La révolution française vue par Ernest Renan, Augustin Thierry

dimanche 24 janvier 2016.
 

1) Ernest Renan

« La Révolution française est le premier essai de l’humanité pour prendre ses propres rênes et se diriger elle-même. (...) Les révolutions seules savent détruire les institutions depuis longtemps condamnées. En temps de calme, on ne peut se résoudre à frapper, lors même que ce qu’on frappe n’a plus de raison d’être. Ceux qui croient que la rénovation qui avait été nécessitée par tout le travail intellectuel du 18ème siècle eût pu se faire pacifiquement se trompent. On eût cherché à pactiser, on se fût arrêté à mille considérations personnelles, qui en temps de calme sont fort prisées ; on n’eût osé détruire franchement ni les privilèges ni les ordres religieux, ni tant d’autres abus. La tempête s’en charge. Le pouvoir temporel des papes est assurément périmé. Eh bien ! Tout le monde en serait persuadé qu’on ne se déciderait point encore à balayer cette ruine. Il faudrait attendre pour cela le prochain tremblement de terre. Rien ne se fait par le calme : on n’ose qu’en révolution. » Ernest Renan dans « L’Avenir de la science, Pensées de 1848 »

2) Augustin Thierry, historien

Jusqu’en 1848, il n’a pas de mot assez fort pour acclamer la lutte des opprimés productrice d’un monde nouveau : « Nous sommes les fils des hommes du Tiers-Etat ; le Tiers-Etat sortit des communes ; les communes furent l’asile des serfs ; les serfs étaient les vaincus de la conquête. (...) Sachons nous rallier, par des souvenirs populaires, aux hommes qui ont compris comme nous les libertés de la terre de France (...) Ne nous y trompons pas, ce n’est pas à nous qu’appartiennent les choses brillantes du passé ; ce n’est pas à nous de chanter la chevalerie : nos héros ont des noms plus obscurs. Nous sommes les hommes des cités, les hommes des communes, les hommes de la glèbe, les fils de paysans que des chevaliers menacèrent près de Meaux, les fils de ces bourgeois qui firent trembler Charles V, les fils des révoltés de la jacquerie. (...) Le meilleur commentaire pour l’histoire du passé se trouve dans les révolutions contemporaines. Après de longues années de troubles politiques, les esprits doivent être disposés à comprendre la série de mouvements et de crises dont se compose la vie des sociétés. (...) Il a fallu que le temps vint où l’on pourrait appliquer aux révolutions du passé le commentaire vivant de l’expérience contemporaine, où il serait possible de faire sentir, dans le récit du soulèvement d’une simple ville, quelque chose des émotions politiques, de l’enthousiasme et des douleurs de notre grande révolution. Ce sont les événements, jusque-là inouïs, des cinquante dernières années, qui nous ont fait comprendre les révolutions du Moyen-Age. » (dans « Dix ans d’études historiques »)


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