Quel bilan de Staline ? (message en forum et réponse)

lundi 24 avril 2023.
 

- 2ème partie Réponse de Jacques Serieys
- 2A) Oui, Staline a liquidé la vieille garde bolchevique
- 2B) Sur Staline, Lénine et Trostky
- 2C) Croyez-vous sauver le communisme en valorisant Staline ?
- 1ère partie) Message de forum soutenant farouchement Staline

2ème partie Réponse de Jacques Serieys au message ci-dessous de M. DA SILVA SANTOS

Bonjour, Monsieur Etienne DA SILVA SANTOS,

Avant d’argumenter, je vous fais remarquer que vous m’insultez d’une façon inadmissible :

« ... Pendant que vous, illustre insane, vous abreuvez du malheureux élixir panégyrique comme d’une superbe substance d’ambroisie. En somme, vous ne pensez à rien et ignorez-tout, et en tolérant cette vision anti-marxiste au possible vous trompez la classe ouvrière dont vous vous faites les dignes représentants. A vous, Tartuffe splendide, mes humbles salutations staliniennes, donc crypto-fascistes. »

Par ailleurs, je crains que cette tirade n’aille de pair avec le point de vue que vous défendez dans votre message en forum : opposition totale à des élections générales, à la liberté de la presse, à la liberté de réunion illimitée car cela diviserait le prolétariat.

Bigre ! Vous êtes vraiment un stalinien !

Dans ces conditions, pourquoi ai-je pris le temps de vous répondre ?

- d’une part, parce que vous introduisez une discussion utile sur le bilan de Staline et partant du "communisme réel".

- d’autre part, parce que les staliniens endurcis que j’ai connus, étaient tous, jusqu’à présent des militants ayant beaucoup souffert (eux ou leur famille) dans les geôles du fascisme.

Il est temps que j’entre dans le vif du sujet :

Sur plusieurs faits importants concernant Staline, indiscutablement, vous vous trompez

2A) Oui, Staline a liquidé la vieille garde bolchevique

"Staline était le représentant de la vieille garde bolchévique" écrivez-vous.

Je veux bien vous concéder qu’il fait partie du millier de bolcheviks de 1917 ayant milité avant 1905 ou, cas de Staline, en 1905. Par contre, que Staline puisse être considéré comme "le représentant de la vieille garde bolchevique", NON ! Absolument pas ! C’est précisément parce qu’il ne l’était pas qu’il a fait tuer tous ceux qui l’étaient et dont le poids moral dans le parti et dans le pays le gênait. Staline a peu participé à l’implantation, à la construction, à la réflexion du parti sinon pourquoi ne serait-il entré au Comité central qu’en 1912 (par cooptation) et sans rôle dans ce cadre ; il a peu connu les luttes de masse pour ne pas avoir remarqué l’émergence des soviets (structures d’auto-organisation) en 1905.

La liquidation de la vieille garde bolchévique a surtout concerné

- d’une part des dirigeants du parti bolchéviks d’avant 1917 dont l’épopée pouvait gêner la religion du "petit père des peuples" que Staline voulait développer

- d’autre part des ouvriers dont le rôle avant 1917 comme dans les fondements du communisme pouvaient également contrevenir à sa paranoïa de chef.

Parmi les ouvriers significatifs de la vieille garde bolchévique liquidés par Staline, je citerais :

Alexandre Chliapnikov, métallurgiste, membre du parti en 1899, président du syndicat des métaux, animateur de l’opposition ouvrière (meurt en prison en 1937, donc sur injonction de Staline),

Ivan Smirnov, ouvrier mécanicien de précision, au parti en 1899, bolchevik dès le début, délégué des organisations illégales au congrès de 1905, devient le "Lénine de la Sibérie", seul accusé à tenir fièrement tête au procureur durant les procès de Moscou initiés par Staline et malgré l’utilisation de sa femme comme accusatrice (fusillé en 1936),

Michel Tomski, ouvrier lithographe, bolchevik, président du soviet de Tallinn en 1905, président du conseil central des syndicats de 1917 à 1929 (suicidé durant les procès de Moscou),

Alexandre Chotman, tourneur, membre du parti en 1899, délégué au 2ème congrès bolchevik ( exécuté en 1939),

Paul Dybenko, marin, fils de paysan (disparaît en 1938),

Iouri Loutovinov (suicidé en 1924 suite à la défaite de l’Opposition ouvrière),

Grégoire Evdokimov, ouvrier et marin (exécuté en 1936),

Victor Kaiourov, ouvrier sérurier, héros de 1917 (meurt en prison en 1936),

Stanislas Kossior (fusillé sans jugement en 1939),

Vassili Schmidt, métallurgiste, bolchevik en 1905 (disparaît durant les purges staliniennes),

Leonid Serebriakov, métallurgiste, bolchevik en 1905, secrétaire du Comité central en 1920 1921 (fusillé en 1937),

Timothée Sapronov, organisateur du parti sur Moscou avant 1917 (disparaît pendant les purges staliniennes),

Michel Lachévitch (disparaît en Sibérie en 1928),

Ivan Bakaiev (exécuté en 1936),

Michel Bogoulaski (exécuté en 1936),

Jacques Drobnis, cordonnier (exécuté en 1937)

- Parmi les autres dirigeants significatifs de la vieille garde bolchévique liquidés par Staline, je citerais :

- Eugène Préobrajenski, bolchevik en 1904, Secrétaire du Comité Central de 1917 à 1920 ( liquidé sans procès en 1938),

- Christian Rakovski délégué au 2ème congrès de l’Internationale en 1893, président du conseil des commissaires du peuple d’Ukraine de 1919 à 1923 (liquidé pendant les purges staliniennes),

- Alexis Rykov, arrêté en 1900, longtemps membre du CC et du BP, président du Conseil des commissaires du peuple de l’URSS à partir de 1924 (exécuté avec Boukharine en 1938),

- Vladimir Nevski, membre du parti en 1897, commissaire aux communications en 1917 (fusillé en 1937),

- Michel Frounzé (chef de l’armée qui bat Wrangel),

- Iona Iakir (commandant d’armée, fusillé avec Toukhatchevski),

- Karl Radek,

-  Adolphe Joffé adhère au parti bolchevik durant sa scolarité au lycée, un des quatre membres du bureau à l’étranger du Comité Central du parti en 1906, élu au Comité central en juillet 1917, président de la délégation soviétique lors des négociations avec les Allemands à Brest-Litovsk, suicidé en 1927 Staline lui ayant refusé toute possibilité de faire soigner sérieusement sa polynévrite très douloureuse.

- Nicolas Krestinski (exécuté en 1938),

- Antonov-Ovseenko (fusillé en 1937),

- David Riazanov, fondateur d’un cercle marxiste en 1889, fondateur et directeur de l’Institut Marx Engels jusqu’en 1930 (disparaît pendant les purges staliniennes),

- Léon Sosnovski, au parti en 1898, bolchevik dès le début, plusieurs fois arrêté et déporté, exécutif des soviets en 1917 (disparaît pendant les purges),

- Nicolas Krylenko (disparaît en 1938),

- Ivan Smilga, proche de Lénine, responsable des organisations bolcheviks dans la marine (disparu pendant les grands purges staliniennes),

- Evguénia Bosch (suicidée en 1924),

- Joseph Pianitski, social-démocrate en 1896, bolchevik en 1903, organisateur des journaux et réseaux clandestins (disparaît pendant les purges en 1937),

- Grégoire Ordjonikidzé, bolchevik en 1903 (contraint au suicide en 1937),

- Georges Safarov revient de Suisse avec Lénine dans le "wagon plombé", membre de l’exécutif de l’Internationale (disparaît pendant les purges staliniennes),

- Vladimir Milioutine, commissaire à l’agriculture en 1917 (disparaît pendant les purges staliniennes),

- André Bournov (disparaît en 1938),

- Nicolas Mouralov (fusillé en 1937),

- Serge Mratchkovski, commandant militaire de l’Oural en 1922),

- Avelii Enoukidzé (fusillé en 1937),

-  Léon Karakhane (fusillé en 1937)

2B) Sur Staline, Lénine et Trostky

B1) Staline plus ancien bolchevik que Trotsky ?

"Staline était le représentant de la vieille garde bolchévique à la mort de Lénine, car celui-ci rejoignit les bolchéviks en 1905, tandis que Trotsky ne rejoignit les bolchéviks qu’en été 1917" écrivez-vous. Vous me paraissez ignorer l’histoire complexe du parti bolchevik et de ses dirigeants.

Trotsky naît en 1879 comme Staline. Il commence à militer très tôt, social-démocrate en 1896, déporté, évadé, émigré. Lénine le fait coopter au comité de rédaction de L’Iskra (L’étincelle), journal central du parti, en 1902.

Président du soviet de Saint Petersbourg en 1905 à un moment où Staline est encore un inconnu pour les bolcheviks. Les désaccords et débats entre Lénine et Trotsky ont été nombreux de 1905 à 1917 ; il serait trop long de les détailler ici malgré leur intérêt un siècle plus tard. Les journaux de Trotsky (Pravda, Naché Slovo puis Novy Mir) comme ses livres restent ancrés dans la gauche révolutionnaire de la social-démocratie internationale ; c’est lui qui rédige le Manifeste de Zimmerwald en 1917 et qui joue un rôle majeur dans la révolution de 1917 alors que Staline campe sur des positions opposées au lancement de la révolution.

B2) Staline fut-il le plus proche collaborateur de Lénine ?

Staline "fut le plus proche collaborateur de Lénine, comme en témoignent les oeuvres intégrales de Lénine, et les diverses correspondances entre les deux hommes", écrivez-vous. Là, vous y allez fort ; je n’avais jamais lu cela en français tellement c’est gros et c’est faux. Il est vrai que dans les années 1906 1907 Lénine couvrit des pratiques gauchistes et utilisa Staline comme lien personnel entre lui et les groupes illégaux du Caucase. Cependant, même à ce moment-là, Staline n’est pas le plus proche collaborateur de Lénine.

Quels ont pu être les principaux collaborateurs de Lénine ?

Je citerais par exemple sa femme :

- Nadedja Kroupskaia,

- Inès Armand amie personnelle de Lénine, enseignante à l’école ouvrière du parti bolchevik puis à l’école pour agents clandestins,

- Alexandre Zinoviev, bolchevik dès le début, "premier lieutenant de Lénine", CC et BP, président de l’exécutif de l’Internationale de 1919 à 1926 (exécuté en 1936),

- Léon Kamenev, directeur de La Pravda et des députés bolcheviks à la Douma (exécuté en 1936)

- Grigori Sokolnikov, bolchevik en 1905, responsable du rayon de Moscou, commissaire aux finances à partir de 1917 (disparu pendant les purges staliniennes)...

B3) Sur "quelques "hauts-faits" du génial Léon Trotsky

Si vous voulez polémiquer avec des défenseurs systématiques de Léon Trotsky, vous vous trompez d’adresse ; il s’est effectivement lourdement trompé à plusieurs reprises, en particulier à Brest-Litovsk, dans le débat sur la place des syndicats en URSS, sur la NEP... Mais il reste le chef de l’armée rouge, vainqueur de la guerre civile face aux Blancs.

Vous méprisez ses textes comme La révolution permanente "ses volontés idéologues et scélérates de "révolution permanente" n’auraient pu renvoyer les soviétiques qu’à une condition féodale". Sur ce point, je pense que vous vous trompez ; j’ai été connu dans ma jeunesse comme fort critique vis à vis des orientations exprimées dans ce livre ; n’empêche que Trotsky posait, très tôt, des débats extrêmement justifiés en matière stratégique ; il a considéré que Lénine rejoignait ses positions en 1917 dans le lancement de l’insurrection ; je pense qu’il a raison.

Plusieurs de vos remarques ne sont pas justes factuellement. Vous savez qu’il a défendu pour orientation jusqu’à sa mort de défendre l’URSS contre le monde capitaliste et contre le fascisme. Faire croire le contraire, n’est pas raisonnable.

2C) Sur le fond, croyez-vous sauver le communisme en valorisant Staline

Monsieur Da Silva Santos, vous défendez Staline et la violence de votre message correspond effectivement à celle d’un stalinien. Cela me rappelle une manifestation à Milan lorsque mon groupe a été chargé par des fous furieux armés scandant Stalin ! Beria ! Guépéou !

Malheureusement pour vous, l’histoire réelle a tourné la page. A part vous, qui défend le Petit Père des Peuples comme le pape infaillible du communisme ? Presque personne.

Cela vous amène à des contre-vérités même lorsque vous pourriez marquer un point dans l’argumentation.

- > Oui, je crois que Léon Trotsky a surestimé les possibilités d’une révolution allemande rapide durant les négociations de Brest-Litovsk. Cette tendance à la surévaluation du rapport de forces est notable lors de plusieurs autres épisodes. Mais que dire de Staline qui croyez à l’imminence de la révolution prolétarienne durant les mois après l’accession d’Hitler au pouvoir.

- > Vous écrivez « Il n’y a pas de stalinisme mais du léninisme... Tous ceux qui ont eu le temps de lire les oeuvres intégrales des deux hommes l’auront compris. » Croyez-le ou pas mais j’ai lu les oeuvres intégrales de Lénine et les quelques pensums de Staline. Puisque vous vous revendiquez du marxisme, ne trouvez-vous pas une différence énorme de sens dialectique, certaines affirmations de Staline ne relevant pas de notre langue.

- > Vous accordez un bilan éminemment positif aux Etats communistes s’étant revendiqués officiellement jusqu’au bout de Staline « N’est-ce d’ailleurs pas un hasard de constater que les démocraties populaires avec les meilleurs bilans furent celles se proclamant toujours de Staline (Albanie...) » Si je comprends bien vous avez fait partie des maoïstes pro-albanais ; dans ces conditions, vous auriez pu préciser un peu en quoi le bilan albanais est aussi positif.

Ceci dit, vous posez plusieurs questions très intéressantes dans votre texte auxquelles je répondrais plus tard et par plusieurs textes spécifiques :

- > la NEP

- > la nature de l’Etat et les théories de Lénine sur ce point dans son exposé devant l’école de cadres

- > la démocratie soviétique dont vous dites qu’elle "divise le prolétariat et l’éloigne de ses intérêts vitaux"

- > le bilan du trostkysme que vous introduisez bien à mon avis « En défendant l’acquis théorique du bolchévisme puis des quatre premiers congrès de la 3ème Internationale comme fondements de la nouvelle internationale à construire, le trotskisme a-t-il profité de l’espace politique qui s’est développé peu à peu en même temps que le stalinisme s’effondrait ? »

2D) Quelques liens vers des articles que j’ai déjà mis en ligne

5 mars Joseph Staline est mort depuis 60 ans. Qu’il reste dans sa tombe !

11 et 12 juin 1937 : Staline fait fusiller les chefs militaires de la Révolution russe

Staline intellectuel ? poète ? cinéaste ?

Toukhatchevski, Staline, NKVD et causes de la 2ème guerre mondiale (message en forum)

18 mai 1944 Rafle et déportation par Staline des Tatars de Crimée

2 mars 1938 à Moscou : Procès de Boukharine après sa "Lettre à la génération future"

Le jeune Lénine, graine de tyran rouge ?

Lénine déboulonné, dénigré, oublié mais à étudier

Andrès Nin kidnappé, torturé et assassiné par les sbires de Staline (16 au 20 juin 1937)

Bajanov révèle Staline

24 et 25 février 1956 Le rapport Krouchtchev dénonce les crimes de Staline

21 janvier 1924 : Les derniers combats de Lénine, père de la révolution russe. Entre Lénine et Staline, il n’y a pas tant continuité que rupture, comme l’attestent les dernières volontés du père de la révolution... (article de L’Humanité)

A) Message de forum signé par M. Etienne DA SILVA SANTOS

Il est fort regrettable que vous vous sentiez tous, pour la large part, contraints d’insulter et de calomnier la mémoire de l’Union Soviétique et de Staline.

Staline était le représentant de la vieille garde bolchévique à la mort de Lénine, car celui-ci rejoignit les bolchéviks en 1905, tandis que Trotsky ne rejoignit les bolchéviks qu’en été 1917. Il fut le plus proche collaborateur de Lénine, comme en témoignent les oeuvres intégrales de Lénine, et les diverses correspondances entre les deux hommes. Prétendre que Staline fût l’artisan majeur d’une contre-révolution est donc une erreur de jugement, erreur sans doute liée à une méconnaissance des oeuvres de Lénine et de Staline.

Citer Trotsky, par contre, relève de l’injure... Encore une fois, vous manquez, me semble-t-il, de réflexion, d’attention ou peut-être faites-vous preuve d’un trop grand excès de zèle dans l’art de paraître socialiste. Rappelons, tout de même, et supportez que je vous en instruise, quelques "hauts-faits" du génial Léon : - Le génial Léon, détesté de tout le parti, n’avait sur le parti qu’une petite-vue d’aristocrate bonapartiste, comme en témoignent ces propos : "Pour les affaires courantes, Lénine s’en remit à Staline, à Zinoviev ou à Kamenev. Je ne valais rien pour faire des commissions. Lénine avait besoin, dans la pratique, d’adjoints dociles ; dans ce rôle, je ne valais rien." (Trotsky, "Ma Vie".) Quelle hauteur de vue, un chef entouré d’adjoints. - A Trotsky, les bolchéviks doivent l’échec du traité de paix russo-allemand de 1917, car, celui-ci, voulant se montrer, comme à son habitude, héroïque, n’écouta guère les conseils de Staline selon lequel il n’y avait aucun signe de révolution imminente en Allemagne, et qu’il fallait donc signer rapidement le traité de paix ; aussi les bolchéviks ont sur la conscience, à cause de Trotsky, les terribles conditions de Brest-Litovsk...

Voilà deux faits importants parmi une multitude d’autres, évitons de sombrer dans une grotesque litanie, qui témoignent de la nature petite-bourgeoise du vénéré et vénérable Léon. Permettez-moi d’affirmer, du reste, que si Trotsky eût été au pouvoir alors l’Union Soviétique n’aurait pas tenu cinq ans, car sa vision manquant cruellement de lucidité quant à l’état profond de L’union Soviétique suite à la guerre civile, notamment sur l’intérêt de la NEP, et ses volontés idéologues et scélérates de "révolution permanente" n’auraient pu renvoyer les soviétiques qu’à une condition féodale. Pensez que cet homme exhortait clandestinement les soviétiques à se rebeller en 1940, le conflit contre les nazis alors imminent, afin qu’il prît le pouvoir et construisît l’Etat militaire dont il rêvait, préparant le terrain aux nazis pour qu’ils pussent transformer Moscou en un lac géant ; pour comprendre qu’il ne fût pas un homme bien intelligent. Passons.

Quant à vos questionnements :

- Quels aspects du bolchévisme peuvent avoir contribué à l’accaparement du pouvoir par la bureaucratie stalinienne ? Aucun, il n’y a pas de stalinisme mais du léninisme... Tous ceux qui ont eu le temps de lire les oeuvres intégrales des deux hommes l’auront compris.

- La théorie de l’Etat développée en particulier par Lénine dans L’Etat et la Révolution et autres textes ( par exemple dans son cours de formation à l’Université des cadres) préparait-elle à dépasser les difficultés ou les a-t-elle aggravées ? Il n’y a pas de théorie de l’Etat par Lénine, par contre il y a la dialectique marxiste. L’Etat soviétique n’a dépassé aucune difficulté et n’a rien aggravé non plus ; l’Etat Soviétique est de nature prolétarienne et visait à édifier le socialisme, tâche qui sera effectuée sous Staline malgré les guerres et les sabotages et cet héritage socialiste a été abattu par les sycophantes et philistins Khrouchtchev, Brejnev et Gorbatchev. Le socialisme comme Etat prolétarien, oui, le projet fut réalisé.

Les soviets, tels que pratiqués et théorisés étaient-ils en mesure, dans le contexte de l’époque de développer une vie démocratique réelle, supérieure à celle connue par exemple en France ? Comment ? Il n’y a pas de démocratie en France ; du reste nulle démocratie tant que l’Etat existe, car qu’importe sa nature bourgeoise ou prolétarienne, l’Etat ne défend que les intérêts de la classe qui le porte. La question n’a donc aucune valeur marxiste, car elle ne remet pas en cause la nature "essentiellement" de classe de l’Etat. Voilà comment il faut interpréter la fameuse phrase de Lénine "L’Etat - c’est nous !", c’est-à-dire que le prolétariat a renversé la nature bourgeoise de l’Etat tsariste afin de créer l’Etat prolétarien et cela ne veut certainement pas dire que l’Etat appartient au peuple, encore une de ces transformations bêtes à la Kautsky.

Rosa Luxembourg avait-elle raison de prophétiser dès 1918 : « Sans élections générales, sans une liberté de la presse et de réunion illimitée, sans une lutte d’opinion libre, la vie s’étiole dans toutes les institutions publiques, végète, et la bureaucratie demeure le seul élément actif. » Non, car cela divise le prolétariat et l’éloigne de ses intérêts vitaux. Dans ce cas précis, on peut voir que R. Luxembourg se trompe dans ses jugements puisqu’elle ne prend guère en compte les attaques étrangères, la guerre civile, des réseaux de communications encore archaïques, et les tâches concrètes du parti bolchévik qui doit industrialiser le nouvel Etat, tout en anticipant (comme le fera Staline) l’autre forme de lutte des classes : entre Etats (Guerre Froide, contre les nazis...)

Quel bilan a posteriori de la pratique théorisée par Lénine concernant le rôle du parti et son rapport à la classe ouvrière, à la société ? Éminemment positif et un exemple à suivre, en prenant compte de notre époque et de notre situation actuelle. N’est-ce d’ailleurs pas un hasard de constater que les démocraties populaires avec les meilleurs bilans furent celles se proclamant toujours de Staline (Albanie, Cuba, Bulgarie...) Quant aux russes, il suffit de voir la puissance du parti communiste ouvertement "stalinien" (donc léniniste) pour comprendre...

L’orientation gauchiste des premiers congrès de l’Internationale n’a-t-elle pas contribué à isoler les éléments communistes révolutionnaires en Russie et dans le monde, laissant du coup toute la place à la théorie du "socialisme dans un seul pays" et à l’utilisation du mouvement communiste en fonction essentiellement des intérêts de l’URSS ? "Le socialisme dans un seul pays" est une théorie valable qui correspond idéalement à la situation de l’époque. Socialisme n’est qu’une étape, rappelons-le. Quant aux gauchistes... Des pesteux ignorants, des libéraux qui s’ignorent au discours sociétal à défaut d’être social.

En défendant l’acquis théorique du bolchévisme puis des quatre premiers congrès de la 3ème Internationale comme fondements de la nouvelle internationale à construire, le trotskisme a-t-il profité de l’espace politique qui s’est développé peu à peu en même temps que le stalinisme s’effondrait ? Bien sûr, Trotsky n’a été un bolchévique que par opportunisme dont l’ignorance n’avait d’égal que son fanatisme idéologique, comme pour mieux faire oublier aux autres son opportunisme. Les trotskystes ne valent guère mieux (les lambertistes hum...hum)

La leçon du stalinisme tirée par Trotski « A la vérité, les classes sont hétérogènes, déchirées par des antagonismes intérieurs, et n’arrivent à des fins communes que par la lutte des tendances, des regroupements et des partis » ne mérite-t-elle pas d’être prise en compte comme règle pour des partis communistes et socialistes anticapitalistes ? Et en moins de deux, grâce à une petite phraséologie de gauche, notre Trotski fait passer son révisionnisme pour une théorie de gauche ; pendant que vous, illustre insane, vous abreuvez du malheureux élixir panégoryque comme d’une superbe substance d’ambroisie. En somme, vous ne pensez à rien et ignorez-tout, et en tolérant cette vision anti-marxiste au possible vous trompez la classe ouvrière dont vous vous faites les dignes représentants.

A vous, Tartuffe splendide, mes humbles salutations staliniennes, donc crypto-fascistes.

Etienne DA SILVA SANTOS


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