Sarkozy : libéral nous voilà ! (par Trait d’Union)

lundi 23 juin 2008.
 

Durant les présidentielles Sarkozy a usé, jusqu’à la corde, son fameux « je serai le Président du pouvoir d’achat »... thème qui en a séduit plus d’un... malheureusement ! On sait maintenant ce qu’il en est ; loin de manquer de cohérence, l’équipe gouvernementale déploie son logiciel libéral résumé en une formule : cadeaux à ceux qui en ont le moins besoin, coupes sombres dans les budgets de redistribution sociale aux dépens de celles et ceux qui en ont le plus besoin...

Tout est fait pour imposer à nos concitoyens cette cure de libéralisme ! Attaques incessantes contre le soi-disant coût trop élevé du travail : démantèlement du code du travail, des structures de protections des salariés, des 35h, du système de retraites par répartition sans oublier la remise en cause du droit de grève... L’hôpital public n’est pas épargné avec la tarification à l’acte et la carte sanitaire dans le seul but d’offrir sur un plateau au monde des assurances le marché extrêmement juteux de la sécurité sociale. Ce ne sont, pour Sarkozy et compagnie, que des carcans contre-productifs qui empêcheraient d’« inscrire la France dans la compétition mondiale » (cette fameuse « réalité » du monde qui change). C’est Sarkozy lui-même qui a déclaré qu’il allait « tout faire pour mettre en œuvre la masse critique des réformes qui permettra de changer les comportements et les mentalités ».

En « bons libéraux", les représentants de la droite vident les caisses dans le même temps pour mieux justifier les politiques de rigueur budgétaire : non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, coupes sombres dans le budget de la politique familiale, liquidation de la politique culturelle, remise en cause des services publics... Tout cela s’inscrivant dans le cadre d’un prétendu recentrage des politiques publiques sur le cœur de métier de l’Etat, les fameuses fonctions régaliennes. Reste que les armées sont aussi à la diète... et que côté justice les lois sécuritaires s’enchaînent, le séjour irrégulier des immigrés est criminalisé pendant qu’est annoncée aux patrons la dépénalisation du droit des affaires pour le rendre encore plus liberticide !

Bien sûr des « mesures d’accompagnement » sont prévues comme dans tout bon plan de restructuration. Et pour Sarkozy et les siens c’est tout trouvé : puisque le présent et le futur immédiat sont insoutenables renvoyons l’espérance d’un lendemain meilleur au spirituel... à l’intemporel. Plutôt que des animateurs sociaux et culturels déléguons la gestion de certains territoires -les quartiers populaires- ou secteurs -l’école- à des représentants religieux lorsque le privé ne peut pas faire le travail. C’est Sarkozy lui-même qui a institué une hiérarchie entre le curé et l’instituteur laïque au bénéfice du premier... bien sûr !

Les premiers résultats de ces réformes régressives sont palpables... Côté retraites depuis les lois Fillon on voit augmenter en flèche le nombre de pauvres, côté salariés les emplois créés sont très majoritairement des emplois à temps partiel et pour couronner le tout l’inflation dépasse les 3,3% sur un an (source INSEE). Certes cette hausse de l’inflation « portée » par l’envolée des prix de l’énergie (+10,9% pour le gaz, +22,4% pour les prix des produits pétroliers) et plus globalement par l’augmentation des cours des matières premières, n’est pas imputable entièrement à Sarkozy mais les orientations politiques qu’il a fait prendre au pays accentuent la crise. Et puisqu’il est si friand des formules chocs, attribuons lui celle-ci qui lui va comme un gant : Sarkozy c’est le président de l’inflation !

On le voit, le pouvoir d’achat est en berne. Il est avéré qu’aujourd’hui une part de plus en plus importante de la population bascule du côté de ceux qui ne s’en sortent plus. Ceux-là n’ont plus les moyens financiers de faire face aux coûts de la vie quotidienne. Il ne s’agit pas là seulement des précaires, chômeurs et autres catégories déjà exclues ou en marge du monde du travail, mais de salariés à statut - fonctionnaires/ CDI... qui arbitrent faute de revenus suffisants aujourd’hui non entre l’essentiel et le superflu (notion déjà toute relative) mais en rognant sur ce qu’ils considéraient comme l’indispensable il y a peu encore. Ceux-là ont pourtant joué le jeu du « on doit tous se serrer la ceinture ». Certains en ont même été les promoteurs acharnés, convaincus que cela allait leur assurer une place dans cette communauté des « gagnants de la mondialisation »... Ou tout au moins que leur statut les protégerait...

Mais contrairement à ce que la droite voudrait nous faire croire, ceux-là ne sont pas dans l’adhésion au modèle libéral. Il est partout en crise, il est partout contesté. En France particulièrement où les conflits sociaux ayant pour revendication l’augmentation des salaires, y compris dans le secteur privé, sont en augmentation. Certes tous n’ont pas trouvé les formes d’expression de leur contestation... Mais les signaux sont là parfois violents lorsqu’ils prennent des formes de « jacqueries modernes » : prise d’assaut de supermarché, saccage, blocus à répétition... d’autres silencieux dans leur expression sociale n’en ont pas moins la rage au ventre car pendant que les salaires diminuent du fait de l’inflation ou des remises en causes des acquis sociaux, le PIB lui continue à progresser, mais l’accumulation de richesses ne profite qu’aux revenus déjà les plus favorisés. Avec Sarkozy il pleut toujours où c’est mouillé.

Pendant ce temps les tenants du modèle libéral poursuivent leur fuite en avant. Un bon exemple en est la récente campagne de la Deutsche Bank qui propose d’investir pour -je cite- « récolter les fruits d’une possible augmentation des prix des produits agricoles ? »... La banque allemande passant en revue « froidement » les raisons de la crise alimentaire défend son nouveau placement en SICAV (Parworld Agriculture) : " l’équilibre entre la demande et l’offre est dès lors perturbé, dans le sens d’une demande excédentaire. Une évolution qui devrait encore renforcer la tendance à la hausse des prix des produits issus de l’agriculture ". Bref pendant les émeutes de la faim, spéculons dans la joie sur la hausse des prix des matières premières agricoles !

Le système libéral ne cherche pas à résoudre les crises qu’il provoque. A la gauche donc de jouer son rôle et d’assumer ses responsabilités : être une opposition réelle et efficace à Sarkozy. Encore faut-il que le PS, à l’heure des choix prenne le chemin de la « transformation radicale » inscrite dans sa nouvelle déclaration de principes, en proposant de vraies mesures répondant aux préoccupations des salariés, ouvriers, et autres cibles actuelles et futures de la politique de Sarkozy. C’est aussi comme cela qu’il pourra renouer le lien avec son électorat. Mais les dirigeants du PS ne peuvent pas en même temps considérer que la priorité c’est de « rassurer » le monde des marchés et du CAC 40. Cette voie, nombre de dirigeants des Partis sociaux-démocrates l’ont empruntée, après 13 défaites lors des 15 derniers scrutins en Europe, osons renoncer à nous engager dans ce cul de sac !


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