19 mars 1962 : la fin d’une guerre

vendredi 20 mars 2009.
 

Jeudi 19 mars, nous avons commémoré la signature des accords d’Evian, qui ont mis fin à la guerre d’Algérie. Et c’est une coïncidence que cet anniversaire tombe le jour d’une mobilisation sociale. En effet, les autorités considèrent que les dits « événements d’Algérie » ont débuté en 1954. Pour ma part, je daterais le début du combat des Algériens pour l’indépendance au 9 mai 1945 et les manifestations sociales et pour l’émancipation qui marquèrent ce jour ; manifestations réprimées dans le sang par l’armée française.

Qu’il me soit permis de préciser que, lorsque je parle de l’armée française, n’oubliant jamais les exactions coupables qui ont marqué ce qui fût, par bien des aspects, une sorte de guerre civile autant qu’un conflit de décolonisation, je n’incrimine pas les soldats remplissant leur devoir, mais je condamne l’attitude de l’État qui, notamment en 1956, a démissionné de ses responsabilités en cherchant une issue militaire a ce qui était avant tout un conflit politique. Que cela reste une leçon pour nous tous, puisque nous parlons d’une commémoration : un conflit politique ne saurait trouver d’issue militaire. L’actualité dramatique du monde nous le rappelle trop souvent.

C’est donc aux victimes que nous devons dédier chacun de ces jours où nous nous souvenons ensemble : victimes militaires des deux camps, victimes civiles trop nombreuses, victimes de la torture comme des combats. Dans ce sens, je me suis prononcé à plusieurs reprises pour que les anciens combattants d’Afrique du nord soient reconnus comme tels. Il s’agit là d’un devoir vis-à-vis de ceux qui se sont battus, quel que soit leur camp. C’est aussi la reconnaissance logique du fait que les combats en Algérie, Tunisie et Maroc ne relèvent pas de « l’opération de police » selon la terminologie officielle, mais bien d’une guerre. Si j’insiste autant sur ce terme, c’est parce que mettre les mots justes pour décrire la réalité historique, c’est la condition indispensable pour mener à bien le travail de mémoire qui permettra à nos deux nations, à nos deux peuples, de se réconcilier. Alors que la paix dans le monde est menacée, c’est en cela qu’une commémoration trouve pleinement son utilité.


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