Pertes humaines pendant la seconde guerre mondiale : le lourd tribut de l’Union soviétique.

jeudi 15 mai 2025.
 

Pertes humaines pendant la seconde guerre mondiale : le lourd tribut de l’Union soviétique.

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À l’occasion du 80e anniversaire de la victoire sur le nazisme mettant fin à la seconde guerre mondiale, nous rappelons l’ampleur du carnage phénoménal qu’a provoqué en Europe et notamment en URSS l’arrivée d’un régime nazi en Allemagne. L’horreur du nazisme semble avoir disparu d’un certain nombre de mémoires : va-t-on assister à sa réhabilitation ?

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Les pertes humaines pendant la seconde guerre mondiale.

1. Nombre de morts civils et militaires consécutifs à la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) dans le monde et en Europe Monde : Total des pertes humaines : Les estimations varient, mais le consensus situe le nombre total de morts entre 70 et 85 millions (environ 3 % de la population mondiale de 2,3 milliards en 1940).

Civils : Environ 50 à 55 millions, incluant les victimes des bombardements, de la Shoah (6 millions de Juifs, 220 000 Tsiganes), des crimes de guerre, des famines et des maladies liées à la guerre.

Militaires : Environ 21 à 25 millions, incluant les morts au combat, les disparus, les accidents, les maladies et les décès en captivité (dont 5 millions de prisonniers de guerre).

Europe : Les pertes en Europe sont estimées à environ 35 à 45 millions (civils et militaires), représentant la majorité des pertes mondiales en raison de l’intensité des combats sur ce théâtre.

Civils : Environ 25 à 30 millions, incluant les victimes des bombardements, des persécutions nazies, des transferts de population et des famines post-guerre.

Militaires : Environ 17,9 millions, dont 10,8 millions pour les Alliés et 7,1 millions pour l’Axe, selon certaines estimations.

2. Pertes humaines civiles et militaires par pays et en pourcentage de la population

Les données ci-dessous sont basées sur les estimations les plus courantes, tirées de sources historiques fiables. Les pourcentages sont calculés en fonction des populations de 1939, avant le début du conflit. Les chiffres varient selon les sources en raison des incertitudes liées aux déplacements de populations, aux destructions des registres et aux différences dans les définitions (morts directs ou indirects).

Pays

Première ligne : Population 1939

Deuxième ligne : Pertes militaires

Troisième ligne : Pertes civiles

Quatrième ligne : Total pertes

Cinquième ligne % de la population

2. 1 de de de – Union soviétique (URSS)

 190 millions

 8,7 à 10,7 millions

 12 à 15,9 millions

 21 à 26,6 millions

 11 à 14 %

2. 2 – États-Unis

 131 millions

 405 000 à 418 000

 12 000

 417 000 à 430 000

 0,3 %

2. 3 – Grande-Bretagne

 47,5 millions

 383 000

 67 000

 450 000

 0,95 %

2. 4 – France

 41,7 millions

 217 000

 350 000 à 400 000

 567 000 à 617 000

 1,4 %

2. 5 – Allemagne

 69,3 millions

 4,3 à 5,3 millions

 1,1 à 2,1 millions

 5,4 à 7,4 millions

 7,8 à 10,7 %

2. 6 – Italie

 44,1 millions

 301 000 à 457 000

 100 000 à 200 000

 401 000 à 657 000

 0,9 à 1,5 %

2. 7 – Espagne

 25,6 millions

 2 000 (volontaires)

Négligeable

 2 000

 0,01 %

2. 8 – Pologne

 34,8 millions

 240 000

 5,3 à 5,8 millions

 5,5 à 6 millions

 15,8 à 17,2 %

Récapitulatif. Détails par pays : Union soviétique : Pertes militaires : Entre 8,7 millions (chiffre officiel de 1993) et 10,7 millions, incluant 3 millions de prisonniers de guerre morts en captivité allemande.

Pertes civiles : Entre 12 et 15,9 millions, incluant les victimes des famines, des exécutions, des déportations et des combats (notamment à Leningrad, Stalingrad, Kiev).

Pourcentage : Avec une population d’environ 190 millions en 1939, les pertes représentent 11 à 14 % de la population, le tribut le plus lourd parmi les grandes puissances.

États-Unis : Pertes militaires : Environ 405 000 à 418 000, incluant les morts sur tous les théâtres (Europe, Pacifique, Afrique du Nord).

Pertes civiles : Environ 12 000, principalement des marins marchands et des civils dans les territoires occupés (Philippines).

Pourcentage : Avec une population de 131 millions, les pertes représentent environ 0,3 %.

Grande-Bretagne : Pertes militaires : Environ 383 000, incluant les morts au combat, en captivité et dans les colonies.

Pertes civiles : Environ 67 000, principalement dues aux bombardements (Blitz).

Pourcentage : Avec une population de 47,5 millions, les pertes représentent environ 0,95 %.

France : Pertes militaires : Environ 217 000, incluant 92 000 morts lors de la bataille de France (1940), 58 000 sur le front ouest (1940-1945), 20 000 résistants, 40 000 prisonniers de guerre, et 5 000 en Indochine.

Pertes civiles : Entre 350 000 et 400 000, incluant les victimes des bombardements, des déportations (notamment 76 000 Juifs) et des exécutions.

Pourcentage : Avec une population de 41,7 millions, les pertes représentent environ 1,4 %.

Allemagne : Pertes militaires : Entre 4,3 et 5,3 millions, incluant les morts au combat, les prisonniers de guerre (459 000 confirmés) et les unités paramilitaires (Volkssturm).

Pertes civiles : Entre 1,1 et 2,1 millions, incluant 400 000 morts dues à la guerre et 800 000 dues à la famine post-1945.

Pourcentage : Avec une population de 69,3 millions (frontières de 1937), les pertes représentent 7,8 à 10,7 %.

Italie : Pertes militaires : Entre 301 000 et 457 000, incluant les morts en Afrique, en Europe et en captivité (27 683 en URSS).

Pertes civiles : Entre 100 000 et 200 000, incluant les victimes des bombardements et des combats sur le sol italien.

Pourcentage : Avec une population de 44,1 millions, les pertes représentent 0,9 à 1,5 %.

Espagne : Pertes militaires : Environ 2 000, principalement des volontaires de la Division Bleue combattant aux côtés de l’Axe sur le front de l’Est.

Pertes civiles : Négligeables, l’Espagne étant neutre mais ayant subi des tensions internes liées à la guerre civile récente (1936-1939). Pourcentage : Avec une population de 25,6 millions, les pertes représentent environ 0,01 %. Pologne : Pertes militaires : Environ 240 000, incluant les morts lors de l’invasion de 1939, les forces polonaises avec les Alliés et les résistants.

Pertes civiles : Entre 5,3 et 5,8 millions, incluant 3 millions de Juifs victimes de la Shoah, ainsi que des exécutions et des déportations.

Pourcentage : Avec une population de 34,8 millions, les pertes représentent 15,8 à 17,2 %, le pourcentage le plus élevé en Europe.

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3. Pertes militaires sur le territoire européen : pourcentages des pertes soviétiques, britanniques , française et américaines

Sur les 17,9 millions de pertes militaires estimées en Europe (Alliés et Axe confondus) :

Union soviétique :

Pertes : 8,7 à 10,7 millions.

Pourcentage : 48,6 à 59,8 % des pertes militaires européennes, reflétant le poids du front de l’Est (où 78 % des pertes militaires européennes ont eu lieu). Nous complétons ces chiffres ci-dessous dans une deuxième analyse.

Grande-Bretagne :

Pertes : 383 000 (dont la majorité en Europe, mais aussi en Afrique du Nord et en Asie).

Pourcentage : Environ 2,1 % des pertes militaires européennes.

France :

Pertes : 217 000 (principalement en Europe, avec une minorité en Indochine).

Pourcentage : Environ 1,2 % des pertes militaires européennes.

États-Unis :

Europe : Environ 183 000 à 193 000 morts, selon les estimations, incluant les combats en Afrique du Nord, en Italie et en Europe de l’Ouest.

Remarque : les pertes américaines varient selon l’inclusion ou non des zones de conflit : notamment le Japon.

Chiffre officiel : Environ 405 000 à 418 000 morts militaires, tous théâtres confondus (Europe, Pacifique, Afrique du Nord).

Pacifique : Environ 200 000 à 220 000 morts, incluant les batailles contre le Japon (Iwo Jima, Okinawa, etc.).

Autres causes de variation : Environ 114 000 morts non liés aux combats (accidents, maladies, suicides). 183 000 : Ce chiffre se limite souvent aux morts au combat en Europe. 193 000 : Inclut parfois les morts en Afrique du Nord ou des blessés décédés plus tard.

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4. Complément d’analyse : pourcentage des pertes militaires par rapport au total des forces militaires alliées sur le sol européen.

Estimations des pertes militaires alliées (théâtre européen) : Union soviétique : Pertes militaires totales : environ 8,7 à 11,4 millions de morts (selon les estimations, incluant tués, disparus, morts en captivité).

Théâtre européen : pratiquement toutes ces pertes ont eu lieu sur le front de l’Est (théâtre européen), car l’URSS n’a pas combattu sur d’autres théâtres majeurs.

Pourcentage des pertes militaires alliées sur le sol européen : 85-90 %. L’URSS a supporté l’écrasante majorité des pertes alliées en Europe en raison de l’ampleur du front de l’Est et de la durée de ce combat depuis 1939

États-Unis :

Théâtre européen : environ 183 000 morts (estimations basées sur les campagnes en Afrique du Nord, Italie, et front ouest-européen, excluant le Pacifique).

Pourcentage des pertes militaires alliées sur le sol européen : 1,5-2 %. Les États-Unis ont engagé moins de troupes en Europe comparé à l’URSS et ont partagé les efforts avec d’autres Alliés.

Grande-Bretagne :

Pertes militaires totales (tous théâtres) : environ 383 000 morts.

Théâtre européen : environ 250 000 morts (incluant les campagnes en Europe occidentale, Afrique du Nord, et bombardements aériens, mais excluant l’Asie).

Pourcentage des pertes militaires alliées sur le sol européen : 2-3 %. La Grande-Bretagne a joué un rôle important, mais ses pertes restent bien inférieures à celles de l’URSS. Si France :

Pertes militaires totales : environ 210 000 morts (incluant la campagne de 1940, la Résistance, et les forces de la France libre).

Théâtre européen : la quasi-totalité de ces pertes ( 200 000) a eu lieu en Europe (campagne de France, Libération, etc.).

Pourcentage des pertes militaires alliées sur le sol européen : 1,5-2 %. La France, après la défaite de 1940, a eu un rôle militaire réduit jusqu’à la Libération.

Résumé en pourcentages des pertes militaires alliées sur le théâtre européen : Union soviétique : 85-90 %

États-Unis : 1,5-2 %

Grande-Bretagne : 2-3 %

France : 1,5-2 %

En résumé, l’URSS supporte 88 % à 90 % des pertes militaires des alliés alors que, à eux 3, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France totalisen au plus 6 % à 8 % du total des pertes alliées, soit un rapport de 1 à 11. En pourcentage de pertes de vies humaines par rapport à la population, 14 % pour l’URSS et 2,7 % pour le total des trois pays précédents.

L’URSS domine largement en raison de l’intensité et de la durée du front de l’Est (1941-1945).

5. Ampleur des pertes matérielles en URSS

L’Union soviétique a subi des destructions matérielles massives, particulièrement dans les régions occupées par l’Allemagne (Ukraine, Biélorussie, Russie occidentale). La tactique de la « terre brûlée » employée par les deux camps a aggravé les dégâts. Voici une estimation basée sur les sources disponibles :

Habitations : Environ 70 000 villages et 1 700 villes partiellement ou totalement détruits.

25 millions de personnes sans abri, soit environ 13 % de la population.

Destruction de 40 % des logements dans les zones occupées (environ 4 millions de bâtiments résidentiels).

Usines : 31 850 usines détruites ou gravement endommagées, représentant 65 % du potentiel industriel dans les zones occupées.

Les industries clés (aciéries, armement, chimie) ont été démantelées ou déplacées à l’est de l’Oural, mais beaucoup n’ont pas été reconstruites avant la fin de la guerre.

La destruction des infrastructures de transport en URSS pendant la Seconde Guerre mondiale fut massive, en raison de l’invasion allemande (Opération Barbarossa) et de la politique de la terre brûlée pratiquée tant par les Allemands que par les Soviétiques. Voici une évaluation basée sur les données disponibles : Voies ferrées : Les sources soviétiques estiment que 65 000 km de voies ferrées ont été détruits par les forces de l’Axe. Cette destruction a gravement perturbé les transports, cruciaux pour l’effort de guerre. Une partie significative du matériel roulant a également été perdue, avec environ 20 % des locomotives, 65 % des wagons de marchandises et 42 % des voitures de voyageurs détruits ou endommagés.

Routes : Bien que les données précises sur les routes soient moins détaillées, des milliers de kilomètres de routes ont été rendus impraticables, contribuant à l’isolement de nombreux villages. Les destructions incluent 8 793 ponts routiers, 7 165 km de routes nationales et 50 000 km de routes départementales ou locales hors d’état, selon des estimations globales pour les territoires occupés. En URSS, la destruction massive de 1 710 villes et 70 000 villages a souvent impliqué la dégradation des réseaux routiers associés.

Ponts : Les ponts, cibles stratégiques majeures, ont été systématiquement visés. Les données spécifiques pour l’URSS mentionnent la destruction de nombreux ouvrages d’art, mais sans chiffres précis pour les ponts seuls. On peut toutefois noter que 2 850 ouvrages d’art (incluant ponts ferroviaires et quoi de routiers) ont été détruits dans les territoires occupés. À titre d’exemple, des ponts sur des fleuves stratégiques comme le Dniepr ou la Volga ont été particulièrement ciblés.

Estimation globale des pertes matérielles : Les dégâts totaux aux infrastructures de transport et de production en URSS sont estimés à 600 milliards d’euros (valeur actualisée). L’historien Clive Ponting évalue les dommages de guerre à l’équivalent de 25 ans de produit national brut soviétique, avec 40 % des logements endommagés ou détruits, aggravant l’impact sur les infrastructures.

Exploitations agricoles : 98 000 fermes collectives (kolkhozes) détruites.

7 millions de chevaux, 17 millions de bovins, 20 millions de porcs et 27 millions d’ovins perdus (soit 50 à 70 % du cheptel).

40 % des terres agricoles dans les zones occupées rendues incultivables à cause des bombardements, des mines et des inondations (environ 80 millions d’hectares affectés).

Autres infrastructures : 84 000 écoles, 4 000 gares, 65 000 km de voies ferrées et 13 000 ponts détruits.

Les villes de Stalingrad, Leningrad, Kiev, Sébastopol et Minsk ont été presque entièrement rasées.

Impact économique : L’URSS a perdu environ 33 % de sa richesse nationale (PIB) . Environ 40 % à 50 % de son industrie a été détruite. La reconstruction a nécessité des décennies, avec des famines persistantes jusqu’en 1947. Un Remarques générales Incertitudes des chiffres : Les estimations varient en raison des destructions d’archives, des déplacements de populations et des différences méthodologiques (inclusion ou non des morts indirects, comme les famines post-guerre).

Poids de l’URSS et de la Pologne : L’Union soviétique et la Pologne ont subi les pertes humaines les plus lourdes en proportion de leur population, en raison de l’intensité des combats et des politiques génocidaires (Shoah, exécutions de masse).

Destructions matérielles : L’URSS a été le pays le plus touché en termes de destructions matérielles, suivie par la Pologne (80 % de son potentiel industriel perdu) et l’Allemagne (villes comme Berlin, Dresde, Hambourg rasées).

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Commentaires :

Iterview de Annie Lacroix Riz, historienne. a Matinale du 08/05 : victoire soviétique : deux historiens rétablissent la vérité sur 1945 ! https://www.youtube.com/live/AQA8j3mj2D4 ** accueil des chefs d’État à Moscou mercredi 8 mai 2025 pour la cérémonie du 9 mai. https://www.youtube.com/watch?v=BmK...

** Hervé Debonrivage


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