L’exploit militaire, preuve du courage et de la ténacité des soldats de la légion étrangère prend néanmoins sa source dans une guerre absurde engagée par Napoléon III. Deux ans auparavant les troupes britanniques, espagnoles et françaises sont intervenues militairement pour forcer le Mexique à payer ses dettes. Alors que les troupes britanniques et espagnoles se retirent, Napoléon III décide de renverser le président Mexicain, Juarez et de transformer le Mexique en un empire catholique. Mais les Français se heurtent à la résistance farouche des Mexicains. Une première armée de 7.000 hommes est repoussée devant Puebla, une ville fortifiée sur la route de Mexico.

Une compagnie de la Légion étrangère, aux ordres du capitaine Jean Danjou, est chargée de protéger un convoi de ravitaillement de l’armée française en route vers Puebla. Le convoi est attaqué sur la route par 600 cavaliers et 1400 fantassins mexicains. Après avoir repoussé une première charge, le capitaine de la légion se réfugie dans le village abandonné de Camerone. Il se barricade avec ses hommes dans la cour de l’auberge, fermée par de hauts murs, afin de retenir assez longtemps l’ennemi pour que le convoi puisse s’éloigner. Le colonel Milan, qui commande les troupes mexicaines, offre la reddition à la troupe de la Légion. Mais le capitaine refuse et jure, ainsi que ses hommes, de ne jamais se rendre. Le colonel Milan lance un dernier assaut auquel la compagnie de légionnaires résiste héroïquement durant plus de 9h. L’auberge est incendiée et les huit survivants acceptent enfin de se rendre à condition de conserver leurs armes et que leurs blessés soient soignés, ce qu’acceptent les Mexicains. Trois cents Mexicains auront été au total mis hors de combat par les 63 légionnaires.

Les villes de Puebla, puis de Mexico sont prises peu après par les français ce qui n’empêche pas l’échec final de Napoléon III avec la reprise du pouvoir par les Juaristes en 1867. De ce fiasco reste le souvenir de Camerone et du courage exemplaire des légionnaires. D’ailleurs le célèbre chant de la Légion « Tiens voilà du boudin » rend hommage à ces combattants en déclarant dans un couplet « Héros de Camerone, nos frères modèles, dormez en paix dans vos tombeaux »

Aigline de Causans