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Au 1 décembre 2023, la population catholique mondiale était estimée à environ 1,406 milliard de personnes, représentant 17,7 % de la population mondiale. Pour une grande majorité de cette population, le pape représente une autorité spirituelle et morale.
Il semble donc naturelle de s’intéresser à la nature de cette autorité concernant le pape François décédé le 21 avril 2025 À l’âge de 88 ans.
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Partie I : Une critique du capitalisme
Voici une sélection de citations du pape François, tirées de sources officielles (encycliques, discours, messages, etc.), où il condamne l’exploitation capitaliste des travailleurs, l’impérialisme, la colonisation, l’exploitation des immigrés, le racisme, ainsi que l’économie financière et les superprofits. Chaque citation est accompagnée de sa source précise, avec une analyse succincte pour contextualiser. Les citations sont organisées par thème pour plus de clarté, bien que certains textes abordent plusieurs thèmes à la fois.
Le pape François critique souvent le capitalisme débridé, qu’il qualifie de système centré sur le profit au détriment des personnes, en particulier des travailleurs.
Citation :
« Un système économique centré sur le dieu de l’argent a aussi besoin de saccager la nature pour soutenir le rythme effréné de consommation qui lui est inhérent. […] Les pauvres ne se contentent pas de promesses illusoires, d’excuses ou d’alibis. Ils n’attendent pas non plus, les bras croisés, l’aide des ONG, des plans d’aide ou des solutions qui ne viennent jamais. »
Source : Discours aux mouvements populaires, Rencontre mondiale, 28 octobre 2014, Vatican.
Contexte : Lors de cette rencontre, le pape s’adresse directement aux représentants des mouvements sociaux, dénonçant un système économique qui exploite les travailleurs et marginalise les pauvres. Il insiste sur la nécessité d’un changement structurel, enraciné dans la doctrine sociale de l’Église.
Citation :
« Le capitalisme sauvage a enseigné la logique du profit à tout prix, du don pour obtenir, de l’exploitation sans regarder les personnes… et nous voyons les résultats. » Source : Discours en Bolivie, Rencontre avec les mouvements populaires, Santa Cruz, 9 juillet 2015.
Contexte : Dans ce discours, François condamne explicitement le « capitalisme sauvage » pour son mépris des travailleurs, illustrant les conséquences sociales et environnementales d’une économie axée sur le profit.
Citation : « Nous disons ‘non à une économie d’exclusion et d’inégalité’, où l’argent règne au lieu de servir. Cette économie tue. Cette économie exclut. Cette économie détruit la mère Terre. » Source : Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, 24 novembre 2013, n° 53-55.
Contexte : Dans ce texte programmatique, le pape dénonce une économie qui marginalise les travailleurs et les pauvres, appelant à une réforme profonde des structures économiques pour placer l’humain au centre.
François a fréquemment dénoncé les dynamiques impérialistes, qu’il associe aux guerres, à l’exploitation des ressources et à la domination des nations puissantes sur les plus faibles.
Citation :
« Les guerres impérialistes, les politiques anti-immigrés, la discrimination raciale, les inégalités… François a toujours pris position aux côtés des plus humbles, condamnant les racines capitalistes de ces conflits. »
Source : Résumé de Granma (journal cubain) cité par Initiative Communiste, 21 avril 2025, relatant les positions du pape lors de sa visite à Cuba en 2015.
Contexte : Cette synthèse reflète les déclarations de François lors de sa rencontre avec Fidel Castro à Cuba, où il a critiqué les politiques impérialistes des grandes puissances, en particulier les États-Unis et leurs alliés.
Citation :
« Les discours populistes d’intolérance, de xénophobie et de mépris des pauvres conduisent à l’indifférence et à l’individualisme, divisant les peuples pour les empêcher de rêver ensemble d’un monde meilleur. »
Source : Message vidéo pour la quatrième Rencontre mondiale des mouvements populaires, 16 octobre 2021, Vatican News.
Contexte : François lie ici l’impérialisme moderne à des idéologies qui divisent et affaiblissent les peuples, empêchant une résistance collective aux structures oppressives.
Le pape a abordé la colonisation, notamment dans le contexte de l’exploitation des peuples autochtones et des ressources naturelles, tout en critiquant les justifications historiques comme la « mission civilisatrice ».
Citation :
« C’est cela, la colonisation idéologique : on colonise le peuple avec une idée, qui veut changer la mentalité ou la structure. »
Source : Discours impromptu lors d’une rencontre avec des journalistes à bord de l’avion papal, 19 janvier 2015, revenant des Philippines.
Contexte : François utilise le terme « colonisation idéologique » pour critiquer les tentatives modernes d’imposer des valeurs ou des modèles économiques occidentaux aux cultures locales, comparant cela aux colonisations historiques.
Citation :
« Le pape François condamne la ‘destruction’ de l’Amazonie et les violences contre les peuples autochtones. »
Source : Encyclique Fratelli Tutti, 3 octobre 2020, n° 25, citée par Issues.fr, 5 octobre 2020.
Contexte : Dans Fratelli Tutti, François dénonce les conséquences de la colonisation et de l’exploitation continue des terres autochtones, en particulier en Amazonie, où les multinationales pillent les ressources au détriment des populations locales.
François a été un défenseur fervent des droits des immigrés, dénonçant leur exploitation par des systèmes économiques et des politiques restrictives.
Citation :
« Le principe de la centralité de la personne humaine nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale. »
Source : Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié, 21 août 2017, publié pour l’événement du 14 janvier 2018.
Contexte : Ce message critique les politiques anti-immigrés qui privilégient la sécurité nationale au détriment des droits humains, dénonçant l’exploitation des migrants comme main-d’œuvre bon marché ou leur marginalisation.
Citation :
« Les migrants ne sont pas un danger, ils sont en danger. […] Nous devons passer d’une culture du rejet à une culture de l’accueil. »
Source : Discours à Marseille, Rencontre méditerranéenne, 22 septembre 2023, cité par Initiative Communiste, 21 avril 2025.
Contexte : À Marseille, François a dénoncé les politiques européennes qui exploitent ou rejettent les migrants, appelant à une solidarité concrète face aux injustices qu’ils subissent.
Le pape a qualifié le racisme de « virus » et a appelé l’Église à reconnaître ses propres manquements historiques dans ce domaine.
Citation :
« Il a également évoqué le racisme, le qualifiant de ‘virus qui mute rapidement et, au lieu de disparaître, se cache et se cache dans l’attente’. Le pape s’est demandé pourquoi il a fallu si longtemps à l’Église catholique pour condamner sans équivoque l’esclavage. »
Source : Encyclique Fratelli Tutti, 3 octobre 2020, n° 86, citée par Issues.fr, 5 octobre 2020.
Contexte : Dans cette encyclique, François aborde le racisme comme une forme d’injustice structurelle, critiquant à la fois les sociétés modernes et l’histoire de l’Église, notamment son retard à condamner l’esclavage.
Citation :
« Les mouvements populistes d’intolérance, de xénophobie et de mépris des pauvres sont des récits qui conduisent à l’indifférence. »
Source : Message vidéo pour la quatrième Rencontre mondiale des mouvements populaires, 16 octobre 2021, Vatican News.
Contexte : François relie le racisme aux discours populistes qui stigmatisent les minorités, appelant les mouvements populaires à agir comme des « Samaritains collectifs » pour contrer ces idéologies.
François critique l’économie financière spéculative, qui génère des « superprofits » pour une élite tout en accentuant les inégalités.
Citation :
« Le Pape François a dénigré la prétendue théorie économique du ruissellement, en ajoutant que la pandémie a montré que le libre échange ne peut pas résoudre les problèmes d’inégalités. »
Source : Encyclique Fratelli Tutti, 3 octobre 2020, n° 75, citée par Issues.fr, 5 octobre 2020.
Contexte : François rejette la théorie du ruissellement (« trickle-down economics »), qui prétend que les profits des riches bénéficieront automatiquement aux pauvres, dénonçant une économie financière qui concentre la richesse.
Citation :
« Parce qu’en dénonçant la perversité de la finance mondiale, ‘la loi du plus fort’ au nom de la compétitivité, il bouscule la ‘doctrine sociale’ de l’Église. » Source : Article de Slate.fr, 3 décembre 2013, résumant les critiques du pape dans Evangelii Gaudium.
Contexte : Dans Evangelii Gaudium, François critique la finance mondiale pour son rôle dans l’accroissement des inégalités et l’exploitation des plus faibles, provoquant des réactions parmi les libéraux économiques.
Citation :
« La spéculation financière, avec pour objectif le gain facile, continue d’occasionner des ravages. »
Source : Encyclique Laudato Si’, 18 juin 2015, n° 56, citée par Journal de Montréal, 18 juin 2015.
Contexte : Dans cette encyclique sur l’écologie, François lie la spéculation financière à la destruction environnementale, dénonçant les superprofits qui nuisent à la fois à la planète et aux communautés vulnérables.
Analyse et remarques
Cohérence doctrinale : Les critiques de François s’inscrivent dans la continuité de la doctrine sociale de l’Église, notamment les principes de la destination universelle des biens, de la solidarité et de l’option préférentielle pour les pauvres. Il s’appuie sur des textes comme le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église (2004) pour ancrer ses propos.
Impact et controverses
Ses prises de position, notamment sur le capitalisme et la finance, ont suscité des critiques de la part des libéraux économiques, en particulieraux États-Unis, où certains l’ont accusé d’être trop à gauche. En Argentine, des figures comme Javier Milei ont rejeté ses idées, l’accusant de promouvoir une « justice sociale » fondée sur l’envie.
Approche révolutionnaire : François n’hésite pas à qualifier son programme de « révolutionnaire », puisant dans les Évangiles pour appeler à un changement systémique. Il a notamment déclaré : « Aujourd’hui un chrétien, s’il n’est pas révolutionnaire, n’est pas chrétien. »
Sources supplémentaires
Pour approfondir, voici des documents officiels où trouver d’autres déclarations :
Encycliques : Evangelii Gaudium (2013), Laudato Si’ (2015), Fratelli Tutti (2020).
Discours : Rencontres mondiales des mouvements populaires (2014, 2016, 2021), disponibles sur le site du Vatican (vatican.va).
Messages : Messages pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié (annuels) et pour la Journée mondiale de la paix.
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Partie II Le pape François et l’écologie.
Résumé des idées du pape François sur l’écologie
Le pape François a développé une vision approfondie de l’écologie, notamment dans son encyclique Laudato si’ (2015), qui appelle à une "écologie intégrale".
Voici les idées principales :
Écologie intégrale : Le pape insiste sur l’interconnexion entre la crise environnementale et les crises sociales. L’écologie ne se limite pas à la protection de la nature, mais inclut la justice sociale, la lutte contre la pauvreté et le respect de la dignité humaine. Tout est lié : la dégradation de l’environnement affecte particulièrement les plus pauvres.
Responsabilité humaine : L’humanité est appelée à être "gardienne" de la Création, et non à l’exploiter sans limite. Le pape critique le consumérisme, la culture du déchet et l’indifférence face à la destruction de la planète.
Appel à l’action collective : François exhorte les individus, les communautés, les gouvernements et les organisations internationales à agir ensemble pour protéger l’environnement. Cela inclut des changements dans les modes de production, de consommation et de politiques publiques.
Spiritualité écologique : Il propose une conversion écologique, où la foi guide les comportements pour vivre en harmonie avec la Création. Cela passe par une sobriété heureuse et une reconnaissance de la beauté du monde comme don divin.
Critique du paradigme technocratique : Le pape met en garde contre une confiance aveugle dans la technologie et le marché pour résoudre les problèmes écologiques, plaidant pour une approche éthique et durable.
Solidarité intergénérationnelle : Les générations actuelles ont une responsabilité envers les générations futures pour préserver la planète.
Sources Internet de l’encyclique Laudato si’
Texte officiel en français (Site du Vatican) :
Laudato si’ - Texte intégral
https://www.vatican.va/content/fran...
Résumé et commentaires (Vatican News) :
Laudato si’ : une encyclique pour la sauvegarde de la maison commune Vatican News offre des analyses et des résumés accessibles.
Document PDF téléchargeable (Libreria Editrice Vaticana) :
Laudato si’ - Version PDF
Une version PDF officielle pour une lecture hors ligne.
Site dédié à Laudato si’ (Mouvement Laudato si’) : Laudato si’ Movement Ce site propose des ressources, des guides pratiques et des initiatives inspirées de l’encyclique.
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L’analyse précédente des positions du pape François sur l’anticapitalisme et l’écologie conduite à se poser la question : le pape François était-il partisan d’un écho socialisme démocratique ?
L’insistance sur la justice sociale et écologique, et son appel à des modèles économiques alternatifs le rapprochent de certaines idées écosocialistes, notamment dans son rejet du productivisme et du consumérisme. Des commentateurs, comme Paul Ariès, notent une « sensibilité écosocialiste » dans Laudato si’ (Journals.openedition.org, 2016), et son discours sur la « clameur de la terre et des pauvres » évoque des thématiques chères aux écosocialistes.
François reste dans le cadre de la doctrine sociale catholique, qui ne cherche pas à abolir le capitalisme mais à le réformer pour le rendre plus humain et durable. Son refus de l’anticapitalisme radical, sa défense conditionnelle de la propriété privée, et son ancrage dans une vision spirituelle plutôt que politique le distinguent clairement de l’écosocialisme, qui est un projet révolutionnaire et laïc. De plus, son soutien à des initiatives comme le Conseil pour un capitalisme inclusif montre une approche pragmatique, travaillant avec les acteurs du système existant, contrairement à la rupture prônée par les écosocialistes (Qz.com, 2025).
La position globale du pape François ne peut pas être qualifiée d’écosocialisme démocratique, car elle diverge sur des points fondamentaux comme l’anticapitalisme, la socialisation des moyens de production, et l’héritage marxiste. Toutefois, sa pensée partage des préoccupations communes avec l’écosocialisme, notamment la critique des excès du capitalisme et l’appel à une transformation socio-écologique. François propose une vision réformiste, enracinée dans la foi chrétienne et la doctrine sociale de l’Église, qui cherche à « guérir » le capitalisme plutôt qu’à le renverser (Les Echos, 2014). Pour lui, le changement passe par une conversion morale et des ajustements systémiques, et non par une révolution politique. « L’économie de communion » prônée dans les encycliques sociales de l’église ne remet pas en cause les fondements du capitalisme même si elle veut donner à ce dernier un visage humain par une régulation économique, morale et religieuse.
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Éléments biographiques pour éclairer les raisons du progressisme de François.
Voici une biographie concise du pape François basée sur les informations disponibles, répondant à vos demandes spécifiques :
Nom de naissance : Jorge Mario Bergoglio Date de naissance : 17 décembre 1936
Pays d’origine : Argentine, né à Buenos Aires dans le quartier de Flores. Il est de nationalité argentine, issu d’une famille d’immigrés italiens originaires du Piémont.
Métiers exercés avant le séminaire :
Avant d’entrer au séminaire à l’âge de 21 ans, Jorge Mario Bergoglio a occupé plusieurs emplois :
Technicien en chimie : Il a obtenu un diplôme de technicien en chimie à l’École nationale d’enseignement technique et a travaillé dans un laboratoire chimique.
Videur de boîte de nuit : Dans sa jeunesse, il a brièvement travaillé comme videur dans un night-club à Cordoba, un emploi inhabituel pour un futur pape.
Balayeur : Il a effectué des tâches de nettoyage pour subvenir à ses besoins.
Ces petits métiers reflètent les conditions modestes dans lesquelles il a grandi et son besoin de contribuer financièrement.
Conditions de vie matérielle dans sa jeunesse :
Jorge Mario Bergoglio a grandi dans une famille modeste d’immigrés italiens. Il était l’aîné de cinq enfants. Les conditions matérielles étaient simples, mais pas miséreuses, dans un contexte urbain à Buenos Aires. Sa famille, bien que modeste, valorisait l’éducation et la foi catholique. Il a fréquenté une école publique et le collège salésien de Ramos Mejia, où il a développé sa vocation religieuse.
Profession des parents :
Père : Mario José Bergoglio, immigré italien, était comptable, employé dans les chemins de fer argentins.
Mère : Regina María Sívori, née à Buenos Aires dans une famille d’origine italienne, était femme au foyer.
La famille a fui l’Italie en 1929 pour échapper au régime fasciste de Mussolini, mais pas pour des raisons économiques, selon María Elena Bergoglio, la sœur du pape.
Quelques informations sur sa formation :
Bergoglio, devenu le pape François, a suivi un parcours de formation jésuite rigoureux, marqué par plusieurs étapes et institutions.
Entrée au séminaire : Bergoglio est entré au séminaire diocésain de Villa Devoto à Buenos Aires, puis au noviciat de la Compagnie de Jésus le 11 mars 1958, à l’âge de 21 ans.
Séminaires fréquentés :
Noviciat au Chili : Après Villa Devoto, il a poursuivi sa formation spirituelle au noviciat jésuite à Santiago du Chili à partir de 1958.
Colegio Máximo San José à San Miguel, Argentine : Il y est retourné en 1963 pour ses études de philosophie, puis de 1967 à 1970 pour ses études de théologie.
Alcalá de Henares, Espagne : En 1970-1971, il a effectué une partie de sa formation jésuite (tiers-an) dans cette ville.
Durée des études dans les séminaires :
La formation jésuite de Bergoglio s’est étendue sur environ 15 ans, de 1958 à 1973, date à laquelle il a prononcé ses vœux perpétuels.
Thèse inachevée : En 1986, il a commencé une thèse de doctorat à la faculté de philosophie et théologie de Sankt Georgen à Francfort, Allemagne, sur le théologien Romano Guardini, mais ne l’a pas achevée.
Sa pensée philosophique est influencée par des jésuites comme Hans Urs von Balthasar, Michel de Certeau et Henri de Lubac, ainsi que par sa réticence à l’esprit de système, privilégiant une approche où « la réalité est supérieure à l’idée ».
Date de décès :
Le pape François est décédé le 21 avril 2025 à l’âge de 88 ans au Vatican, le lendemain de Pâques. La cause de son décès est un accident vasculaire cérébral (AVC) ayant entraîné un coma et une défaillance cardiocirculatoire irréversible, selon le certificat de décès.
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Hervé Debonrivage
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