19 mars : Colère !

mardi 24 mars 2009.
 

Enorme mobilisation le 19 mars. Pari gagné pour les organisations syndicales. L’unité d’action a permis l’expression forte de la colère populaire. Les travailleurs du privé, premières victimes de la crise, étaient là en masse. Ce dernier fait devrait inquiéter le pouvoir.

Le soir sur TF1 on a eu droit à Fillon, triste mine, triste sire. Il était en service commandé, son patron Sarkozy étant retenu à Bruxelles pour le sommet européen. Il a campé sur ses positions, mais on ne peut même pas dire « droit dans ses bottes » tant il avait le teint gris et l’air accablé. « Il n’y aura pas de nouveau plan de relance » a-t-il affirmé sur tous les tons. Juppé depuis Bordeaux a recommandé de ne pas mépriser le mouvement social. L’homme parle d’expérience.

Dans les jours précédents on avait eu droit à l’insupportable Madame Parisot, patronne du Medef. Encore un effort et elle va nous faire regretter le baron Ernest Antoine Seillières. En tout cas elle a contribué à la mobilisation. Elle avait qualifié la journée d’action de démagogique et s’en était pris à la CGT ! Selon elle il n’y a pas de solutions autre que de faire confiance aux entreprises. C’est vrai que quand on voit les hauts dirigeants de la Société générale s’octroyer une généreuse poignée de stock-options après n’avoir rien vu des errements d’un trader et après avoir été recapitalisés par l’Etat, on se dit que notre confiance serait bien mal placée. L’évaluation de la performance n’est pas la même en haut et en bas de l’échelle. A comparer avec cette caissière de super marché licenciée pour quelques centimes d’euros !

On assiste d’ailleurs à un drôle de jeu de duettiste entre Sarkozy et Parisot. Cette dernière fait semblant d’être fâchée de l’interventionisme économique de Sarkozy oubliant au passage qu’elle a empoché 8 milliards d’allègement de taxe professionnelle dès l’an prochain. Et Sarkozy fait mine de taper sur les « bonus » des grands patrons tout en se gardant bien de légiférer une bonne fois pour toute sur cette question. Une manière de se refiler le mistigri des responsabilités dont les citoyens sont de moins en moins dupes. Entre fondés de pouvoir du capital on a ses petites mises en scène qui ne trompent plus. Mais, de concert, ils multiplient les provocations contre le mouvement social, espérant une faille dans l’unité syndicale. A mettre dans le même sac ! Et si Sarkozy et Parisot continuent de rester sourd aux revendications sociales, frappons plus fort !

Hasard du calendrier, c’est la veille que l’administration fiscale avait rendu public les vrais chiffres du bouclier fiscal. En 2008, les 756 contribuables les plus favorisés par ce système ont touché 288 millions d’euros soit 381 000 euros par personne (l’équivalent de trente années de SMIC). Ces heureux bénéficiaires ne sont pourtant pas à plaindre : outre un revenu fiscal de 42 000 €, leur patrimoine s’élevait à plus de 15,5 millions d’euros. Quelques députés de droite s’en sont bien émus ; ils auront été vite ramenés à la raison. La droite ne suspendra pas cette mesure. Par contre, Sarkozy l’a dit : il n’y aura pas d’augmentation du SMIC au-delà du minimum légal. Deux poids, deux mesures, politique de classe à l’état brut, politique de brutes antisociales.

Et pendant ce temps, partout dans le monde, les licenciements se multiplient et le chômage s’envole. Le FMI prévoit une récession mondiale, du jamais vu depuis la Libération. En France les perspectives sont régulièrement revues en négatif. L’INSEE table maintenant sur un recul de la croissance de 3 % à la fin du premier semestre 2009 et prévoit la destruction de 387 000 emplois sur cette période. L’Unedic a aussi revu ses estimations et prévoit plus de 450 000 chômeurs de plus à la fin de l’année. La réalité risque d’être pire : les 90 000 chômeurs supplémentaires de janvier font craindre un million de demandeurs d’emplois en plus sur l’année. Devant cette avalanche, Sarkozy fait le minimum : un mini plan qui ne relance rien, un mini train de mesurettes « sociales » à durée déterminée. Comme s’il espérait que la crise purge l’économie des entreprises trop fragiles et les entreprises des salariés « surnuméraires ». Ils appellent ça renforcer la compétitivité de l’économie. Le cynisme à l’état pur.

Dans ce contexte, la crise sociale peut lever des vents mauvais si aucune issue progressiste ne prend corps. Tel est le défi majeur. Tout le reste ne compte guère à l’aune de cette responsabilité qui nous incombe. Les sondages sont là pour nous ramener aux dures contradictions. Le mouvement social y est majoritairement soutenu et la politique de Sarkozy majoritairement condamnée. Mais une majorité ne croit pas que la gauche ferait mieux face à la crise et en cas d’élections présidentielles aujourd’hui Sarkozy battrait le candidat du PS. Tout l’enjeu de la situation est là résumé. Face à la crise, face à Sarkozy, pour répondre aux attentes sociales, une alternative politique à gauche est nécessaire et urgente. Mais aujourd’hui, les citoyens n’en voient pas de crédible. Elle est à construire. C’est l’ambition du Front de Gauche de faire bouger les lignes dès les élections européennes pour y contribuer. Tous ensemble !


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