Gendarmes mobiles : un danger pour la république ?

vendredi 10 mars 2023.
 

Lors de chaque élection, le vote des gendarmes mobiles et gardes républicains en faveur du Front National ne peut qu’inquiéter tout démocrate. De plus, ce pourcentage fascisant croît d’une élection à l’autre. Ainsi, Madame Le Pen obtenait dans le bureau gendarmistique de Versailles (n°10) 46,1% des voix en 2012 et 48,27% en 2017.

- > Quatrième partie : Pourquoi le vote FN des gendarmes mobiles est-il un danger pour les citoyens ?

- > Troisième partie : Election présidentielle 2017

- > Deuxième partie : 6 décembre 2015 En Ile-de-France, les gendarmes mobiles et gardes républicains ont voté massivement Front National

- > Première partie : Une enquête IFOP confirme un pourcentage Front National très supérieur à la moyenne dans les bureaux de vote proches des casernes de la gendarmerie mobile, lors des élections présidentielles 2012.

- B) Le vote de la gendarmerie mobile à Satory
- C) Le vote de la gendarmerie mobile en France
- D) Ce vote FN de la gendarmerie mobile correspond-il au vote de l’ensemble de la gendarmerie et des forces de maintien de l’ordre ?

Quatrième partie : Pourquoi ce vote FN ? Pourquoi est-il un danger pour les citoyens ?

Pourquoi ce vote FN des gendarmes mobiles ?

L’IFOP avance comme cause de ce vote : « Le vécu professionnel, l’esprit de corps et les valeurs qui y sont rattachées ». C’est assez bien analysé.

Vécu professionnel en raison de leur rôle dans l’application de la loi

Gendarmes et policiers assurent une tâche indispensable dans la protection de la sécurité des citoyens. Mais la loi limite largement leur responsabilité à la surveillance des catégories sociales considérées dangereuses : les pauvres.

Ainsi, gendarmes et policiers contrôlent fréquemment et verbalisent des propriétaires de voitures qui ont manqué d’argent pour changer leur plaque d’immatriculation suite à un changement de lieu de travail et de domicile. Ainsi, gendarmes et policiers contrôlent fréquemment et verbalisent des jeunes désargentés en mobylette dont tel papier n’est pas en règle.

Mais un gendarme peut-il contrôler et verbaliser un candidat de droite qui se présente à l’élection présidentielle sous un faux nom ? En tout cas aucun ne l’a fait.

L’élection de Nicolas Sarkozy était illégale et relevait du code pénal ! (articles 433-19 et 433-22 du code pénal)

Vécu professionnel face aux mouvements sociaux

Dans le système capitaliste, les forces de l’ordre ont à la fois une fonction de protection de la sécurité des citoyens et une fonction de protection des intérêts des plus riches.

Un corps comme celui des gendarmes mobiles a seulement un rôle de protection des intérêts des riches face aux mouvements sociaux.

Depuis 50 ans, rentiers de la Bourse et haut patronat n’ont de cesse de casser les acquis républicains de notre pays comme la Sécurité Sociale ou la retraite par répartition. Seule la force des mouvements sociaux a ralenti leur détermination. Mais qui ces mouvements sociaux ont-ils trouvé en permanence en face d’eux ? les gardes mobiles et les CRS.

Les gardes mobiles ressentent logiquement les mouvements sociaux comme leur ennemi car leur vécu professionnel n’est pas toujours facile, loin de là et ils prennent parfois des coups. Les militants organisateurs des grèves et manifestations étant logiquement engagés politiquement sur des positions anticapitalistes de gauche, les gardes mobiles se positionnent avec les meilleurs ennemis des mouvements sociaux et de la justice républicaine : l’extrême droite dont le Front National.

La liquidation des acquis républicains est souvent présentée comme une nécessité de "modernisation". Si tel était le cas, les efforts seraient au moins partagés entre les pauvres, les salariés non précaires et les riches. Est-ce le cas ? NON. Année après année, nous assistons à un transfert d’argent du peuple vers les riches. Que des salariés ayant perdu leur travail suite à l’action illégale de patrons voyous occupent leur usine et ils sont évacués violemment par les CRS ou gardes mobiles !

A propos des "valeurs" du corps des gardes mobiles

Ces valeurs reposent essentiellement sur le respect de l’ordre, des ordres et de la hiérarchie, bases idéologiques fondamentales de tous les fascismes et courants d’extrême droite.

Pourquoi ce vote des gardes mobiles est-il un danger pour les citoyens ?

Oui, le vécu de "gardien de l’ordre", l’esprit de corps et les "valeurs" sécuritaires promues en son sein poussent les gardes mobiles comme toutes les forces militaires et policières du même type dans le monde vers des idées d’extrême droite.

Cette prédisposition sécuritaire à fascisante des "forces de l’ordre" a eu plusieurs conséquences catastrophiques ces deux derniers siècles :

Dès qu’un mouvement social a mis les profits, y compris illégaux, des plus riches en danger, ces "forces de l’ordre" ont souvent laissé des milices d’extrême droite tabasser et assassiner des syndicalistes et militants de gauche.

Giuseppe Valenti assassiné par les fascistes (7 au 12 octobre 1922)

Dès qu’un mouvement social a mis les profits, y compris illégaux, des plus riches en danger, ces forces de l’ordre ont fréquemment contribué à des assassinats déguisés de syndicalistes, d’opposants et militants de gauche.

L’Etat italien a utilisé la torture contre la gauche anticapitaliste après 1968

18 août 1950 Assassinat de Julien Lahaut par un réseau comprenant extrême droite, patronat, services secrets et CIA

Dès qu’un mouvement social a mis les profits, y compris illégaux, des plus riches en danger, ces forces de l’ordre ont servi de point d’appui pour des "stratégies de tension" ayant pour but d’affoler la population, pour marginaliser électoralement la gauche, pour faire accepter aux citoyens un "Etat fort".

Gladio : la guerre secrète des États-Unis pour subvertir la démocratie italienne

Le Géant tueur fou du Brabant était un gendarme d’élite d’extrême droite

Enfin et surtout, ces "forces de l’ordre" ont servi de support principal à plus d’une centaine de coups d’Etat fascistes et militaires

Ainsi par exemple, lorsque l’armée chilienne a lancé son coup d’Etat du 11 septembre 1973 pour renverser le président de la république légalement élu Salvador Allende, les carabiniers chargés de défendre le palais présidentiel ont tranquillement quitté le bâtiment.

11 septembre 1973 au Chili : Récit du coup d’Etat minute après minute

Troisième partie : Election présidentielle 2017

Le 1er tour de l’élection présidentielle ne déroge pas à la règle. Les gendarmes votent bien davantage Marine Le Pen que le citoyen lambda. Avant d’expliciter l’analyse des scrutins, il est judicieux de refaire un point méthodologique. Contrairement aux CRS, "les gendarmes mobiles résident avec leurs familles dans les locaux de la caserne. La concentration de ces effectifs « gendarmiques » offre ainsi une possibilité de pouvoir évaluer la réalité du vote" en étudiant le bureau de vote qui leur est attribué lors d’une élection. Néanmoins, et à part de rares exceptions, le bureau de vote n’est pas lié exclusivement à une caserne mais englobe plus largement les habitations des alentours et donc l’ensemble d’un quartier (dont la caserne). Le résultat du bureau de vote lié à une caserne se dilue donc avec celui des populations civiles "classiques". Il ne s’agit donc pas ici de sondage ou d’estimation mais bien d’une étude mathématique des bureaux de votes rattachés aux casernes. En Ile-de-France, les gendarmes mobiles et gardes républicains ont voté massivement Marine Le Pen.

Versailles : C’est dans cette grande ville des Yvelines que se trouve le plus important contingent de gendarmes mobiles franciliens. Ces gendarmes habitent à la caserne de Satory [1] et est composé de 7 EGM (escadrons de gendarmerie mobile). Ce camp militaire est relativement exceptionnel pour notre étude car il est rattaché à un bureau de vote où seuls les gendarmes et leurs familles respectives sont inscrits sur les listes électorales. C’est le bureau de vote n°10 de Versailles. Dimanche dernier, 48,27% y ont voté Le Pen contre 9,8% pour l’ensemble de la ville. Les gendarmes ont ainsi voté près de 5 fois plus pour le FN que la population versaillaise totale.

Nanterre : Dans la Préfecture des Hauts-de-Seine se trouve une caserne des gardes républicains. Ils votent dans le bureau n°14 et sont 35,16% à avoir accordé leur confiance à Le Pen contre 10,43% à l’échelle municipale. Soit 3,5 fois plus que l’ensemble de la ville.

Paris : Le bureau n°46 du 13e arrondissement correspond aux habitations du boulevard Kellermann dont dépend la caserne des gardes républicaines et leurs familles. L’analyse du scrutin doit prendre en compte cette "dilution" avec les populations "classiques". Malgré ce mélange, Le Pen obtient près de 16,52% des voix soit un score en pourcentage 2,5 fois plus élevé que l’ensemble de l’arrondissement [2].

Dugny : Petite ville de Seine-Saint-Denis à la frontière du Val d’Oise, elle est habitée par l’EGM 22/1 dans la caserne De Rose. Les gendarmes votent au bureau de vote n°1 (Nelson Mandela) avec une partie de la population. Ici encore, malgré cette "dilution", ce bureau détient le nombre de votes le plus élevé pour le FN. Près de 31% contre 18% à l’échelle municipale.

Rosny-sous-Bois : Composé de deux EGM (dont un a été inauguré par Cazeneuve en 2016), le Fort de Rosny vote à la maternelle Raspail (bureau de vote n°23) et encore une fois, le Front National fait une percée dans ce bureau (mélangé avec la population civile). Le Pen obtient 24,16% contre 15,14% pour l’ensemble de la ville.

Même si cette étude francilienne n’est pas totalement exhaustive [3], cette sélection relativement importante démontre une nouvelle fois la proximité idéologique entre les tenants de la matraque et le parti d’extrême-droite du Front National.

Nous avons également étudié d’autres bureaux de vote à proximité d’une caserne de gendarmes mobiles ailleurs qu’en région parisienne. Là encore, le constat est saisissant.

Orléans : À Orléans réside l’escadron de gendarmerie mobile 41/3 dont la caserne est située boulevard Marie Stuart. Mélangé avec d’autres habitations, l’escadron vote au bureau n°39 et c’est dans celui-ci que le FN de Le Pen obtient son meilleur score ! L’ensemble de la ville a voté à 11,99% pour la candidate tandis que le bureau rattaché à la caserne lui gratifie 23,70% des suffrages, soit près du double...

Annecy : Il s’y trouve l’EGM 22/5 dont la caserne vote au bureau n°25 (gymnase de La Plaine). Le score est "dilué" avec les autres populations du quartier encore une fois mais il n’empêche que c’est dans ce bureau de vote que Le Pen obtient son meilleur score ! Près de 29,44% contre 14,03% à l’échelle municipale, soit deux fois plus !

Nîmes : L’EGM 15/6 habite la ville. Particularité : sa caserne est partagée en deux bureaux de vote (n°217 et n°218) et ce sont dans ces derniers que le FN y fait ses meilleurs scores (respectivement 34,39% et 34,31% contre 21,56% à l’échelle de la ville) [4].

Mont-Saint-Aignan : Ici réside l’EGM 21/3. Son bureau de vote est le numéro 8, "dilué" là encore avec l’ensemble du quartier dont dépend la caserne. Il apparaît malgré tout que le FN double son score par rapport à celui de l’ensemble de la ville (17,09% contre 8,29%).

Grenoble : L’EGM 24/5 vit dans une caserne avenue Léon Blum. Les gendarmes et leurs familles votent au bureau n°4072 (Beauvert-2). Là encore c’est un bureau mixte regroupant les "Bleus" et populations du quartier. Ce bureau met Le Pen en tête avec près de 28,11% tandis que la ville place Le Pen en 5ème position avec "seulement" 10,70% des suffrages.

Ainsi, l’étude des résultats électoraux détaillés des villes où résident des EGM montre une augmentation du score FN dans le bureau de vote correspondant à leurs casernes. Malgré une "dilution" avec les populations avoisinantes du quartier, le score n’en reste pas moins élevé, et se retrouve quasi systématiquement supérieur à celui de l’échelle municipale. La comparaison avec le score de l’ensemble de la ville permet de constater un pic de votes FN "anormalement" élevés dans un bureau rattaché à une caserne de gendarmerie mobile. De toute évidence, si l’on pouvait connaître uniquement les votes des gendarmes (c’est à dire sans prendre en compte les populations civiles partageant le même bureau de vote), le score du FN apparaîtrait encore plus élevé comme nous l’avons illustré avec le cas exceptionnel du bureau de vote n°10 de Versailles "chimiquement" pur car uniquement composé des gendarmes mobiles et leurs familles.

Affirmer la proximité idéologique des gendarmes mobiles avec le Front National n’est en aucun cas un "fantasme" gauchiste. Leurs idées sont bel et bien de la même couleur que leurs tenues de maintien de l’ordre : "Bleu Marine".

Source : https://paris-luttes.info/president...

Deuxième partie : Elections régionales du 6 décembre 2015 : Le FN fait carton plein dans les casernes des gendarmes mobiles et des gardes républicains !

A Versailles, se trouve le groupement blindé de gendarmerie mobile (GBGM). Le bureau de vote n°10 de la ville constitue, de ce point de vue, un "cas exceptionnel et très précieux de bureau « chimiquement pur ». En effet, ce bureau de vote situé à proximité immédiate du camp de Versailles-Satory présente la particularité de ne compter que des gendarmes et des membres de familles de gendarmes sur ses listes électorales". 61,85% des électeurs gendarmes ont choisi le candidat "bleu marine", Wallerand de Saint-Just ! Partout (à l’exception du bureau n°11, proche géographiquement de la caserne), le score du FN plafonne à 15-20%. Si la ville des Yvelines a voté à 15,95% pour le Front National, ce dernier pourra toujours se consoler en admirant son score dans le bureau de vote des gendarmes : près de 62%, soit 274 votants sur 453 [4].

A Nanterre (92), le bureau n°14 est lui aussi « chimiquement pur » car il est constitué uniquement de la caserne des gardes républicains avec leurs familles. 51,83% y ont ainsi voté pour le FN. Là aussi le score est surprenant. En effet, nulle part ailleurs dans la ville, le FN obtient plus de 25%. A Nanterre, le Front National obtient 16,87% mais plus d’un garde républicain sur deux a voté pour l’ami fidèle de Jean-Marie Le Pen.

Enfin, sur Paris, le bureau n°46 du 13e arrondissement correspond aux habitations du boulevard Kellermann dont dépend la caserne des gardes républicaines et leurs familles. L’analyse du scrutin doit prendre en compte cette "dilution" avec les populations "classiques". Néanmoins, c’est sur ce bureau que le FN fait le plus de voix (20,4%) !. C’est également dans le 13e arrondissement que Saint-Just fait son meilleur résultat sur Paris (10,86%). On vous laisse soin d’en tirer des conclusions...

Nous avons également étudié deux autres bureaux de vote à proximité d’une caserne de gendarmes mobiles en province : Orléans et Grenoble (les deux villes ont été choisies selon la commodité d’obtention des résultats électoraux détaillés). Là encore, le constat est saisissant.

A Orléans réside l’escadron de gendarmerie mobile 41/3. Sa caserne est située boulevard Marie Stuart. Le quartier est en partie rattaché au bureau de vote n°39 et le FN y est en tête (30,1%). Tandis que l’ensemble d’Orléans a voté à 18,5% pour le candidat frontiste, c’est dans le bureau de vote où habitent notamment des gendarmes mobiles, que le Front National obtient son meilleur résultat. Coïncidence encore une fois ?

Enfin, à Grenoble, vit l’escadron de gendarmerie mobile 24/5 dans une caserne avenue Léon Blum. Les gendarmes et leurs familles votent au bureau n°4072 (Beauvert 2ème bureau). Là encore c’est un bureau mixte regroupant à la fois gendarmes et populations du quartier. Ici, le Front National culmine à 38,56% des voix tandis qu’à l’échelle municipale, il fait "seulement"15,7%. C’est encore une fois dans un bureau lié aux gendarmes que le FN obtient de loin son meilleur score. Alors, toujours une coïncidence ?

On entend parfois certaines personnes prêcher la douce parole : « derrière leurs boucliers et leurs apparences de Robocop se cachent des êtres humains ! »

Oui, c’est vrai. En plus de jouer aux Robocop, ce sont des petits êtres sensibles. Mais sensibles aux idées puantes d’extrême-droite...

Marc Piccolo et Jeanne Debuis

Source : http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar...

Notre modeste analyse ne comptabilise pas les voix des Républicains (ex-UMP), Debout La France, ou encore l’UPR. Inutile de préciser que la quasi-majorité des voix des gendarmes et leurs familles se tournent vers les partis reconnus médiatiquement comme de droite.

Notes

[1] Si cette proximité était une évidence pour beaucoup de gens, il nous semblait important d’apporter des "preuves" sourcées et récentes. Notre article, sobre contribution, visait en quelque sorte à apporter de "l’eau au moulin". La figure du CRS comme policier fasciste est inscrite parfois dans un imaginaire collectif dont l’objet est mythifié. Il est ainsi nécessaire de "casser ce mythe" et de rappeler que la Police n’est pas détachée de son passé sulfureux. Pire encore ; au-delà de ses pratiques, elle affirme désormais de plus en plus sa Flamme envers le Front National.

[2] Attention, depuis 2012, certains escadrons ont déménagé de casernes et il y a eu un redécoupage électoral, ce qui rend désormais caduque une partie de l’étude l’IFOP.

[3] Nous laissons le soin à chacun d’étudier plus profondément les résultats.

[4] A noter que deux brebis galeuses ont voté pour le Front de Gauche !

Première partie : Elections présidentielles de 2012 (Jacques Serieys)

A) Satory, triste mémoire

La présence de l’armée en ce lieu date du moment où tous les poltrons de la guerre de 1870 ont décidé d’écraser le peuple parisien qui avait résisté face à l’armée allemande. Les régiments de Versaillais sont donc partis de là pour assassiner lâchement des dizaines de milliers de braves gens. C’est au camp de Satory que des milliers de communards furent détenus (dont Louise Michel) dans des conditions ignobles sans abri ni soin d’où un grand nombre de morts (certains abattus et inhumés sur place). C’est également ici que quelques grands républicains ont été exécutés en temps de paix comme le colonel Rossel, 27 ans (fusillé le 28 novembre 1871), celui qui avait dénoncé tôt la « trahison envers la patrie et le peuple » des dirigeants de droite et chefs militaires choisissant la défaite pour mieux restaurer un ordre conservateur, celui qui s’était échappé du camp de Metz vendu au roi de Prusse par le maréchal Bazaine, celui qui avait choisi ensuite de combattre aux côtés de "ceux qui ne s’avouent pas vaincus", « du côté du peuple ».

B) Le vote de la gendarmerie mobile à Satory

Actuellement, le camp de Satory abrite plusieurs unités de l’armée ( Structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT), Service industriel de maintien en condition opérationnelles des matériels terrestres de l’armée de terre (SIMTer), Section technique de l’armée de terre (STAT), la 3e Base de Soutien au Commandement (3e BSC) et l’élite de la gendarmerie, particulièrement :

- le Groupement blindé de gendarmerie nationale ayant un rôle de choc, de formation et de conseil au bénéfice de l’ensemble de la gendarmerie.

- le le GSIGN (groupement de sécurité et d’intervention de la gendarmerie nationale) dont le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN).

Les gendarmes mobiles et leurs familles représentent près de 100% d’un seul bureau de vote en France : le bureau n°10 (Clément Ader) de Versailles Satory, situé à proximité du camp de Satory. Le quartier compte environ 5000 habitants dont 1500 gendarmes.

En 2012, les résultats du premier tour sont les suivants :

- Marine Le Pen : 46,1%,

- Nicolas Sarkozy : 22,9%,

- François Bayrou à 11,7%

- François Hollande à 11%

- Jean-Luc Mélenchon : 3,6%

Ce vote ne représente pas une exception (52,94% pour le FN en 2011).

Le quartier de Satory compte un autre bureau comptant des personnels de la Défense plus divers dans lequel le pourcentage du FN est légèrement moins élevé.

C) Le vote de la gendarmerie mobile en France

L’IFOP a réalisé une enquête remarquable pour conclure « tous les bureaux abritant une caserne de la gendarmerie mobile affichent un vote pour Marine Le Pen à la présidentielle très nettement supérieur à la moyenne de leur ville (ou arrondissement pour Paris et Lyon). Dans tous les cas étudiés dans cette présente analyse (sauf une exception), le bureau où se trouve la caserne est même le bureau de la ville qui accorde le plus fort vote à Marine Le Pen. Ce constat assez impressionnant se vérifie dans tous les types d’environnement et quel que soit le contexte sociologique et politique... En fonction du nombre de gendarmes affectés dans la caserne, le poids de la communauté gendarmique dans le corps électoral du bureau de vote variera assez sensiblement et mathématiquement, plus les gendarmes mobiles et leurs familles seront nombreux et plus la spécificité électorale de leur bureau de vote sera marquée. La spécificité du vote des gendarmes mobiles ne ressort pas uniquement lorsque l’on compare les résultats électoraux de leur bureau de vote avec la moyenne de la ville, les écarts apparaissent également avec les bureaux de vote limitrophes de la caserne ».

Même lorsque le pourcentage d’électeurs gendarmes mobiles ne représente que 15% à 50% du corps électoral, cette affirmation se confirme. Notons par exemple le score FN dans les bureaux suivants auxquels sont rattachés des escadrons de gendarmerie mobile :

- Hyères : 42,1%

- Dijon : 30,8%

- Toulouse : 27,7%

- Drancy : 32,9%

- Amiens : 23,8%

- Maisons-Alfort : 24,5%

- Lyon Bron : 24,9%

- Aubervilliers : 21,8%

- Mont de Marsan : 20,2%

- Melun : 24%

- Orléans : 19,8%

L’IFOP note un autre point important. Le vote pour l’UMP au premier tour dans ces bureaux est aussi fort sinon plus que la moyenne nationale et locale. C’est la gauche qui est presque inexistante.

Dernier argument approuvant le constat d’un vote Front National aussi fort au plan national qu’à Satory, l’IFOP a réalisé une estimation statistique (non remise en cause par les statisticiens comme par la gendarmerie) du vote FN en 2012 dans la gendarmerie mobile au plan national.

Le résultat est le suivant :

-> Marine Le Pen 46% (moyenne des Français :17,9%)

- > Nicolas Sarkozy : 31% (" : 27,2%)

- > François Hollande : 10% (" : 28,6%)

- > Jean-Luc Mélenchon : 1,5% (" : 11,1%)

- > François Bayrou : 8% ( " : 9,1%)

- > Extrême gauche : 0,5% (" : 1,7%)

D) Ce vote FN de la gendarmerie mobile correspond-il au vote de l’ensemble de la gendarmerie et des forces de maintien de l’ordre ?

Plusieurs éléments statistiques vont dans le sens d’une réponse positive à cette question.

L’enquête de l’IFOP ne concerne pas seulement les gendarmes mobiles mais aussi les fameux Gardes républicains.

8% à 10% des gendarmes de Satory quittent ce camp chaque année sans que cela change la sympathie générale pour le Front National.

L’Essor, journal de la gendarmerie nationale, considère que le sur-vote FN se retrouve généralement dans la gendarmerie, y compris rurale :

« Les conclusions de cette étude peuvent-elles être étendues à tous les gendarmes ? Globalement sans doute, mais dans des proportions qui restent à préciser. Car l’Ifop a observé ce qu’il appelle un "sur-vote frontiste" chez les gardes républicains (casernés à Paris et à Nanterre), très net, mais moindre que chez les GM. S’agissant de la gendarmerie départementale, les outils de l’Ifop ne lui ont pas permis d’établir des mesures précises. Mais on ne voit pas pour quelles raisons les gendarmes de cette subdivision de l’Arme aurait un comportement très différent.

- Enfin l’Ifop s’est demandé si ce "tropisme frontiste" valait aussi pour les autres forces en charge du maintien de l’ordre. S’agissant des gardiens de prisons, sur la base de l’analyse de plusieurs bureaux de vote où avec leurs familles ils représentent une part significative des personnes inscrites sur les listes électorales, la réponse est oui : 2 fois plus d’électeurs pour Marine Le Pen à Fresnes, dans le bureau 6 qu’en moyenne sur la ville... »

E) Comment expliquer ce vote "gendarmistique" ?

L’IFOP avance comme cause :« Le vécu professionnel, l’esprit de corps et les valeurs qui y sont rattachées aboutissent donc à une expression électorale vraiment très spécifique et très différente de celle du reste des Français. »

à suivre dans les jours à venir

Jacques Serieys

http://www.ifop.com/media/pressdocu...

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http://fr.wikipedia.org/wiki/Gendar...

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Espagne : Relents franquistes dans la police du roi

Un 
groupe de 
policiers posant devant une statue de franco, la guardia civil célébrant une « vocation » inchangée depuis deux siècles… coïncidence ?

« Que se passerait-il si des policiers allemands posaient devant une statue de Hitler ? Ou des Français devant une statue de Pétain ? » C’est la question posée depuis la découverte, jeudi, d’une photo qui commence à circuler sur Twitter. On y voit un groupe de vingt-deux policiers de la Guardia Civil espagnole, tenant fièrement le drapeau rouge et or de leur pays, devant… la dernière statue en pied du dictateur Franco, à Melilla, ville autonome enclavée au Maroc. Les agents du GRS (groupe rural de sécurité) y ont été envoyés pour « renforcer la sécurité dans le périmètre frontalier avant l’arrivée massive d’immigrants subsahariens » qui essaient de passer les barbelés « pour entrer sur le territoire national ».

La photo n’a pas été commentée par les porte-parole officiels de la Guardia Civil, mais ce sont bien les seuls à rester muets. Car, sur Twitter, d’aucuns estiment que, « dans un pays normal, les “gris” (surnom donné aux policiers sous Franco en raison de la couleur de leur uniforme – NDLR) seraient jugés pour apologie du franquisme et de la torture ». Le ton est tout autre sur les forums dédiés à l’échange entre policiers. « C’est une statue historique, une part de l’histoire de notre pays, prenons-la pour telle et pas pour sa signification politique », déclare un agent. « C’est une photo souvenir », plaide un autre. « Je suis sûr qu’aucun de ceux qui sont dessus n’est franquiste », défend un dernier. Une autre affaire mêlant police et franquisme avait pourtant déjà défrayé les réseaux sociaux en mars dernier. Quatre Playmobil, aux couleurs des uniformes successifs de la Guardia Civil, figuraient sur un message officiel de l’institution célébrant presque deux siècles « de sécurité et de service au citoyen » sans précision sur la période franquiste 1941-1978. Pire, le slogan, « même vocation, uniforme distinct », a fait hurler : le premier uniforme présenté était le fameux « gris ». Depuis Franco, les « vocations » de la police espagnole n’ont pas changé ?

Grégory Marin, L’Humanité


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