La Droite et l’armée en 1914 : un nationalisme guerrier irresponsable

jeudi 30 avril 2020.
 

Le centenaire des débuts de la Première guerre mondiale nous vaut le retour des sempiternelles bêtises de la droite contre Jean Jaurès. Les socialistes du début du siècle :

- auraient lutté contre les besoins de la défense nationale, en particulier contre la loi allongeant le service militaire de deux à trois ans.

- auraient démobilisé la population par leurs positions contre la guerre.

La réalité est évidemment bien plus complexe.

La droite de l’époque reste profondément marquée par le royalisme fascisant d’Action française

- Ainsi, elle affaiblit considérablement la république et l’armée par son attitude dans l’affaire Dreyfus (campagne de presse nauséabonde, réalisation de faux, mobilisations violentes...)

- Ainsi, elle affaiblit considérablement la république et l’armée par l’implication politique incongrue d’officiers supérieurs, par exemple lors de la séparation de l’Eglise et de l’Etat

- Héritière des émigrés combattant la Révolution française aux côtés des armées prussienne, autrichienne... elle se préoccupe beaucoup du combat politique intérieur contre la République d’où par exemple les célèbres fiches du général André, affaire qui empoisonne encore l’armée en 1914.

- Du point de vue de la Défense nationale, cette préoccupation essentiellement politicienne intérieure a pour conséquence que la droite porte le fer sur ce qui permet de dénoncer la gauche comme non nationale tout en ne prenant pas en compte les vrais problèmes que celle-ci pose, y compris à la veille de la Première guerre mondiale, sur les incohérences et handicaps dans le budget de l’armée : mauvaise prise en compte des unités de réserve et territoriales (qui seront inévitablement amenées à combattre en cas de guerre), artillerie lourde insuffisante, équipement archaïque du soldat...

La droite de l’époque préfère défendre les intérêts patronaux (aucun impôt sur le revenu) qu’équiper l’armée française

Aussi, elle mène campagne avec succès contre tout impôt sur le revenu même si les principales faiblesses de l’armée française par rapport à celle de l’Allemagne proviennent d’un handicap budgétaire (cet apport fiscal date de 1893, sous Bismarck).

Durant l’année 1914, ces handicaps s’avèrent criminels. L’armée française perd 301350 soldats décédés et plus de 700000 trop gravement blessés pour poursuivre la guerre. La seule journée du 22 août est la plus meurtrière de toute l’histoire militaire française avec 25000 morts. Lancer des fantassins au pantalon garance, avec un petit képi sur la tête au lieu d’un casque, sans guère d’artillerie lourde près du front face aux mitrailleuses, aux obusiers, aux canons de 105, 155 et 420, aux mortiers de 210 et 305... ne pouvait que mener à une telle hécatombe.

Un épisode illustre bien l’écart entre la réalité de la guerre et l’équipent du soldat : le musée de Meaux présente un gilet pare-balles confectionné par une famille pour son fils mobilisé : quelques bouts de tôle cousus dans de la toile à matelas.

Il est tout de même incroyable que la droite ait mené campagne durant des années pour attiser la haine de l’Allemagne tout en négligeant les constats sur des manques en matériel ; le pays dut en catastrophe acheter (surtout à crédit), en pleine guerre 88000 pioches au Royaume Uni et 55000 bêches aux Etats Unis.


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