Je suis tombée par hasard sur une manif anti-IVG à Paris

mercredi 2 février 2011.
 

Une manif pas comme les autres

Dimanche, retour du Conseil national, petit crochet par la République avant de se poser au calme, au chaud. Ils font quoi, tous ces CRS, qu’on se dit ? Et tout à coup, loupiote ! gros rassemblement anti-IVG autour de la statue. Grosse manif…

Des bus pleins stationnés tout autour de la place. Et si vous croyez que ce ne sont que de vieux tromblons qui défilaient, vous n’avez rien vu. Des tas de jeunes, bien propres sur eux, qui prient et qui chantent. Ils m’ont énervée aussi, ceux-là, dîtes donc. Il y aura tantôt 37 ans qu’était votée une loi accordant ENFIN aux femmes un droit, celui de disposer de leur corps, celui de ne pas mourir dans d’obscures arrière-boutiques, celui de ne pas subir les reproches du chirurgien de garde si les choses tournaient mal, celui de ne pas, une fois encore, une fois de trop, prendre un bus pour l’Allemagne ou les Pays-Bas, et encore, ça c’était pour celles qui avaient les moyens… Nous avons bien dit, un droit. Personne n’oblige personne à s’en servir, en tous cas, ce n’est pas ainsi que la loi est écrite.

Alors, dimanche, sur la place de la République, étaient rassemblés des catholiques bon teint, avec poussettes et le toutim, tu parles d’une balade dominicale ! Bizarrement, ils avaient la même tête que ceux qui manifestaient il n’y a pas si longtemps pour le rétablissement de la guillotine. Les mêmes, promis. Des catholiques sur la voie publique. Avec crucifix et tout ça. Et soutien officiel de Benoît XVI. Celles-là de prières publiques, elles ne troublent pas madame Le Pen, apparemment, que nous n’avons pas entendu réagir comme l’autre jour, dans son élan de réveil laïque. Ou bien, arrêtez-moi si je dis une ânerie, il y aurait plusieurs manières de traiter les religions en France ? Celles qui auraient droit de cité, et celles qui dérangent ? Non, on ne peut pas croire ça… Pas en France, berceau de la laïcité.

La loi Veil est une de ces libertés que nous avons chèrement acquises. Nous les femmes, bien sûr, mais pas seulement. Souvenez-vous, dans ces années-là, nos compagnons étaient à nos côtés pour réclamer notre dû. Nous n’avons rien oublié de nos luttes, de nos humiliations collectives, du manifeste du Nouvel Obs. Et de voir aujourd’hui le recul effrayant qui prive le Planning de ses moyens, qui remet au goût du jour les virées clandestines, on a envie de leur rentrer dans le chou, à ces bon dieu d’intégristes. Alors, dimanche, en les doublant, tous ces sinistres, on s’est fait un petit bonheur. On a ouvert les vitres et on leur a dédié quelques noms d’oiseaux. D’accord, ça ne sert pas à grand-chose, mais ça soulage…

brigitte blang


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