L’inévitable raréfaction du travail humain : une fable émanant du fétichisme technologique

mardi 7 décembre 2021.
 

Après la fin des idéologies, la fin de l’Histoire, la fin des utopies, la fin de la classe ouvrière voici maintenant la fin du travail, bizarrement au moment où s’ouvre "l’ère de la post–vérité"..

Dans un monde en décomposition politique ces incantations qui se veulent prophétiques ne sont rien d’autres que des effets de mode ou de simples slogans d’une intelligentsia en perdition.

Une social-démocratie aveugle à la réalité des rapports de domination de classe est victime d’un fétichisme technologique : sa naïveté se dissimule derrière le voile de la modernité.

Nous présentons ici quelques textes relatifs à la nature du travail et à son hypothétique disparition.

Cette thématique de la fin du travail que l’on ressort maintenant pour donner du moulin à moudre à des politiques en panne d’idées, n’est pas nouvelle Le très médiatique économiste américain Jeremy RIFKIN a publié un livre en 1995 intitulé : "The end of the work" (La fin du travail) On peut trouver iciun exposé de ses thèses par Christelle Ripault. (CNAM -1999/2000)

Commençons par un article accessible à un large public

1 – Quelle est la différence entre la raréfaction du travail et la raréfaction de l’emploi ?

Source : RTL emploi. Le 27/01/2017 http://www.rtl.fr/actu/societe-fait...

L’essor considérable du numérique entraîne-t-il une raréfaction du travail ?

C’est l’argument phare de Benoît Hamon pour justifier l’instauration d’un revenu universel d’existence. Mais le travail va-t-il devenir aussi rare que l’affirme le candidat à la primaire de la gauche ? Les économistes sont loin d’être unanimes, certains d’entre eux préférant parler de raréfaction de l’emploi.

Pour bien comprendre les enjeux autour de cette question, il faut faire la distinction entre travail et emploi. Comme le définit le Larousse, travailler signifie que l’on exerce une "activité professionnelle régulière et rémunérée". La notion d’emploi correspond, elle, à l’activité que l’on exerce dans le cadre d’un travail. Le cas des caissiers remplacés par des caisses automatiques est un bon exemple. Ces personnes constatent la disparition progressive de leur emploi mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils sont condamnés à ne plus jamais travailler.

L’économiste Joseph Schumpeter avait dès le début du XXème siècle théorisé cette situation au travers du concept de "destruction-créatrice". Les emplois qu’une innovation technologique détruit sont remplacés par de nouveaux emplois que cette même technologie permet de créer. Le think tank France Stratégie, dans une étude publié en 2016, a relevé que si 200.000 postes de secrétaires ont disparu en France depuis 1990, 250.000 postes d’ingénieurs et cadres de l’informatique et des télécoms ont fait leur apparition sur la même période. "L’inventivité humaine, sans limite, a su trouver de nouvelles activités. Ce sont sont les emplois qui disparaissent à cause de la technologie mais pas le travail", assure François Lenglet, éditorialiste économique de RTL, dans sa chronique du jeudi 26 janvier.

Vers des emplois plus qualifiés

En mai 2016, un rapport des économistes de l’OCDE, cité par Benoît Hamon lors du dernier débat de la primaire, a indiqué que 9% des emplois en France, soit 2,44 millions de postes, présentent un "risque élevé de substitution" par des robots. Un constat nuancé par certains économistes, qui avancent toutefois que "selon certaines estimations, chaque emploi créé par le secteur de la haute technologie entraîne la création d’environ cinq emplois complémentaires". Néanmoins, l’OCDE ne veut pas sous-estimer pas l’impact de la révolution numérique et ajoute que près de 30% des travailleurs français devront affronter une modification de la nature de leur emploi. "Ces emplois seront réorganisés en profondeur et les travailleurs devront s’adapter aux changements", expliquent les économistes de l’Organisation.

Selon le président du Forum Économique mondial, Klaus Schwab, il devient impératif pour les États de préparer leur main-d’oeuvre aux bouleversements entraînés par la révolution numérique. "Sans une action urgente et ciblée dès aujourd’hui pour gérer cette transition à moyen terme et créer une main-d’oeuvre avec des compétences pour l’avenir, les gouvernements devront faire face à un chômage en hausse constante et à des inégalités", a-t-il signalé dans une interview aux Échos en janvier 2016.

Il s’agirait donc de former les populations moins qualifiées aux nouveaux emplois, qui existeraient donc bel et bien. Les emplois qui disparaissent sont ceux qui demandent le moins de qualification. C’est sur cette base que se fonde la théorie de la raréfaction de l’emploi et non pas du travail. C’est le parti pris par Manuel Valls, qui se définit comme le chantre de la société du travail. "Il va y avoir de nouveaux métiers, le travail va changer. (...) Nous devons accompagner ce mouvement. Il n’y a pas d’idéologie en économie", assurait-il lors de l’ultime débat de la primaire de la gauche.

Fin de l’article

Commentaires HD

Le mérite de cet article est de bien dissocier travail et emploi De sorte que le manque d’emplois n’implique pas forcément manque de travail. Comme l’indique l’article ci-dessus, l’usage des machines et des robotisation mécanisant le travail humain conduit à des destructions d’emplois mais peut s’accompagner parla création d’emplois nouveaux dans des secteurs connexes.

Concernant le travail numérique, nous avons montré dans un article précédent "La division internationale du travail numérique" (voir annexe 6) que les conditions de travail dans les différents secteurs du numérique étaient proches de celles du capitalisme du 19 ème siècle. Rien de nouveau sous le soleil, si j’ose dire, sur les conditions d’exploitation de la force de travail dans ce domaine.

Mais la création et la destruction d’emplois n’ont rien de naturels et ne résultent pas d’une sorte de déterminisme économique neutre et mécanique. Tout dépend de l’architecture non seulement économique mais politique de la société. Dans une société divisée en classes et où prévaut l’intérêt de la classe dominante et non pas l’intérêt général, la création et la destruction d’emplois obéissent principalement à des critères de rentabilité financière pour accroître le taux des entreprises. Nous ne reprendrons pas ici en détail nos explications concernant les vraies et fausses causes du chômage (voir annexe 4). Le chômage dit "structurel" n’a rien de naturel ou de fatal : il résulte du mode de fonctionnement d’un capitalisme financieriarisé. En réalité. ce que l’on appelle la raréfaction du travail n’est pas inéluctable ou définitive : elle résulte de l’absence ou de l’insuffisance d’investissement productif de la classe capitaliste dans l’économie réelle.

D’autre part, les gains de productivité engendrés par la mécanisation et l’automatisation, permettant de produire beaucoup plus de richesses dans le même temps, peuvent être répartis de deux manières : soit ils sont accaparés pour leur plus grande part par la classe capitaliste, soit ils sont répartis sur l’ensemble de la population active notamment salariée.

Dans le premier cas, il y a croissance du chômage et peu de progrès dans la diminution dans le temps de travai, dans le deuxième cas le travail et l’emploi sont répartis sur la totalité de la population active et alors le temps de travail se trouve d’autant diminué et il n’y a pas de " chômage technologique". On peut calculer qu’avec une juste répartition, le temps de travail hebdomadaire moyen serait de 26, 3 heures. On retrouve donc ici le thème central du partage des richesses produites.

Ainsi, en dernier ressort, il s’agit donc d’une décision politique. Un système politique contraignant ou incitant les capitalistes à investir dans la production plutôt que dans la spéculation financière, une juste répartition des gains de productivité, permettraient de rétablir le plein emploi qui existait avant la mise en œuvre du néolibéralisme vers les années 1975 en France.

Il est toujours possible lorsque l’on a la volonté politique et qu’on s’en donne les moyens économiques de compenser largement les destructions d’emplois dus à la mécanisation par des créations d’emplois dans d’autres secteurs : transition énergétique, agriculture biologique, développement de la recherche fondamentale et appliquée dans les différents domaines scientifiques, aides à la personne, etc.

La "raréfaction du travail" considérée comme un fait inéluctable et incontournable n’est rien d’autre qu’une fable qui ne peut être crédible que par la vision simpliste que ce serait la seule mécanisation des tâches qui serait responsable de la destruction d’emplois. Cette explication fétichiste porte parfois le nom de "chômage technologique". Cette incompréhension des causes profondes du chômage conduit à se soumettre, sans même s’en rendre compte, à l’ordre économique et politique existant et conduit aussi à trouver comme unique solution humaniste le fameux revenu universel de base dont nous explorerons l’idée dans un prochain article.

Même si l’on considère comme le MIT d’Oxford que 47 pour cent des métiers disparaîtront d’ici les 20 prochaines années, d’autres métiers apparaîtront. Même en adoptant le point de vue du sociologue Bernard Stiegler selon lequel la quasi-totalité des tâches physiques et mentales serait réalisée par des machines, il resterait un travail, Selon lui le vrai travail celui qui demande de la créativité, de l’inventivité, du savoir. Dans cette perspective où l’emploi est considéré comme du travail aliéné, : "L’emploi est mort, vive le travail ! ". À un tel stade de développement, il faudra alors imaginer selon lui un revenuuniversel dans un monde où la valeur pratique fondée sur le savoir et l’intelligence collective, remplacerait la valeur d’échange et la valeur d’usage. Ce revenu universel rémunérerait la contribution de chacun au bien commun. Pour plus de détails voir article "L’emploi est mort, vive le travail" en cliquant ici. Mais alors, nous ne se plus dans le cadre d’une économie capitaliste ni même de marché.

Rappelons que pour Karl Marx, la mécanisation a pour fonction de diminuer la valeur de la force de travail dans son exposé sur la plus-value relative. En expression monétaire, le salaire représentant en prix la valeur de la force de travail, a donc tendance à diminuer ou à stagner et c’est le rôle principal des luttes sociales de s’opposer à cette stagnation ou diminution. Le problème doit être aussi pensé dans un marché du travail mondialisé et pas seulement au niveau d’un pays.

Agir sur la répartition salaires/ profits dans la valeur ajoutée nationale (PIB) en faveur des salaires c’est donc agir contre les effets négatifs de la mécanisation . (voir annexe 5)

L’article précédent dissociait travail et emploi, le mérite de celui qui va suivre est de séparer la notion de travail et la notion de travail aliéné par le salariat

2 – Marx et le travail : acte créateur et instrument d’aliénation par François Vatin

Source : http://www.touteconomie.org/jeco/45...

L’auteur : François Vatin est professeur de sociologie à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense et chercheur au laboratoire IDHES . Il est spécialiste en sociologie du travail. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%...

Nul plus que Marx n’a mis en lumière les dispositifs d’exploitation et d’aliénation qui s’attachaient au travail. L’histoire est, pour lui, celle de la « lutte des classes », qui, tout au long des siècles, opposa les classes travailleuses et les classes dominantes, disposant de dispositifs juridiques, idéologiques, voire de force physique pour s’approprier le produit du travail des premières. Dans la société capitaliste moderne, l’institution qui permet à la classe dominante de s’approprier le produit de la classe travailleuse est, pour Marx, le salariat.

Il repose sur une mystification idéologique : celle d’un « libre » marché du travail, qui semble assurer un équilibre marchand entre les parties (l’employeur et l’employé), alors que le contrat est fondamentalement dissymétrique. Selon sa formule célèbre, l’ouvrier « qui a porté sa propre peau au marché », « ne peut plus s’attendre qu’à une chose : à être tanné ».

Dans les représentations, communes ou savantes (celles des économistes ou des sociologues), le travail est le plus souvent aujourd’hui assimilé au salariat. Il devient alors, selon la thématique développée par Hannah Arendt dans Conditions de l’homme moderne, abondamment reprise au cours de ces dernières vingt années, pure nécessité, pure aliénation. Pour le discours critique du travail, il s’agit d’un artefact social, d’un rapport social de domination, soutenu par une idéologie pernicieuse qui fait accroire à l’universalité historique d’une institution somme toute récente dans l’histoire de l’humanité, puisqu’elle ne prendrait son essor que dans les temps modernes, idéologiquement assise sur la Réforme, et finalement associée à la Révolution industrielle.

On nous annonça ainsi, dans les années 1990, la « fin du travail », la disparition d’une « valeur sociale », qui aurait fait son temps. Marx fut bien sûr mobilisé au profit d’une telle thèse : il nous aurait montré sans appel que le travail n’était qu’une construction artefactuelle masquant la marchandisation de l’homme lui‐même, dans un honteux marché de la sueur. Le retour de bâton idéologique devait s’ensuivre, incarné par la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 : la « valeur‐travail » était de retour. Les Français, enfin détrompés, devraient désormais « travailler plus pour gagner plus ». Or, au delà des soubresauts de la politique française, il importe de noter que Marx fut ici souvent mis à contribution à contresens. Jamais en effet, il n’a voulu assimiler le travail au salariat, ni même, plus généralement à l’aliénation ou à l’exploitation. En témoigne le plan du Capital et la place qu’y occupe, au début de la troisième section, celle‐là même où Marx va développer sa théorie de l’exploitation capitaliste, d’un développement sur le « procès de travail », où Marx définit le travail, dans une approche qui annonce l’anthropologie technique d’André Leroi‐Gourhan, comme « d’abord un procès qui se passe entre l’homme et la nature, un procès dans lequel l’homme règle et contrôle son métabolisme avec la nature par la médiation de sa propre action ». En témoigne aussi cette critique de Smith, « qui persiste à concevoir [le travail] uniquement comme sacrifice de repos, de liberté et de bonheur, et non pas également comme activité vitale normale ». La question n’est pas ici de redresser une interprétation erronée de Marx par certains, mais de voir en quoi la pensée de Marx nous est utile pour les débats présents. L’assimilation du travail au salariat produit en effet une double obscurité, puisqu’on ne peut plus dès lors comprendre, ni le travail, ni le salariat. A l’échelle de l’histoire, mais aussi de l’espace mondial, on ne peut assurément pas assimiler le travail au salariat, qui n’est à cet égard qu’un épiphénomène dans le temps long des sociétéshumaines. A cette échelle, ce qu’on appelle si improprement « le travail informel » doit être considéré comme le cas général et le salariat moderne comme l’exception. Mais il importe aussi de comprendre que, même dans les sociétés dominées par le travail salarié, le travail n’est pas réductible au salariat, c’est‐à‐dire à son aliénation marchande.

L’observation sociologique des situations de travail a à cet égard amplement démontré que le travail concret n’est jamais réductible à la représentation que peut s’en faire celui qui ordonne le travail au nom du droit de celui qui l’a « acheté », que le travail suppose toujours un investissement du travailleur dans sa propre projection de l’oeuvre à accomplir, un procès dans lequel, comme nous dit Marx « l’homme règle et contrôle son métabolisme avec la nature par la médiation de sa propre action ». Mais, avec l’automatisation et la tertiarisation, ce « procès de travail », cette figure de l’acte producteur est devenue de plus en plus difficile à saisir. On comprend alors la confusion qui s’est instaurée entre le travail et le salariat, ou entre le travail et l’emploi, de plus en plus réductible à la seule forme salariale. Le travail n’est plus ici défini que négativement, comme la contrepartie du salaire. Il est l’objet obscur dont la face visible est le versement d’un revenu, attaché d’une contrainte de présence et d’obéissance. Symétriquement, le travail est de même considéré comme l’instrument de l’intégration sociale, ce qui permet d’attribuer à chacun une place dans la société, prévenant des désordres nés de l’oisiveté. Le travail devient ainsi « valeur » ou « contre‐valeur » dans un débat stérile, puisque le soubassement de cette valeur n’est plus pensé.

Suivant Marx, nous pensons en revanche que le travail est d’abord un acte productif et que c’est ainsi qu’il faut d’abord le saisir. Ce n’est pas une valeur, une institution, ou un rapport social. Le travail n’a de la valeur que parce qu’il est réputé productif. C’est pourquoi il faut penser les modalités complexes par lesquelles il est aujourd’hui productif. A cet égard, les représentations de Marx, fondées sur les descriptions des premières grandes usines du XIXe siècle, ne sauraient nous suffire. Mais il n’est pas sans intérêt de noter qu’à rebours de bien des discours modernes, qui souvent s’appuient sur Marx, c’est le texte de Marx lui‐même qui nous invite à repenser le travail comme acte producteur.

Au‐delà d’un discours souvent très rhétorique sur la place du travail dans la société moderne, au‐delà de l’assimilation implicite ou explicite du travail au salariat, il nous faut rematérialiser la notion de travail pour penser les formes modernes de production et les institutions sociales qui l’encadrent. C’est comme cela, aussi, que l’on pourra comprendre les formes modernes de l’exploitation et de l’aliénation, mais également le succès de l’institution salariale, naguère honnie par les penseurs sociaux et souvent aujourd’hui considérée comme le fondement même de l’intégration sociale. Pour penser les institutions du travail et les conflits du travail, il faut, en somme, d’abord penser le travail lui‐même. Le retour à Marx nous le rappelle pertinemment.

François Vatin

3 – Textes de Marx sur le travail dans le Capital

Le Capital, I867, livre I, 3e section, chapitre 7, Garnier‑Flammarion, pp. I 39‑40 Marx définit ici la spécificité du travail humain.

Dans l’émission, "Les chemins de la philosophie" de France Culture, ce texte a fait l’objet d’une explication par une professeure de philosophie en vue d’une préparation à la dissertation au baccalauréat de philosophie.

Source : "Les chemins de la philosophie" du 6 février 2017. On peut écouter l’émission en cliquant sur le lien suivant :

https://www.franceculture.fr/emissi...

"Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature. L’homme y joue lui-même vis à vis de la nature le rôle d’une puissance naturelle. Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s’assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie. En même temps qu’il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent. Nous ne nous arrêterons pas à cet état primordial du travail où il n’a pas encore dépouillé son mode purement instinctif. Notre point de départ c’est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l’homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l’abeille confond par la structure de ses cellules de cire l’habilité de plus d’un architecte. Mais ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l’imagination du travailleur. Ce n’est pas qu’il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d’action, et auquel il doit subordonner sa volonté.

Et cette subordina­tion n’est pas momentanée. L’oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l’effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d’une tension constante de la volonté. Elle l’exige d’autant plus que, par son objet et son mode d’exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu’il se fait moins sentir à lui comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles, en un mot, qu’il est moins attrayant."

Le paragraphe en italique n’a pas été pris en compte dans l’émission.

Commentaire HD sur l’émission

Pas d’observations particulières sur les explications de l’enseignante en philosophie qui éclairent bien le texte. En revanche, en fin d’analyse, l’ouverture (le prolongement) proposée par la journaliste sur la "raréfaction du travail" ne me paraît pas être en continuité logique avec le texte qui traite de l’action de l’homme sur la nature par le travail avec sa spécificité intentionnelle est attentionnelle et imaginative.. Aucune utilité donc de faire référence à cette supposée raréfaction du travail sinon de populariser le thème de campagne électorale de Benoît Hamon et le revenu universel. Ce n’est donc pas par hasard qu’une illustration sonore de la thématique traitée a été un extrait d’un débat entre Valls et Hamon lors de la dernière primaire… (je cite) de gauche. J’ai été étonné que l’enseignante ne voit pas d’inconvénient à ce choix. La social-démocratie semble bien se porter à France Culture.

Une ouverture plus adaptée aurait été l’action de l’homme sur la nature dans le contexte du capitalisme technologique du 20–21ème siècle On aborderait alors la question des modifications majeures produites par l’homme sur l’environnement : pollutions diverses, changements climatiques et, du même coup, on aborderait l’action rétroactive de ces changements sur les individus : réfugiés climatiques, pollution alimentaire entraînant diverses maladies, etc. Cette ouverture serait d’autant plus justifiée que Marx dans le Capital aborde notamment la question des déchets. Voir le texte cité annexe 2 et consulter les notes 37 à 40.

Mais cette ouverture planétaire serait allée à la rencontre d’un thème de campagne d’un autre candidat : Jean-Luc Mélenchon qui a fait de l’écologie politique un thème central de sa philosophie politique, et ce, bien avant les élections présidentielles avec la charte de l’éco socialisme.

Annexes :

1 –Différents textes de grands philosophes sur le travail http://philonnet.free.fr/Marx.htm

2 –Le capitalisme, les animaux et la nature chez Marx Par Christiane Bailey Site : C φ / Concours philosophie http://www.concoursphilosopher.com/...

3 –Le monde merveilleux du revenu universel http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

4 – Chômage : connaître les vraies causes pour y remédier http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

5 – Au cœur de la stratégie économique de Jean-Luc Mélenchon : deux grandes répartitions à modifier. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

6 – La division internationale du travail numérique http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Hervé Debonrivage


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message