La sortie du nucléaire affole une certaine droite

lundi 10 octobre 2011.
 

Elle a donc mis en mouvement la grosse Bertha des arguments qui tuent toute pensée critique. La méthode est toujours la même. D’abord affoler pour intimider. Et, pour cela, sortir les chiffres les plus effrayants, les déficits les plus abyssaux. On se souvient de la situation de « quasi faillite » décrite par Fillon premier ministre au moment où il préparait le terrain pour la mise en place du bouclier fiscal. Pour les retraites ce fut l’annonce de déficits astronomiques, projetés jusqu’en 2050. Tout cela est absurde. Bien sur cela n’obéit à aucune rigueur de raisonnement.

Voici que la une du journal « Le Figaro » s’applique à entraîner ses lecteurs sur cette pente de l’effroi organisé. Combien coûterait la sortie du nucléaire à la France ? Un chiffre est avancé. Il est destiné à ne pas pouvoir entrer dans la calculette du commun des mortels : 750 milliards ! Donc « Le Figaro », qui interroge pour extrapoler ce résultat le patron du Commissariat à l’énergie atomique, un nommé Bernard Bigot, ne se gêne pas pour titrer à la une en gros caractères : « La sortie du nucléaire coûterait 750 milliards ». Comment cela est-il calculé ? C’est très simple. Et bien tordu. Vous allez voir.

Suite à la décision « radicale » de l’Allemagne de « tourner le dos » au nucléaire, un institut « compétent » outre-Rhin a chiffré le coût de cette décision à 250 milliards d’euros. La France possède trois fois plus de centrales que l’Allemagne. Donc cela veut dire pour la France 750 milliards d’euros. « Des ordres de grandeur qui donnent le vertige », écrit Le Figaro. Le vertige en effet. Mais l’interrogé de service du « Figaro » pour le compte du lobby nucléaire lui n’en souffle mot. Ce monsieur Bigot n’avance nulle part ce chiffre. Il a mieux. Il dit noir sur blanc : « Aucun chiffre ne peut raisonnablement être avancé ». Donc soyons raisonnables et évitons de croire que les multiplications allemandes ont un sens. Mais « Le Figaro » qui publie cette réponse n’en tient aucun compte. Avant de donner sa botte : « L’impact risque d’être encore plus lourd que l’application d’une règle de trois ». Tel quel. Il ne sait pas mais il pense que ce serait pire que tout ce qu’on lui dit qui est déjà bien gratiné pourtant !

Le Figaro écrit : « Les conséquences, à la fois pour les finances publiques et pour la facture du consommateur sont incalculables… ». Incalculable ! Comme l’effroi qu’est prié de ressentir le malheureux crédule qui lit ça. A montrer dans toutes les écoles de journalisme. Nous savons désormais que Le Figaro raisonne en données corrigées. Si l’on sortait du nucléaire, pour calculer juste, il faudrait donc calculer le coût des « investissements nécessaires à la réalisation de nouvelles capacités de production pour pallier la disparition de l’atome », le coût des subventions aux énergies renouvelables, le coût de l’électricité importée, le coût du démantèlement des centrales… En effet. Sans oublier le coût de l’eau que vont boire les ouvriers, celui des aliments qu’ils vont consommer, celui des visites de chantiers et ainsi de suite pour faire bon poids bonne mesure. Sans parler du coût du rapport de la commission « Energie 2050 » qui doit remettre ses conclusions au gouvernement français en début d’année prochaine.

Thierry Salomon, le président de l’association écologiste Négawatts résume bien le problème et pose la bonne question sur la sortie du nucléaire : « La question économique est légitime, mais la vraie question c’est, si on ne le fait pas, qu’est-ce que ça coûte ? » Parce que dans ce cas, il faut quand même démanteler des centrales, les entretenir, et ainsi de suite. Et en cas d’accident ? Oui en cas d’accident ! On garde la copie de cette une du Figaro et on l’affiche ce jour-là dans la région concernée.


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