Réarmement de l’Europe : Poutine peut dormir tranquille

vendredi 4 avril 2025.
 

« La menace russe » manquait de consistance. Voilà donc Zelensky et les services secrets danois pour nous alerter sur une très prochaine invasion russe. Zelensky, on comprend. Mais le renseignement danois  ? On se marre. Car ils n’ont rien prévu, ni rien vu à propos de l’invasion du Groenland par Trump ! Et ils n’ont à peu près rien à dire sur le sujet. Ils ne font rien. Ils ne m’ont donc pas l’air plus doués pour les manœuvres de diversion. De leur côté, les commissaires européens aux Affaires extérieures et à la Défense ont convoqué la presse pour présenter un plan de réarmement du continent d’ici à 2030. En fait, il n’a été question que d’une industrie à financer par des commandes publiques. Rien sur le matériel nécessaire, rien sur la stratégie, rien sur l’état-major commun. Poutine peut dormir tranquille.

Un moment misérable. On y retrouve les minauderies habituelles sur le « pilier européen de l’OTAN » et autres balivernes déjà largement entrées dans la poubelle de l’Histoire. Aucune préférence européenne n’est vraiment organisée pour le choix des matériels, sinon un vague conseil pour que ceux-ci contiennent au moins 65 % des pièces européennes. Rappelons qu’il s’agit d’orienter un fond de 850 milliards d’euros, soit 5 % du PIB européen comme le réclame Trump. En fait, il s’agit de 650 milliards pris dans les budgets nationaux. C’est-à-dire le plus colossal effort financier orienté vers un secteur depuis la création de l’Union européenne. Bien sûr, il y a les 150 milliards d’euros de prêts pour l’équipement des armées européennes annoncés le 4 mars dernier par von der Leyen. Occasion de se souvenir combien il faudra vérifier les quantités distribuées entre les États. Car en toute hypothèse, la France devra rembourser 18,5 % de la somme totale empruntée par l’UE ! C’est-à-dire 27,75 milliards d’euros. Sans les intérêts… La France ? C’est-à-dire les contribuables. Inutile donc de nous dire que ce seront peut-être des commandes à des entreprises françaises que feront les autres pays. Pourquoi chaque Français paierait-il l’armement des voisins ?

Mais en France, quelle sera la dépense prévue ? Pour Sébastien Lecornu, ministre des Armées : « si l’on veut reconquérir nos capacités de manœuvre dans la durée tout en répondant souverainement aux enjeux posés par les nouvelles technologies, il est clair qu’un horizon autour de 100 milliards d’euros par an constituerait le poids de forme idéal pour les armées françaises », sans autre précision technique dans quelque direction que ce soit. Il faudra se faire à ce type de prévision construite au doigt mouillé. Le ministre a défendu son chiffrage pour « écarter l’évaluation en pourcentage du PIB qui ne veut rien dire ». N’empêche. On peut faire le calcul. Il s’agit ici de 3,4 % de celui-ci. Plus que les 2 % réclamés par Trump 1, et moins que les 5 % demandés par Trump 2. Pour que cela soit plus facile à apprécier, comparons. Cela signifie une somme égale à une fois et demie le budget de l’Éducation nationale, cinq fois le budget de l’écologie ou le budget de la recherche.

Il faut traduire un chiffre militaire en chiffre civil pour faire une démonstration de ce que ces sommes signifient. Un missile balistique M51 vaut 120 millions d’euros. C’est-à-dire autant d’argent qu’il en faut pour acheter un appareil IRM pour chaque CHU de France. Un véhicule blindé Jaguar vaut 4,5 millions d’euros. C’est la somme nécessaire pour payer un an de cantine scolaire gratuite pour 3 300 enfants. Un missile Aster vaut 2 millions d’euros. C’est deux fois la somme nécessaire pour maintenir le régime de retraite anticipée de tous les travailleurs de la réparation navale à cause de l’amiante. Mais le gouvernement supprime ce droit à partir de 2027.


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