Alliances PS Modem. Mais que fait le PCF ? ( Clémentine Autain)

samedi 1er mars 2008.
 

J’ai écouté ce matin Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, invitée sur France Inter. Interrogée sur les alliances conclues ici ou là entre le PS, le Modem et... le PCF, elle répond sans rire : “c’est d’abord l’alliance entre des personnalités du Modem et le PS”. Et de légitimer la présence des communistes au sein de ces alliances par : “il faut se battre jusqu’au bout” dans les majorités composées. Ce qui ne l’empêche pas d’en appeler, la phrase suivante, à la construction d’une gauche de gauche. Belle gymnastique ! Quant à Paris, elle se contente de commenter que la capitale est gagnable sans le Modem... Je vous passe le couplet sur le PCF qui va sortir renforcé de ces municipales. Pathétique.

Globalement, sur France Inter et ailleurs, pour la clarté de la position communiste et la compréhension de ce que représente une recomposition des alliances avec le Modem, on repassera. Je lisais hier un papier sur l’exemple de Montpellier où, comme à Grenoble ou Roubaix, il y a une alliance dès le premier tour PS-PCF-Modem. La résignation est au rendez-vous, comme si l’essentiel était de sauver coûte que coûte quelques élu-e-s.

Mais si les communistes ne tiennent pas tête face à ce recentrage, qui va tenir tête ? Pire, le PS argumentera à l’avenir en faveur d’une alliance plus globale avec le centre en expliquant qu’il est possible d’emporter dans cette afffaire la gauche du PS. Quant aux Français, comment peuvent-ils y comprendre quelque chose si, à gauche, on relativise, on s’accommode au nom du “réalisme” (MGB ce matin), on ne mène pas la bataille. Participer dès le premier tour à des listes avec le Modem devrait être inconcevable pour quiconque se revendique de la gauche de gauche.

Le PCF devrait partout dire : “c’est eux ou nous”, quitte à prendre le risque de listes [autonomes qui déboucheraient à court terme à la perte de quelques élu-e-s. Je suis convaincue que c’est le seul moyen d’être cohérents et lisibles pour les cocos, ce qui paie nécessairement à long terme. A contrario, la confusion ne peut qu’amener un peu plus le PCF dans le mur. Au deuxième tour, le minimum syndical serait de dire : “nous ne participerons pas à des exécutifs avec le Modem”. Vu l’interview de MGB ce matin, je ne sens pas un rapport de force s’installer ! Je crois même que l’idée de partager, dans certaines villes, les exécutifs est envisagé. C’est le candidat des Verts à Paris, Denis Baupin, qui a clairement posé cette limite, alors même que sa formation est sur le fond relativement ambigue, comme l’illustrent les nombreux transfuges des Verts au Modem...

C’est à y perdre son latin ! Je l’ai dit dans ce blog à plusieurs reprises, je crois profondément que ces recompositions à l’oeuvre ne sont pas anodines. Même si la France n’est pas l’Italie, l’exemple italien devrait nous faire réfléchir. Les communistes ont été partie prenante de la grande alliance contre Berlusconi. Résultat : arrivé au pouvoir, ce rassemblement façon auberge espagnole n’a pas tenu. C’est évidemment l’option la plus centriste qui l’a emporté. Or, la politique menée n’a pas répondu aux aspirations populaires. Les déceptions dans le pays furent si grandes que, au bout du bout, cela favorise le retour de Berlusconi, sur une ligne de droite plus dure encore... Et un pôle gauche de gauche est maintenant en train de se reconstituer. Quel temps perdu !

Prétendre qu’à l’occasion des municipales, ce ne sont que des petits pas sans importance vers le Modem, qu’il est possible de cohabiter ici ou là avec lui, que “s’allier avec, c’est le tuer”, est un leurre. Pire, c’est accroître la confusion politique au moment même où nous avons besoin de retrouver des repères clairs. Ce n’est pas un hasard si Olivier Besancenot atteint, dans ce contexte, des records de popularité. Ils sont dûs en partie à son indéniable brio mais surtout à la limpidité de son propos, clairement identifié à gauche. Malheureusement, la réalité de sa proposition politique ne résoud qu’une partie de l’équation : l’ancrage radicalement anti-institutionnel et le rejet de toute la mouvance gauche de gauche qui ne se reconnait pas dans tous les fondamentaux de la LCR ne lui permettront pas de construire une force politique en phase avec ce que beaucoup dans le pays projettent en lui. D’où l’impasse provisoire dans laquelle se trouve la gauche...

Tenir bon face au Modem permet de constituer des repères et des limites à la droitisation du PS. Et de conserver des chances que se reconstruise une gauche de gauche.


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