Les chiens de guerre des grosses sociétés militaires privées (article Le Lot en action)

jeudi 10 novembre 2011.
 

Coups d’états libéraux... Coups de Maître de Guerre privée

Nous assistons depuis quelques années à l’émergence de quelques grosses sociétés militaires privées, intervenant sur tous les conflits armés dans le monde. Les noms de Blackwater, Halliburton, Caci International, Titan Corporation, DynCorp ou bien encore Global Risk ne vous disent peut-être rien. Ce sont des entreprises américaines, sud-africaines ou britanniques de mercenaires qui offrent leurs services aux états. Ainsi en Bosnie, en Irak, en Afganistan, mais également en Afrique et en Amérique du sud, de nombreux « barbouzes », employés de ces sociétés font la guerre à la place des armées régulières de leurs commanditaires, les nations occidentales ayant drastiquement réduit leurs effectifs ( entre 1987 et 1997 les armées américaine, russe, française et britannique, ont fondu de 4,2 à 1,2 million de bidasses). Au cours de la dernière décennie Washington a signé plus de 3.000 contrats avec ces sociétés pour plus de 300 milliards de dollars Et pourtant les scandales se succèdent dans un silence médiatique presque...assourdissant !

En voici deux exemples :

En Bosnie, des mercenaires embauchés en Bosnie par la société américaine DynCorp sont impliqués dans une affaire de trafic d’armes, de racket et de prostitution. Lorsque l’affaire est rendue publique, les protagonistes sont simplement licenciés ! Aucune poursuite n’est engagée, ni contre eux, ni contre les responsables de cette société.

En Irak, des employés de deux sociétés militaires privées sont accusés d’avoir organisé des actes de torture à la prison d’Abou Ghraib mais échappent aux sanctions. (contrairement aux militaires réguliers américains).

Les réels avantages pour les états commanditaires ne sont pas nombreux mais de taille : ces mercenaires ne sont pas comptabilisés dans les pertes et peuvent effectuer des opérations militaires ne respectant aucune convention sans impliquer le donneur d’ordre et en évitant les contrôles parlementaires..., pourtant chers payés par les contribuables, bien plus cher que les économies réalisées par les officielles coupes dans les effectifs. Ces armées privées encaissent des sommes colossales et font un lobbying impressionnant, dispensant des milliards de dollars auprès des partis politiques aux États-Unis et ailleurs. Juste à titre d’exemple, Dick Cheney, l’ancien bras droit de Bush était également l’ancien P.D.G. d’ Halliburton...

Alors quand ces sociétés offrent leurs services à intérêts privés colossaux (pétrole, uranium, matières premières), pour de la surveillance et de la protection, voire davantage, on peut légitimement se poser la question de savoir qui peut contrôler ces armées privées et avec quels moyens ? En cas de dérapage il sera très difficile aux États-Unis (exemple pris au hasard !) de mener une procédure légale puisque les dossiers cachés et sulfureux sont l’essence même de cette industrie.

Leurs missions vont du conseil à une participation directe aux interventions militaires, en passant par la formation, le soutien logistique, le déminage, la fourniture de matériel, l’évaluation des risques et de l’environnement, le renseignement, la protection du personnel diplomatique et des infrastructures. Contrairement à une idée reçue, 80 à 90 % de leur chiffre d’affaire concerne la logistique au sens large et seulement 10 à 15% touche des missions sécuritaires ou militaires.

DynCorp est directement impliquée dans la lutte contre le trafic de drogue en Colombie. D’autres sociétés implantent actuellement des forces impressionnantes, toujours en Colombie, pour se préparer à retirer une énorme épine du pied de l’oncle Sam en la personne d’Hugo Chavez (victimes de plusieurs tentatives d’assassinats, probablement financés par la CIA...). Le coup d’état réussi contre le président du Honduras a été mené par qui et avec quels moyens ? Guantanamo est une prison militaire construite et gérée par Halliburton et les interrogatoires ont été menés par des employés de Titan.

Tous les responsables politiques s’accordent à dire qu’il est nécessaire de légiférer en la matière mais rien n’est fait depuis plus de dix ans. Devant ce silence et la passivité des instances internationales, y compris de l’ONU, la Suisse a proposé en 2007 de soumettre le mercenariat privé au droit international. Malgré plusieurs réunions, rien de concret n’est à ce jour en place et le vide juridique en la matière est maintenu au nom de la lutte contre le terrorisme.

Et cela ne va pas sans poser une énorme interrogation : les lobbies financiers seront ils, prochainement, en situation de mener une guerre en toute indépendance ?

Bluboux. Le Lot en Action


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