Le successeur de Helder Camara excommunie une mère pour l’avortement de sa fillette violée. SCANDALEUX ! (Golias)

dimanche 15 mars 2009.
 

Archevêque de Recife depuis 1985, Mgr José Cardoso Sobrinho, carme de 76 ans sur le point de partir à la retraite, a véritablement démantelé les communautés de base de son diocèse et renié l’esprit de Dom Helder Camara. Son prédécesseur bien connu. Dont on célèbre pourtant cette année dans le diocèse concerné le centenaire de sa naissance, en 1909. Peu communicatif, cassant, autoritaire et ultraconservateur, Dom Cardoso ne quittera donc pas sa charge sans avoir en quelque sorte apposé un point final à son œuvre réactionnaire et oppressive.

Ce prélat détesté de son clergé, ou de ce qu’il en reste, traquant l’hérésie et fustigeant la théologie de la Libération a excommunié la mère d’une enfant de neuf ans ayant avorté de jumeaux suite à un viol. Il a également excommunié toute l’équipe médicale. Le prélat a argué qu’aux yeux de l’Église catholique, l’avortement était un "crime" et que la loi de Dieu était "au-dessus" de celle des hommes : "La loi de Dieu est au-dessus de n’importe quelle loi humaine. Alors, quand une loi promulguée par des législateurs humains est contraire à la loi de Dieu, cette loi n’a aucune valeur."

Cerise sur le gâteau : le même archevêque menace à présent d’attaquer la mère en justice pour "homicide". Pourtant, cette "grossesse comportait de hauts risques et mettait la vie de l’enfant en danger", a déclaré à la presse le docteur Sergio Cabral qui a réalisé l’intervention mercredi dans un hôpital public de Recife . La police a en outre découvert que le beau-père de l’enfant abusait d’elle depuis qu’elle avait six ans, ainsi que de sa sœur aînée de 14 ans, Le beau-père de 23 ans, a avoué les délits et encourt quinze ans de prison.

L’interruption volontaire de grossesse est toujours interdite au Brésil, sauf en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. Cela n’empêche évidemment pas un million de femmes d’avorter clandestinement, lors d’opérations qui coûtent la vie à des milliers d’entre elles chaque année, selon les autorités. « L’état de la fillette s’appliquait aux deux cas et, comme médecins, nous ne pouvions pas faire courir de risques à une enfant de 9 ans, dont les organes ne sont pas encore formés", précisait le docteur Cabral.

Plusieurs organisations non gouvernementales de défense de la femme ont soutenu l’interruption de grossesse de la fillette. Une immense majorité de catholiques est profondément indignée et blessée du manque de compassion et d’humanité de l’archevêque. Avec l’appui du président Lula, le ministère de la Santé du Brésil tente actuellement de dépénaliser l’avortement mais il se heurte à la réaction de l’aile la plus conservatrice de l’Église, en particulier de Mgr Cardoso.

Excommunication de Recife : LE COUP DE GUEULE DE L’EVEQUE DE NEVERS

"Il y avait autre chose à dire

J’ai appris comme tout le monde que la mère d’une fille de neuf ans, enceinte de son beau-père, avait été excommuniée par son évêque au Brésil, avec l’équipe médicale qui avait procédé à l’avortement de sa fille. Comme évêque, je suis solidaire de tous les évêques du monde.

La solidarité impose de dire ses désaccords, sinon elle ne serait que complicité. Je dois dire à mon frère l’évêque de Recife – et au cardinal qui l’a soutenu - que je ne comprends pas leur intervention.

Devant un tel drame, devant la blessure d’une enfant violée et incapable, même physiquement, de mener à terme une grossesse, il y avait autre chose à dire, et surtout des questions à se poser : comment accompagner, encourager, permettre de sortir de l’horreur, de retrouver sens et goût à la vie ? comment aider la fille et la mère à se reconstruire ? Nous balbutions, surtout nous les hommes, et devons compter sur les femmes pour être là avec plus de présence que de paroles. Mais des paroles de condamnation, un rappel de la loi, aussi juste soit-elle : c’est ce qu’il ne faut pas faire.

Jésus aurait dit que la morale est faite pour l’homme et non l’homme pour la morale. Il a dénoncé l’hypocrisie de ceux qui lient de pesants fardeaux sur les épaules des autres.

Je confesse que j’ai accompagné des femmes avant et après une IVG. Je crois que l’Église catholique assume sa responsabilité sociale en insistant, à temps et à contre-temps, sur le respect de la vie humaine « depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ». Nous manquerions à notre responsabilité en taisant cet appel, qui relève de la défense des plus petits et des plus faibles.

Après, il s’agit d’accompagner chaque personne, dans des situations où je ne voudrais pas être, et où chacun essaie de faire au mieux de ce qu’il ou elle peut. Dieu nous appelle à des décisions qui peuvent être exigeantes, mais d’abord il nous enveloppe de sa tendresse, et il nous accueille dans les obscurités et les drames de la vie.

J’attends des hommes d’Église, mes frères, qu’ils n’utilisent pas son nom pour condamner des personnes ou les enfermer dans la culpabilité."

Francis Deniau,

évêque pour la Nièvre

Site du diocèse de Nevers

Mars 2009


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