"Maya, de l’aube au crépuscule" Exposition Quai Branly

mercredi 13 juillet 2011.
 

La richesse de la culture maya en 160 œuvres

L’exposition événement « Maya, de l’aube au crépuscule » du Quai Branly rend hommage au patrimoine maya du Guatemala.

L’urne statuette d’un homme assis, les yeux clos, les bras croisés, les paumes ouvertes vers le ciel, qui nous accueille semble implorer une grâce, celle d’une reconnaissance. Le caractère exceptionnel des œuvres présentées révèle ici la richesse de l’art maya au Guatemala, berceau originel de la culture maya. En tout, 160 œuvres  : bijoux, céramiques peintes et sculptées, mobilier funéraire et rituel, stèles et éléments architecturaux s’organisent autour d’un parcours chronologique.

Un corpus issu en majorité des fouilles archéologiques récentes réparties sur l’ensemble du territoire. Véritable découverte, la reproduction monumentale de la frise mise au jour dans les réservoirs de la cité d’El Mirador par Richard D. Hansen témoigne des progrès actuels de l’archéologie. Datant de 300 av. JC, elle constitue en effet la plus ancienne frise maya connue à ce jour et met en scène le mythe fondateur de la lune et du soleil raconté dans le Popol Vuh, le texte sacré maya, à travers l’histoire de la vengeance des deux jumeaux mythiques Ixbalanque et Hunapu, après l’assassinat de leur père. Le travail remarquable effectué par l’équipe de l’archéologue depuis 2003 a ainsi permis de réévaluer l’impact d’une des premières grandes cités mayas. À la suite de ces nombreuses découvertes, le site El Mirador a été proposé pour un classement au patrimoine de l’Unesco. Un documentaire dans l’exposition permet de se rendre compte des fouilles et des travaux accomplis en moins d’une décennie par les équipes de Hansen.

Le Guatemala rassemble encore de nombreux Indiens, descendants des Mayas, qui ont conservé leurs langues et leurs traditions. L’exposition propose à la fin du parcours une vision de la culture maya contemporaine à travers des photographies et un documentaire qui met l’accent sur les progrès et le renouveau culturel indien. Une vision angélique qui fait grimacer face à la situation économique et sociale d’un des pays les plus pauvres de l’Amérique centrale, ravagé par les catastrophes écologiques, trente-six années de guerre et tous les problèmes liés à la déforestation, au narcotrafic et à une population qui vit, pour 75 %, en dessous du seuil de pauvreté.

Le collectif Guatemala avait choisi l’inauguration de l’exposition pour protester contre la société pétrolière franco-britannique Perenco, principal producteur du pays et mécène de l’exposition du Quai Branly à hauteur de 125 000 euros. La multinationale, accusée de ne pas respecter les normes environnementales dans une réserve naturelle protégée, dément et justifie la militarisation de la zone pour des raisons de sécurité. Sur le site d’El mirador, 
Richard H. Hansen explique que, si six mois de fouilles coûtent entre 1,5 et 2 millions de dollars, généralement financées par les multinationales, l’entretien des vestiges étant difficile voire impossible à assumer pour le gouvernement guatémaltèque. En occultant les polémiques qui touchent directement aux problèmes de gestion du patrimoine au sein du marché de l’art dans la mondialisation actuelle, le Quai Branly ne parvient pas à proposer une muséographie nouvelle et ne s’attache qu’à décrire des œuvres significatives et exceptionnelles. « Le savant n’est pas l’homme qui fournit les vraies réponses, c’est celui qui pose les vraies questions », affirmait Claude Lévi-Strauss. Les progrès des méthodes archéologiques ont permis une véritable révolution des connaissances sur ces civilisations méconnues et victimes de la colonisation. Ces connaissances ont-elles véritablement conduit à renouveler la vision de ce patrimoine ?

Maya et mayanisme

La société maya exerce 
une fascination depuis 
les premiers pas de l’homme occidental dans le Nouveau Monde. Les premières constructions mayas ont été datées du IIIe millénaire 
avant J-C, leur rayonnement s’étend sur le sud du Mexique, 
le Belize, le Guatemala, 
le Honduras et le Salvador. Après un premier déclin 
aux alentours de 150 apr. J-C, de nouvelles cités connaissent un essor important entre 
le VIe et le IXe siècle comme Palenque, Copan ou Tikal. Elles sont pour la plupart abandonnées rapidement entre le VIIIe et le IXe siècle. Lors de l’arrivée des Espagnols au début du XVIe siècle, les Mayas résidaient principalement le long des côtes du Yucatan et dans les hautes terres du Guatemala. La conquête et les autodafés orchestrés par l’Église ont accéléré la destruction de cet héritage. Les pillages et les catastrophes écologiques ont alimenté ignorance, fantasmes et spéculations délirantes. Aujourd’hui encore, 200 adeptes d’une secte mayaniste se sont rassemblés à Bugarach, dans les Pyrénées, pour attendre la fin du monde prévue pour le 21 décembre 2012 dans le calendrier maya.

Musée du Quai Branly, 
37, quai Branly, 75007 Paris. Jusqu’au 2 octobre 2011.

Lucie Servin, L’Humanité


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