Déclaration de la conférence nationale de la LCR des 24 et 25 juin 2006

mardi 26 juin 2007.
 

Après les mobilisations antilibérales massives et répétées qui ont montré la force des résistances existant dans le pays, que ce soit sur le terrain social - notamment le mouvement victorieux contre le CPE -, électoral ou à l’occasion du référendum constitutionnel européen, la droite de combat -libérale et populiste- au pouvoir est totalement illégitime. Il s’agit d’œuvrer à la convergence de ces résistances et mobilisations, dans l’unité la plus large, sans sectarisme pour reprendre l’offensive. Faute de quoi l’extrême droite pourrait paradoxalement être le bénéficiaire de la situation de crise sociale et politique si les dérives sécuritaires, d’où quelles viennent, s’imposaient dans le débat électoral à la place des questions sociales. Pour lutter pied à pied contre la droite et l’extrême droite, il ne faut pas craindre la confrontation directe. Il faut au contraire défaire ce que la droite a fait depuis qu’elle est au pouvoir : privatisations, réformes de la sécurité sociale, des retraites, de l’assurance-chômage, du régime des intermittents, de la recherche, de l’éducation, augmentation du forfait hospitalier, baisse des impôts des plus fortunés, etc. Et, pour se débarrasser des méfaits qui s’abattent sur nous en cascade, il faut en finir avec toutes les politiques libérales, menées par la droite comme par la gauche.

Changer de politique, c’est avancer une politique antilibérale conséquente, c’est-à-dire anticapitaliste, pour défendre et populariser un plan de mesures d’urgence :

Interdiction des licenciements et CDI comme seul contrat de travail, réduction de temps de travail, partage du travail entre tous

37,5 annuités pour tous pour la retraite, dans le public comme dans le privé ;

Annulation des privatisations réalisées par la droite comme par la gauche ; création d’un service public de la petite enfance ; extension du service public à de nouveaux domaines, comme l’eau, le logement, l’industrie pharmaceutique ou le 4e âge, l’accueil des femmes victimes de violence ;

Smic à 1500 euros net tout de suite et relèvement de tous les salaires de 300 euros en prenant sur les profits ;

Abrogation de la Loi pour "l’égalité des chances" ; Allocation d’autonomie pour tous les jeunes en formation ou à la recherche d’un emploi ; pas un revenu en dessous du SMIC ; transformation des emplois précaires en CDI ; réelle égalité salariale et professionnelle entre hommes et femmes ;

Droit à la formation au cours de sa vie, sans rupture de contrat, au même niveau de rémunération, et à la charge du patronat ;

Réforme fiscale radicale taxant les profits et la fortune en allégeant l’impôt sur les revenus du travail et en supprimant la TVA sur les produits de première nécessite ;

Rupture avec les institutions de la V° république, dissolution des institutions existantes, élection d’une assemblée constituante permettant la mise en place d’une nouvelle démocratie sociale et politique ;

Sortie du nucléaire civil et militaire ; interdiction des OGM en plein champ ; développement d’une réelle priorité aux énergies renouvelables, limitation effective des gaz à effet de serre.

Droit au logement pour tous et toutes et application de la loi de réquisition des logements vides ;

Régularisation de tous les sans-papiers, refus des expulsions ; droit de vote des immigrés à toutes les élections ;

Lutte contre les violences faites aux femmes, notamment par une loi-cadre alliant prévention et accompagnement des victimes...

Égalité des droits pour tous et toutes quelle que soit l’orientation sexuelle ;

Abrogation des traités constitutifs de l’Europe libérale de la « concurrence non faussée », pour une autre Europe sociale et démocratique ;

Sortie de l’Otan et arrêt des interventions militaires impérialistes en Afrique et en Afghanistan, l’annulation de la dette ;

En finir avec les politiques libérales de droite comme de gauche, c’est s’appuyer sur les mobilisations et les luttes sans lesquelles il ne sera pas possible d’imposer ces revendications au patronat. C’est agir dans le sens d’une réelle démocratie qui permette à la population d’exercer son contrôle sur la marche de l’économie et de l’Etat.

Après la synthèse social-libérale du Mans, et la deuxième synthèse constituée par l’adoption du projet présidentiel du PS, plus que jamais la gauche du oui et les aspirations populaires portées par la gauche du non sont irréconciliables. Il est impossible d’entreprendre une politique de justice sociale et d’initier un nouveau partage des richesses en faveur des salariés, des précaires, des exclus, sans s’attaquer résolument a la dictature des actionnaires et des marches, sans briser les carcans de Maastricht et du pacte stabilité. Par le vote du 29 mai 2005, une large majorité populaire dont une majorité des électeurs de gauche a rejeté le traite constitutionnel européen. Ce vote a valeur de mandat. Pour nous, il interdit toute synthèse du oui et du non. La LCR, avec tous ses militants, a contribué au succès et à la dynamique de la campagne contre le TCE, à la construction des collectifs unitaires et au débat sur la charte antilibérale. Cette campagne a une nouvelle fois fait apparaître la nécessité d’œuvrer à la construction d’une force politique anticapitaliste porteuse de ces espoirs populaires et de ces exigences. C’est dans le même sens que nous avons avancé la nécessité d’arriver, pour les prochaines échéances électorales, à la construction des candidatures unitaires.

Les débats menés depuis un an avec les autres forces politiques engagées dans la bataille du non n’ont pas abouti, pour le moment, à un accord sur ces points qui nous semblent essentiels.

La majorité des militant-e-s la LCR a décidé de lancer sa campagne dès cette conférence nationale et de présenter la candidature d’Olivier Besancenot. C’est désormais la décision de la LCR. Les conditions antidémocratiques qui érigent pour les petites formations un barrage difficile à franchir de 500 parrainages d’élus imposent de tout faire, le plus rapidement possible, pour garantir que ces propositions politiques puissent se faire entendre lors de cette échéance électorale.

Cette candidature cherchera à faire écho aux aspirations et aux exigences du monde du travail et de la jeunesse. Intransigeante dans son combat contre la droite et l’extrême droite, elle contribuera à la recherche d’une alternative réellement anticapitaliste et indépendante du social-libéralisme. Candidature ouverte à tous les soutiens se situant sur une orientation unitaire et anticapitaliste, elle s’adresse à toutes celles et tous ceux qui aspirent à mener ce combat politique, à construire une véritable alternative politique.

Pour autant, la LCR entend poursuivre la bataille pour des candidatures unitaires anti-libérales conséquentes, donc anti-capitalistes, issues des forces ayant participé à la campagne du non de gauche.

La volonté d’aller dans ce sens est légitime et nous la partageons. Pour la LCR, ce qui empêche le processus d’avancer et d’aboutir porte sur le fond politique. Les points qui permettraient un accord sont connus, nous les avons rappelés ci-dessus : battre la droite et sa politique ; défendre un programme de mesures d’urgence sociale antilibérales conséquentes ; ne pas reproduire la stratégie de la gauche plurielle ; renoncer à toute alliance gouvernementale ou parlementaire avec la direction socialiste.

Il y a désormais quatre candidatures issues de mouvements qui ont milité, chacun à leur façon, pour que le « non » l’emporte le 29 mai : Arlette Laguiller, José Bové, Marie-George Buffet et Olivier Besancenot.

Nous le répétons, pour la LCR, c’est une question de scénario, pas de casting

Si un accord était trouvé sur le fond, elle retirerait la candidature d’Olivier Besancenot et il ne devrait y avoir aucune difficulté à se mettre d’accord sur un nom apte à incarner cette perspective, sans aucun préalable. La LCR, elle, n’en met aucun. Elle soutiendrait la candidature décidée en commun dès lors qu’elle se ferait en toute clarté, c’est-à-dire en refusant toute alliance parlementaire et gouvernementale avec le parti socialiste

La CN de la LCR décide de poursuivre les débats et toutes les initiatives qui permettront de lever les obstacles qui demeurent dans cette voie. Elle invite d’ores et déjà M-G Buffet, J.Bove et A. Laguiller à venir débattre ensemble lors de son université d’été. Dans le même esprit, elle propose de tenir localement des meetings unitaires.

La divergence principale qui a empêché la signature par la LCR en tant qu’organisation de l’appel de mai 2006 (celle concernant une éventuelle alliance gouvernementale ou parlementaire avec la direction socialiste) n’a pas pu être levée pour l’instant, ce qui empêche aujourd’hui d’engager la mise en œuvre des candidatures unitaires. La nécessité de le faire est toujours là. La LCR poursuivra son investissement dans toutes les structures unitaires à la base qui veulent œuvrer à lever les obstacles. Elle continuera à mener ce débat et, participera, sans signer l’appel pour les raisons indiquées précédemment, au comité d’initiative national sur les candidatures unitaires antilibérales avec la volonté d’aboutir.

Il est indispensable et urgent que les forces et partis qui soutiennent ces quatre candidats se rencontrent et prennent à bras le corps l’ensemble des problèmes à résoudre, comme il est urgent que le débat se développe sur ces questions à tous les niveaux parmi les militant-es et structures mobilisées pour ce même objectif, notamment au sein des collectifs issus du 29 mai.

Il est également urgent que se construise un front social et politique à même de construire les mobilisations nécessaires pour riposter aux attaques de ce gouvernement.


Déclaration des délégués et délégués de la position B à la conférence nationale de la LCR (36% des voix dans les assemblées générales préparatoires) 25 juin 2006

La Conférence nationale de la LCR, réunie les 24 et 25 juin 2006, a enregistré l’opinion des militantes et des militants de notre organisation. Elle a donné 58% des voix à la position A et 36% à la position B.

Une majorité s’est donc dégagée pour présenter Olivier Besancenot, dès ce mois de juin, à l’élection présidentielle. Nous en prenons acte, mais nous n’avons pas changé d’avis quant aux effets négatifs possibles de cette décision. Cette dernière risque en effet, à nos yeux, de porter un dur coup à l’espoir d’un rassemblement antilibéral à gauche du Parti socialiste et aux attentes de candidatures unitaires à la présidentielle et aux législatives.

Pour autant, nous constatons avec satisfaction qu’un profond souci unitaire s’est manifesté au sein des assemblées générales préparatoires à cette Conférence nationale. Ce souci unitaire s’est traduit par la décision de la CN de poursuivre les démarches visant à lever les obstacles à des candidatures de rassemblement antilibérales, de retirer Olivier Besancenot si un accord était trouvé permettant de telles candidatures, de participer désormais au Collectif national d’initiative pour une alternative antilibérale et aux collectifs locaux avec la volonté d’aboutir. Ainsi, notre organisation renonce-t-elle au statut d’observateur qu’elle avait décidé d’adopter jusqu’alors, pour intégrer pleinement la dynamique dont peut sortir une convergence anticapitaliste et antilibérale.

Bien que minoritaires à cette CN, nous nous en trouvons encouragés pour poursuivre la bataille de l’unité à gauche du Parti socialiste sur une base de rupture claire avec le libéralisme, pour œuvrer aux clarifications nécessaires sur l’attitude d’un rassemblement unitaire face à un gouvernement ou à une majorité dominée par le PS, pour lever les préalables de personne s’agissant de la désignation du ou de la candidat(e) à l’élection présidentielle.

Contrairement à une lecture qui ne manquera pas d’exister des décisions de notre Conférence nationale, les possibilités d’un rassemblement visant à battre le social-libéralisme au sein de la gauche restent toujours aussi importantes. Tout en décidant la présentation d’Olivier Besancenot, la Conférence nationale de la LCR a manifesté sa volonté de s’inscrire dans une perspective rassembleuse et porteuse d’une alternative crédible au libéralisme et au social-libéralisme. Tout dépend maintenant de la construction d’un élan militant sur le terrain, du renforcement et de la multiplication des structures unitaires locales.

Nous ferons tout ce qui dépend de nous pour que l’espoir soit au rendez-vous des échéances politiques et sociales qui s’annoncent.

Adoptée à l’unanimité 25 juin 2006

pour : 81%, contre : 0, abstentions : 19% nppv : 0.


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