Hier, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a rendu publique son édition 2011 de « Revenus et patrimoine des ménages », qui dresse un panorama des inégalités pour la période 1996-2008. Premier enseignement : depuis 2002, la proportion de personnes vivant sous le seuil de pauvreté ne s’est pas améliorée. Comme en 2002, 13% de la population ont vécu en 2008 avec un revenu égal ou inférieur à 949 euros par mois, soit 7,8 millions de personnes. Alors que le taux de pauvreté avait décru dans la période précédente, passant de 14,5% en 1996 à 13% en 2001. L’Insee note que ces années avaient connu « une forte baisse du chômage ».
Les inégalités se creusent avec la droite au pouvoir
Sans surprise, le taux de pauvreté touche majoritairement les chômeurs. 35% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Pour l’institut, « l’emploi reste le meilleur rempart contre la pauvreté et son rôle protecteur se renforce : le taux de pauvreté des personnes en emploi s’élève à 7,4% en 2008, un niveau nettement plus faible qu’en 1996 (9,2%) ».
Alors que de 1996 à 2004, l’Insee note une diminution des inégalités, dès 2004, elles se creusent avec la droite au pouvoir. Une progression due « à la dynamique des revenus du patrimoine des personnes les plus aisées ». Selon l’institut, les classes moyennes sont rattrapées par les plus pauvres, on assiste à « un rapprochement des niveaux de vie entre les groupes intermédiaires et le groupe des ménages les plus modestes ». Pendant ce temps, les revenus des personnes les plus riches explosent. En 2008, la moitié de la population a perçu un revenu disponible net de 19 000 euros, soit 1 580 euros par mois. Pendant que les 10% les plus modestes se débrouillaient avec moins de 10 520 euros par an et que les 10% les plus aisés disposaient d’un niveau de vie supérieur à 35 550 euros par an. Quant aux 1% les plus riches, ils bénéficiaient d’un revenu disponible au minimum de 88 200 euros par an, les 0,1% disposaient de plus de 239 300 euros et enfin les 0,01 % de 732 300. Selon l’Insee, ces très hauts revenus ont augmenté « plus rapidement que ceux de l’ensemble de la population » entre 2004 et 2007, ajoutant qu’en 2008, année de la crise, « ce mouvement se poursuit ».
Pour les descendants d’immigrés, le niveau de vie représentait en moyenne 19 570 euros par an, en 2008, « soit 14% inférieur à celui d’un Français de parents nés en France, mais supérieure de 10% à celui d’un immigré ».
L’étude réalisée par l’Insee s’attarde sur la part du revenu consacré au logement, qui a connu durant cette décennie une forte augmentation en raison de la spectaculaire montée des prix de l’immobilier. Ainsi, entre 2004 et 2007, les locataires ont vu, en moyenne, leurs dépenses consacrées au logement exploser de 14% dans le secteur privé et de 8% dans le secteur social.
Les ménages modestes affectés par les charges
Face à ce coût élevé, les ménages sont contraints de réaliser des choix, relève l’Insee : réduire d’autres composantes de leur budget total, occuper un logement plus petit, s’éloigner des centres urbains. Les dépenses de logement peuvent fortement varier en fonction du revenu. Ainsi, les 25 % des ménages les plus modestes, locataires dans le secteur privé, ont consacré 48 % de leur revenu pour leur habitation en 2008, quand les 25 % les plus riches n’en ont dépensé que 24 %, soit deux fois moins. Les charges incluses dans les dépenses de logement connaissent la même trajectoire. En moyenne, elles représentent entre 13 et 17 % du coût du logement.
Clotilde Mathieu
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