de milieux radicaux, illustrent une porosité entre le RN et des réseaux extrémistes, même si le parti ne revendique pas officiellement ces connexions.

StreetPress : Le 30 novembre 2023, StreetPress a identifié une dizaine de personnes issues de groupuscules violents (comme les Zouaves Paris ou d’anciens membres de Génération Identitaire) travaillant comme assistants parlementaires pour des élus RN à l’Assemblée nationale ou au Parlement européen. Ces recrutements suggèrent que le RN reste un point de chute pour certains militants radicaux.

Libération : À travers sa cartographie interactive des groupuscules d’extrême droite (dernière mise à jour le 16 décembre 2024), Libération documente des cas où des individus ayant appartenu à des groupes violents, comme le GUD (Groupe Union Défense), ont gravité autour du RN, soit en tant que sympathisants, soit en occupant des rôles subalternes.

2. Rapports officiels

Commission d’enquête parlementaire (2019) : La commission d’enquête sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France, présidée par Muriel Ressiguier (LFI) et déposée le 6 juin 2019 à l’Assemblée nationale, s’est penchée sur les activités de ces groupes. Bien qu’elle ne désigne pas directement le RN comme un commanditaire, elle note que certains membres de ces groupuscules partagent des idées proches de celles du RN et que des passerelles existent, notamment via des anciens militants du FN/RN ayant rejoint des structures plus radicales. Le rapport évoque aussi une "tentation terroriste" chez certains membres de l’ultradroite, sans établir de lien organisationnel formel avec le RN.

https://www2.assemblee-nationale.fr...)/RapEnquete

Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) : Dans un rapport de 2023, la DGSI indique suivre des individus radicalisés issus de la mouvance ultradroite, dont certains auraient des sympathies ou des contacts avec des figures politiques d’extrême droite, y compris du RN. Cependant, la DGSI précise que ces liens sont souvent idéologiques ou personnels plutôt qu’institutionnels.

3. Études académiques et analyses sociologiques

Erwan Lecoeur : Ce sociologue, spécialiste de l’extrême droite, a souligné dans une interview à France Culture (7 juillet 2023) que les groupuscules violents d’extrême droite, bien qu’autonomes, bénéficient d’un contexte favorable créé par la montée électorale du RN. Il note que certains militants de ces groupes voient dans le RN une version "institutionnelle" de leurs idées, et que des parcours individuels montrent des allers-retours entre les deux sphères.

Fondation Jean-Jaurès : Dans une étude de 2022 intitulée Les poings sans la rose, la Fondation met en lumière des épisodes où des militants de groupuscules violents (comme les Zouaves Paris ou des ex-Génération Identitaire) ont été actifs lors de manifestations ou d’événements liés à des figures politiques comme Éric Zemmour, avec des recoupements occasionnels vers des soutiens locaux du RN.

4. Exemples concrets

Wilfried Van Liempd : Ancien cadre local du RN à Nantes, photographié en 2021 en train de participer à une agression violente aux côtés de militants d’extrême droite lors d’une manifestation anti-passe sanitaire. Cet incident, relayé par France Bleu et Libération, illustre un cas où un membre du RN a été directement impliqué dans des actions violentes.

Frédéric Chatillon : Ancien leader du GUD et proche de Marine Le Pen, Chatillon a joué un rôle dans la campagne présidentielle de 2022 du RN via une entreprise de communication. Bien qu’il ne soit plus officiellement affilié au parti, son parcours incarne un pont historique entre le RN et les milieux radicaux.

5. Limites et nuances

Les liens semblent souvent individuels ou informels plutôt que structurés. Les dissolutions fréquentes de groupuscules (comme Génération Identitaire en 2021 ou Les Remparts en 2024) compliquent l’établissement de connexions durables avec le RN.

Le RN, dans une stratégie de normalisation, rejette publiquement toute association avec ces groupuscules.

Analyse du contre-feu médiatique du RN pour sa normalisation.

Marine Le Pen a par exemple demandé en décembre 2022 la dissolution de groupes extrémistes, selon Le Monde, pour éviter que leur image ne "salisse" celle du parti.

Le Rassemblement National (R de N), sous la direction de Marine Le Pen et plus récemment de Jordan Bardella, a adopté une stratégie de "dédiabolisation" visant à se distancier des groupuscules violents d’extrême droite, tout en maintenant une certaine ambiguïté dans ses prises de position.

Voici un aperçu des occasions où le RN a demandé la dissolution de tels groupuscules ou condamné leurs actions violentes, basé sur les informations disponibles :

Demandes de dissolution par le RN

1. Décembre 2022 - Lettre de Marine Le Pen à Elisabeth Borne

Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, a adressé un courrier à la Première ministre Elisabeth Borne le 20 décembre 2022, demandant la dissolution de « groupuscules extrémistes, quel que soit leur profil politique ». Ce courrier intervient dans un contexte de regain d’actions violentes de l’ultradroite, notamment des raids ciblant des personnes d’origine étrangère. Le RN cherche ici à se démarquer de ces groupes, tout en élargissant sa demande à d’autres mouvances (comme la gauche radicale), évitant ainsi de cibler uniquement l’extrême droite. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de ne pas être "sali" par les agissements de ces groupuscules, bien que le parti ait historiquement entretenu des liens avec certains d’entre eux.

2. Juin 2024 - Promesse de Jordan Bardella

Lors de la campagne des élections législatives anticipées de 2024, Jordan Bardella, alors président du RN, a promis, le 19 juin, de dissoudre « les organisations d’ultradroite et d’ultragauche », citant spécifiquement le GUD (Groupe Union Défense), s’il devenait Premier ministre. Cette déclaration intervient après le succès du RN aux élections européennes du 9 juin 2024 et dans un contexte où les violences de groupuscules d’extrême droite se multiplient, notamment à Paris, Lyon, ou Nancy. Cette prise de position vise à projeter une image de fermeté et de respectabilité institutionnelle, tout en répondant à la pression publique face à ces actes.

Condamnations d’actions violentes

Novembre 2023 - Réaction à la tentative de ratonnade à Romans-sur-Isère Après la tentative d’expédition punitive menée par une centaine de militants d’extrême droite à Romans-sur-Isère le week-end du 25-26 novembre 2023, suite au meurtre du jeune Thomas à Crépol, le RN a condamné cette action en la qualifiant d’« expédition punitive ». Le parti a pris ses distances, refusant de participer à des manifestations similaires, comme celle organisée place du Panthéon par d’anciens membres de Génération Identitaire. Cette condamnation s’inscrit dans une stratégie d’institutionnalisation, bien que certains représentants du RN aient maintenu des liens avec des figures de ces groupuscules.

Généralisation des condamnations sans détails précis

Le RN, sous Marine Le Pen, a souvent condamné de manière générale les violences perpétrées par des groupuscules d’extrême droite, sans toujours nommer spécifiquement les groupes impliqués. Par exemple, dans son courrier de 2022, elle appelle à ce que les membres violents soient « sévèrement condamnés », mais reste floue sur les cibles exactes, maintenant une ambiguïté stratégique. Cette approche permet au RN de se présenter comme un parti modéré tout en évitant de rompre totalement avec une base militante parfois proche de ces mouvances.

Analyse et nuances

• Ambiguïté historique : Malgré ces prises de position, le RN a entretenu des liens avec des figures ou des anciens membres de groupuscules violents (comme Frédéric Chatillon, ex-GUD, ou Damien Rieu, ex-Génération Identitaire, passé par le RN avant de rejoindre Reconquête). Ces connexions rendent les condamnations et demandes de dissolution parfois perçues comme opportunistes ou tactiques.

• Contexte électoral : Les demandes de dissolution et les condamnations sont souvent plus marquées en période électorale ou après des événements médiatisés, comme les violences de Romans-sur-Isère ou les succès électoraux de 2024, pour renforcer l’image d’un parti respectable et apte à gouverner.

• Comparaison avec la gauche radicale : Le RN accompagne souvent ses critiques de l’ultradroite par des attaques contre l’ultragauche (ex. "antifas"), comme dans les déclarations de Bardella en 2024, pour équilibrer son discours et éviter d’apparaître comme ciblant uniquement son propre camp idéologique.

En résumé, le RN a demandé la dissolution de groupuscules violents d’extrême droite à des moments clés (décembre 2022, juin 2024) et a condamné des actions violentes spécifiques (notamment en novembre 2023), mais ces prises de position s’inscrivent dans une stratégie plus large de dédiabolisation plutôt qu’une rupture claire avec l’héritage de l’extrême droite radicale. Les dates précises et les contextes montrent une réactivité aux événements publics plus qu’une politique cohérente et proactive contre ces groupes.

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Contre – contre-feu de la gauche radicale. Ou de rupture. On assiste à une sorte de connivence entre les médias dominants et le RN pour faire silence sur un certain nombre d’exactions commises par des groupuscules d’extrême droite notamment des agressions contre des parlementaires ou des permanences de députés ou encore d’agression contre des militants de La France Insoumise.

Il appartient donc aux militants et aux responsables politiques de la gauche de rupture de faire sortir de l’ombre ce silence hissait absence de réaction notamment de la direction du RN.

Rappelons qu’il a été créé en octobre 2020 par différentes organisations politiques de gauche, de syndicats et de médias de gauche l’observatoire national de l’extrême droite (ONED) dont voici l’adresse Internet : https://observatoirenationalextreme...

Réactualisation en 2025

Observatoire national de l’extrême droite (ONED) a été initialement créé en 2020 par un collectif de syndicalistes, militants politiques, chercheurs, journalistes, élus et citoyens. Son objectif est d’observer, décrypter et déconstruire l’idéologie de l’extrême droite en France.

Le 19 mars 2025, une soirée de relance et de renforcement de l’ONED a eu lieu à Paris, visant à offrir un outil solide d’analyse et de décryptage de la réalité de l’extrême droite en France, ainsi qu’à proposer des pistes de réflexion et d’action pour la combattre efficacement. Voir présentation : https://www.youtube.com/watch?v=P1A...

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HD

Ainsi l’observatoire de l’extrême droite du 19 mars 2025 est une relance de celui créé en 2020

https://www.youtube.com/watch?app=d... en


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