EELV : le vert contre le rouge ? Le vert avec le rose ?

vendredi 26 avril 2013.
 

EELV est porteur d’orientations et de propositions très intéressantes qui convergent avec celles du FDG mais ses orientations économiques rendent difficile leur mise en oeuvre.

Le parti écologiste EELV s’appuie sur un programme intitulé : Vivre mieux, vers la société écologique . http://eelv-le-projet-pour-tous.nur...

Il faut d’abord juger ce parti sur le contenu de ce programme puis ensuite sur sa stratégie d’alliance politique. Mais il ne faut pas que les problèmes de tactique et de stratégie du moment oblitèrent ce qui est tout de même essentiel : le contenu de son programme. On ne peut juger un parti uniquement sur ses stratégies d’alliance.

Il se trouve que, probablement pour des raisons de survie politique, au sens de la représentation institutionnelle (Assemblée Nationale, régions, etc.), compte tenu de la faiblesse de ses scores électoraux, ce parti a jugé bon de faire alliance immédiate avec le PS.

Évidemment, les esprits malins, verront ici aussi une stratégie pour permettre à certains représentants de ce mouvement d’acquérir un siège à l’Assemblée, dans un ministère ou ailleurs. Il est vrai que le carriérisme et l’arrivisme constituent des maux de la politique devenue une activité professionnelle lucrativement et narcissiquement très rentable.

Quelconque étudiant diplômé de polytechnique, de l’école Centrale de Paris ou d’une autre école très sélective aura du mal à trouver un emploi, même après cinq ans d’exercice, aussi lucratif que la fonction de parlementaire. Le parti écologiste n’échappe pas à cette dérive qui frappe la quasi-totalité des partis politiques.

Finalement, EELV se trouve dans une situation analogue à celle qu’occupait le PCF avant que n’existe le Front de Gauche. Les mêmes causes provoquent les mêmes effets. Mais depuis, le PCF a compris son erreur stratégique d’alliance à tout prix avec le PS. Les composantes constituant le FDG ont compris la nécessité pour elles d’avoir une existence politique autonome fondée sur un programme propre. Ceci n’exclut évidemment pas des alliances ponctuelles avec le PS lorsque la présentation de candidats séparés conduit à la victoire programmée d’un représentant de l’extrême droite.

Tout ceci étant dit , il n’en reste pas moins vrai que le projet "vivre mieux, vers la société écologique" est tout à fait intéressant et mérite une lecture attentive. On constate sur le fond un grand nombre de convergences avec les positions du FDG même si des divergences sur l’analyse économique apparaissent. Il faut reconnaître aux écologistes le sérieux du travail fourni dans leur domaine de prédilection. Ne pas le faire, serait faire preuve de dogmatisme et de fermeture clanique.

Alors maintenant examinons quelques points.

Concernant le nucléaire, on peut lire :

"L’arrêt immédiat des projets en cours : Réacteur pressurisé européen (EPR) de Flamanville, de Penly et le projet Astrid. La construction du réacteur thermonucléaire expérimental international (ITER) et du High Power laser Energy Research (HIPER), dont le coût ne cesse d’augmenter doit être arrêtée au profit des projets de recherche et de développement français et européens dans le domaine de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables"

Alors question : le PS a-t-il l’intention d’appliquer ces mesures ? Indiquons au passage que le projet ITER consistant à maîtriser d’ici environ 50 ans la fusion nucléaire est de nature internationale, engloutit en effet des sommes très importantes, mais constitue un défi technologique sans précédent dans l’histoire de l’humanité puisque l’énergie fournie devient illimitée et quasiment sans déchets. Évidemment le projet peut sembler fou car il ne s’agit ni plus ni moins que de fabriquer une micro étoile dans un réacteur ! Je ne suis pas certain que ce projet ait été examiné avec l’expertise et le pluralisme requis.

On peut lire aussi : "Un audit systématique dans l’industrie et dans les entreprises avec un programme ample et rapide de remplacement des moteurs actuels par d’autres plus efficaces, un recours aux technologies performantes de variation de vitesse, et un meilleur dimensionnement des unités"

Le PS a-t-il l’intention de faire cet audit et d’examiner ce problème sérieusement ?

Dans le domaine des revenus, on peut lire :

"Les écologistes militent pour la réduction de ces écarts. Dans ce cadre l’augmentation des minima sociaux, du SMIC et des plus bas salaires, la lutte contre la précarité et le temps partiel subi, visent à redistribuer du pouvoir d’achat et à récupérer la part de la richesse qui est allée vers le capital au détriment du travail depuis 30 ans."

Fort bien ! Mais tout ceci a l’inconvénient d’être trop vague ! À quel montant fixer le SMIC ? A combien s’élève cette récupération de richesse et quelle procédure utilisée ?

On peut lire aussi : "La mise en place d’un Revenu Maximum Acceptable (RMA). La fixation d’un seuil pour les très hauts revenus de trente fois le revenu médian. "

Remarquons que le FDG est un peu plus égalitaire, si l’on peut dire, avec un éventail de 1 à 20 reprenant ainsi la revendication de la fédération européenne des syndicats qui n’a rien de révolutionnaire !

On lit aussi : "Le plafonnement à un maximum de l’héritage." Sans vouloir demandez un montant à un euro près, quel serait l’ordre de grandeur d’une telle limitation ? Serait-elle modulée en fonction du patrimoine déjà existant des héritiers ?

On peut lire aussi, avec une certaine satisfaction :

"Quant à la réduction progressive des déficits publics, elle passe inévitablement par une action résolue contre les paradis fiscaux et par l’abandon des cadeaux accordés aux plus riches et aux grandes entreprises."

On aurait aimé une référence aux exonérations de cotisations sociales massives accordée par la droite aux entreprises, aux aides pharaoniques accordées sans contrôle sérieux d’efficacité. Là encore, le propos est trop imprécis.

Le manque de radicalité dans la nécessité d’avoir un secteur public relativement puissant, comme le préconise le FDG, notamment dans le secteur énergétique, classe ce parti, comme le PS, dans la catégorie des partis réformistes.

En ce sens, leur alliance n’est pas contre nature. Mais ce ralliement indique que, dans ce cas ,la vision économique (réformiste) prime sur la vision écologique. Cela ne signifie en rien, comme certains voudraient le faire croire, qu’à contrario, le FDG défendrait un point de vue étatiste : il défend au contraire une pluralité dans les modes d’appropriation sociale : municipalisation , coopératives, mutuelles, entreprises de l’économie sociale et solidaire, etc. Comme le dit Jacques Généreux, il s’agit de faire vivre une économie plurielle. Difficile de considérer Jacques Généreux comme un bolchevique !

En intégrant la dimension écologique au cœur de son programme avec la planification écologique et la règle verte, en intégrant aussi la notion de décroissance, il est vrai que le FDG devient un parti attractif pour ceux qui considèrent que la mise en application de mesures écologiques nécessite une certaine rupture avec le système capitaliste.

Comme en témoigne le départ d’un nombre croissant d’adhérents de EELV vers le FDG, celui-ci devient un concurrent redoutable. Cela explique l’agressivité et les caricatures de certains responsables écologistes à l’égard de Jean-Luc Mélenchon et de son programme.

Mais à l’inverse, il serait regrettable que certains représentants du FDG tombent dans le piège la caricature des positions de EELV : le FDG n’a pas besoin de cela pour affirmer sa force ou son identité.

Hervé Debonrivage


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