De retour de Firmi

samedi 7 avril 2007.
 

Une bonne ambiance baigne le car où j’écris ces lignes. Les militants de PRS de la Région Parisienne qui s’en reviennent de la fête nationale des services publics à Firmi ont repris des forces précieuses à trois semaines du premier tour de la présidentielle. La journée a vu se succéder, entre récréations musicales et dégustation de saucisse aveyronnaise, des témoignages sur l’état des services publics, des débats sur les mesures à prendre pour leur développement, un défilé coloré dans les rues de la ville, dont la population a doublé pour l’occasion, la plantation symbolique d’un arbre des services publics par deux jeunes Marianne et les discours conclusifs sur la place principale du village. Les organisateurs ont placé l’initiative sous le signe d’un « printemps des services publics ». Et même si la météo résolument humide campait en hiver, ce pari printanier est réussi.

Certes l’état des lieux dressé dans les ateliers de la matinée est proprement désastreux. Dans son discours de conclusion, le président du collectif aveyronnais, Pierre Pantanella, se fait le porte-parole de tous en dénonçant la casse des services publics menée par le gouvernement sortant et sa majorité UMP-UDF. Non seulement la qualité du service rendu se dégrade partout. Mais ces reculs peuvent être extrêmement rapides, comme dans le domaine de la Santé, où l’inégalité d’accès au soin en fonction des revenus explose, ou de l’Education, saignée depuis 2002 par près de 30000 suppressions de postes d’enseignants.

Pour autant, l’ambiance n’est ni à l’aigreur ni au découragement. Les militants des services publics rassemblés dans ce bassin minier du Nord-Aveyron ont la conviction que leur combat s’appuie sur le soutien majoritaire de notre peuple. Plusieurs intervenants soulignent cet attachement de nos concitoyens au service public. D’autres rappellent, en réaction au débat lancé par Sarkozy dans la campagne présidentielle, que les services publics -que le candidat de l’UMP s’est employé à démolir- sont constitutifs de notre identité nationale. Un des animateurs de la Convergence nationale pour la défense et le développement des services publics propose d’organiser chaque année des fêtes du service public dans toute la France à l’occasion du 14 juillet. Et les comptes-rendus de luttes menées dans tout le pays, dans l’indifférence de la presse nationale qui entoure également le rassemblement de Firmi, font apparaître de nombreuses victoires là où des collectifs motivés ont su proposer largement à la population de défendre un service public menacé.

Autre constat dans lequel chacun a pu trouver un motif de courage, la diversité de la gauche rassemblée ici dans la chaleur fraternelle du combat commun. Le service public est un des principaux outils de mise en œuvre des politiques de gauche, dans leur double dimension sociale et républicaine. C’est donc l’un des fondements de ce programme commun dont les gauches ont besoin face aux libéraux. Certes aucun candidat à l’élection présidentielle n’a fait le déplacement jusqu’à Firmi. Il faut dire qu’en cette époque où l’image prime sur tout le reste, une simple boule de neige à Guéret ou un œuf à La Courneuve peut ruiner en une seconde un message politique mûrement préparé. Les candidats répugnent donc à affronter l’imprévu qui entoure nécessairement l’événement. Pour autant toutes les sensibilités de la gauche sociale et politique sont bien là.

Cette journée s’inscrit dans la continuité du mouvement têtu de résistance au libéralisme qui a fait irruption en novembre-décembre 1995, et s’est exprimé à de multiples reprises depuis 2002, sans baisser la tête malgré le matraquage constant d’un gouvernement aveugle aux dégâts de sa politique et sourd aux protestations qu’elle suscite. Le renforcement de cette mobilisation sociale et civique passe désormais par la défaite de cette droite à l’élection présidentielle. C’est sa tâche du moment. Tout en sachant que ce mouvement n’est pas candidat à se mouler dans un quelconque « état de grâce » délégataire au lendemain d’une victoire électorale de la gauche (on constate la même chose avec la multiplication actuelle des grèves de travailleurs du privé pour les salaires). Développé pour l’essentiel en complète autonomie par rapport à ses principales organisations, il n’est pas prêt d’y renoncer à la veille de plusieurs étapes clé des directives européennes de libéralisation, comme celle qui menace jusqu’au prix unique du timbre, ou celle qui prévoit la libre concurrence dans le transport ferroviaire de voyageurs. Il est certain que des reculs sur ces questions ne seraient pas compris par le peuple de gauche.

Mouvement de réappropriation civique des fondements de notre République, qui s’enracine dans les profondeurs du peuple populaire, Firmi était un beau moment de lutte. Nous sommes contents d’y avoir contribué, d’une manière je crois importante. Les 150 militants de PRS qui se sont réunis sur place le soir même ont goûté le sentiment d’avoir été utiles. Je suis sûr que vous comprenez cette satisfaction. Car n’est-ce pas un objectif qui anime chaque militant de gauche ?


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