26 MARS 2008 : L’OAS CÉLÉBRÉE, SES VICTIMES MOBILISÉES ? Appel des associations des victimes de l’OAS

samedi 29 mars 2008.
 

L’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS et l’Association des Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, le Comité vérité justice pour Charonne, le MRAP, le collectif anticolonial.org, ont lancé l’appel suivant.

Le 26 mars 1962 en matinée, une semaine après le cessez-le-feu en Algérie, l’organisation séditieuse dénommée OAS (Organisation armée secrète), issue du putsch d’avril 1961, lançait, par voie de tracts, un mot d’ordre insurrectionnel. Elle exhortait les Algérois à s’opposer « jusqu’au bout à l’oppression sanguinaire du pouvoir fasciste » et à former des cortèges, l’après-midi même, en direction du « périmètre de bouclage de Bab-el-Oued ». Les participants à ce rassemblement, préalablement interdit par les autorités civiles et militaires, se heurtaient à un barrage des forces de l’ordre rue d’Isly : la manifestation causait 46 morts.

Quarante-six ans après, des dirigeants associatifs, anciens de l’OAS, Claude Rochette et Jean-François Collin, appellent à une cérémonie sous l’Arc de Triomphe dont l’objet serait, au travers du ravivage de la Flamme, d’honorer le souvenir de ces victimes de la fusillade de la rue d’Isly. Un demi-siècle après, l’OAS s’approprie la mémoire douloureuse des fils et filles ainsi que des frères et sœurs de celles et ceux qu’elle a abusés en les encourageant à défier l’État au péril de leur vie.

Il n’est pas admissible qu’une telle célébration, encadrée par d’anciens tueurs de l’OAS, puisse se dérouler sur un site aussi hautement symbolique de notre histoire nationale que l’Arc de Triomphe. La tombe du Soldat inconnu et la Flamme éternelle ont vocation à perpétuer le souvenir de ceux qui ont combattu et donné leur vie pour la défense des institutions républicaines et des principes fondamentaux de notre société.

Ce haut lieu de la mémoire française ne saurait être investi, fût-ce le temps d’un dépôt de gerbe, par des factieux qui ont tourné contre la République les armes qu’elle leur avait confiées. Ces terroristes qui, dans leur discours revanchard, comparent le Général de Gaulle à Hitler ne sauraient être admis à en piétiner la mémoire en même temps que l’appel du 18 juin, reproduit à quelques pas seulement de la Flamme du Souvenir.

Il semble bien que l’interdiction, demandée, de cet hommage du 26 mars 2008 ne soit à l’ordre du jour ni de la préfecture de police, ni du ministère de l’intérieur ni du nouveau secrétariat d’Etat à la défense et aux anciens combattants.

Pourtant, une différence existe entre ce rassemblement et ceux qui l’ont précédé.

Entre-temps, en effet, Monsieur Nicolas Sarkozy a accédé à la présidence de la République.

Or, le candidat élu à la magistrature suprême avait pris pour engagement de conférer la qualité de Mort pour la France aux personnes ayant payé de leur vie les espoirs qu’ils avaient cru devoir placer dans l’OAS le 26 mars 1962.

Rien n’indique qu’une telle promesse ne soit pas tenue très prochainement, sous l’influence de ce même lobby qui était parvenu à obtenir le vote de la loi du 23 février 2005 et, notamment, de son article 13 instaurant un régime d’indemnisation en faveur des anciens activistes civils de l’OAS.

L’attribution de la qualité de Mort pour la France aux manifestants du 26 mars 1962 s’analyserait comme une nouvelle prime octroyée à ceux qui ont soutenu l’OAS. Elle leur conférerait un statut aligné sur celui des poilus de la Grande guerre et des anciens combattants et résistants du conflit de 1939-1945. Elle constituerait une marque de mépris à l’égard des militaires et des fonctionnaires qui ont eu pour mission de faire respecter l’ordre républicain en Algérie et dont certains sont tombés, victimes du devoir, sous les coups de l’OAS, et ont été légitimement reconnus « Morts pour la France ».

Une distinction de cette nature ne doit viser que ceux qui se sont acquis des mérites en s’impliquant avec honneur au service de la Nation. Elle ne peut s’appliquer à des personnes ayant fait acte d’obéissance à une organisation à la fois terroriste et raciste.

Dans ce contexte, une dénonciation s’impose tant de la présence de l’OAS sous l’Arc de triomphe ce mercredi 26 mars que de la menace de la réalisation de la promesse électorale de Monsieur Sarkozy.


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