René Revol, fils de pauvre, riche de savoir, d’humanité et d’expérience

dimanche 23 février 2020.
 

La vie militante permet parfois de croiser des personnes dont les qualités sont supérieures à celles de "importants’ dont les télés se repaissent. Tel est le cas de René Revol.

Source : http://www.midilibre.com/articles/2...

Bio express

Naissance : le 22 novembre 1947 à Grenoble (Isère).

Famille : marié et père de trois enfants

Profession : professeur en classe préparatoire à Normale Sup au lycée Alphonse-Daudet, à Nîmes et à l’IUFM de Montpellier.

Entourage

Avec son faux air espiègle de Robbie Williams, il a un côté prof dans le Cercle des poètes disparus. Frêche dit de lui que c’est un « gentil ». D’abord par respect pour l’agrégé de Sciences éco, dirigeant étudiant en 1968 à Grenoble, auteur d’ouvrages de référence, etc. Il fut l’éminence grise de Mélenchon, de 2000 à 2002, quand celui-ci était ministre délégué à l’Enseignement professionnel. Tous deux sont d’anciens trotskistes et peuvent se dire « a vérité ». Comme Revol l’aurait dite à Frêche, refusant une vice-présidence de l’Agglo appointée, sans marge de manœuvre. Pour lui, la base prime sur le sommet. Il mobilisa les profs pour faire bouger les caciques du ministère. René Revol, 62 ans, a conquis la mairie de Grabels en 2008 avec la même stratégie. Formé à la dialectique trotskiste, il s’entend même avec les « bobos ». Rond. Rassembleur. Réfléchi. Sa cheville ouvrière, c’est Thierry Angles (PCF), concepteur de projets culturels, coordinateur de la campagne. Ses amis : le psychiatre Charles Ménard (ex-PS) et Jean-Luc Mélenchon. « René n’est pas sectaire et il sait rassembler. C’est un cas. » Ou encore Bruno Flacher, son « frère », connu en… 1965 sur les bancs de Sciences politiques.

Ennemis

Pas vraiment d’ennemis. Mais René Revol a une ligne claire, contre Frêche. Il y a presque un an, il fut le premier, avec l’ancien maire de Sète, François Liberti, Christine Lazerges (ex-députée PS) et Jean-Louis Roumégas (Verts) à lancer un appel « au respect des élus, des formations politiques et des électeurs qui ne sont pas des cons », salve visant directement Georges Frêche, « obstacle au rassemblement de la gauche ».

Parcours

René Revol, père de trois enfants de 34, 21 et 13 ans, est né dans une famille de mineurs « sans savoir, ni pouvoir, ni richesse ». Son père, résistant « dès 1942 », est décédé en décembre dernier. Son frère, six mois avant. Études brillantissimes : major de Sciences politiques, thèse d’Histoire. Sous l’influence de l’un des papes du trotskisme, Pierre Broué, il sera d’extrême gauche. Long apprentissage de la politique avec des mandats syndicaux. Une maxime : « La vérité prend le pas sur tout le reste ». Être dans la minorité, c’est le meilleur endroit pour scruter le monde. Il fut marié avec la fille d’un ex-élu de Grenoble, remarié avec une prof des écoles. En 1980, il rompt avec le trotskisme qui n’est « plus la pointe avancée de l’union de la gauche ». Arrive au PS. En 2008, après le congrès de Reims, il crée le Parti de gauche avec Mélenchon. Depuis, il s’engueule gentiment avec son fils de 13 ans, pro-Besancenot. La discussion animée est une tradition familiale. « Il faut que je le convainque avant qu’il ne soit en âge de voter », rigole-t-il. Le débat reste à l’extrême. Pas comme avec son père, gaulliste. Il lit. Il voyage. New York. Les Antilles. Il aime se souvenir de la remontée d’un fleuve en Guyane, campant et nourrissant le feu toutes les trois heures « pour éloigner les animaux ». Revol se vide l’esprit en kayak de mer, à Villeneuve-les-Maguelone ou en Bretagne. Il a cette phrase, fondatrice : « J’ai le sentiment d’une dette. » René Revol se sent « redevable envers mes parents. Ils m’ont sorti de la merde. Je suis fils de pauvre et ils se sont saignés pour que je fasse des études. Tous m’ont enseigné l’authenticité. » Citant René Char, il renchérit : « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament. »

Atouts

« Je veux qu’on m’aime. » René Revol, éternelle chemise rouge sur les épaules, est un émotif. Ses élèves le surnomment « DR » : débit rapide. A Grabels, pour les gamins, c’est René. Normal, il est resté 15 ans président local des parents d’élèves. Nombreux sont ceux qui louent son écoute. Ils ont peur qu’une fois élu, il se détourne de la commune. « Je m’occupe de toutes les petites choses qui les embêtent. » Ses proches, sa femme en tête, ajoutent : « Sa plus grande qualité, c’est son plus grand défaut : il adore gagner. » N’est-il pas l’un des rares en France à avoir rassemblé autant d’organisations d’extrême gauche sur sa liste.

Faiblesses

Ce n’est pas un chef. Plutôt un rassembleur. Son charisme se résume à son côté cabotin. « Je ne supporte pas de perdre », ajoute-t-il. Même au ping-pong avec ses enfants. « Je ne suis pas assez prudent. » On le dit exigeant. « Je veux que le travail soit fait la…veille. » Un Cassandre ? « On est entré dans l’ère des tempêtes. La crise est loin d’être finie », professe-t-il. « Les gens préfèrent qu’on leur parle du beau temps mais c’est comme ça ; c’est l’ère des tempêtes… » Pour lui, la Grèce qui s’enfonce dans ses dettes abyssales, c’est le début de la fin. « La dette privée épongée par la dette publique encore plus forte… Et par les impôts. Ça ne peut pas continuer. » Lui croit en son chemin.


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